Cardiopathie ischémique, fraction d’éjection à 25%, gros anévrysme antérieur, le défibrillateur implantable ne se discute pas, sauf si…
Je suis un patient, médecin généraliste à la retraite, et marié à une infirmière (classique), pour une cardiopathie ischémique sévère. Chaque fois, j’ai droit à mes trois bouteilles d’un excellent muscat dont je ne profite malheureusement pas.
Je n’ai jamais pensé à lui parler du défibrillateur.
Hier, il m’en a parlé spontanément, en me précisant qu’il n’en voulait pas, pour des raisons « philosophiques ».
Son épouse nous a demandé ce que c’était, puis lui a aussitôt reproché de ne pas vouloir se faire implanter.
Il aurait été un patient « normal », j’aurais insisté, expliqué, ré-expliqué, marqué dans le dossier que sa décision était éclairée, bref, tout le tintoin pour ouvrir le parapluie en grand.
Mais là, comment avoir une attitude « médico-légale » avec un confrère qui connait parfaitement les tenants et les aboutissants de sa maladie?
Comment refuser à quelqu’un d’éclairé, éclairé dans un sens bien plus large et riche que le pauvre terme qu’il est devenu actuellement sous la plume de la technocratie médicale, la possibilité de mourir rapidement, proprement et sans souffrir?
Comment lui refuser une mort que je me souhaite?
Son épouse a tout résumé par cette phrase: « Dans la mort subite, seul l’entourage souffre ».
On s’est séparé en se disant à l’an prochain.
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