Papotages

Quand les patients papotent pendant la consultation et que vous avez le temps, c’est la fois bien et pas bien.

C’est bien car cela montre qu’ils ont confiance et que vous êtes accepté.

Mais ce n’est pas bien car si l’on n’y prend garde, c’est le début du commérage.

Un patient m’a raconté une histoire excellente ce matin. Malheureusement je ne peux décemment pas vous la raconter avant le décès du dernier descendant des deux protagonistes.

Le papotage, c’est donc presque aussi bien et pas bien que de suivre plusieurs personnes de la même famille, et ce, pour les mêmes raisons.

Dans tous les cas, c’est un apprentissage inestimable sur la nature humaine.


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« The Gossips »-Norman Rockwell-1948

Norman est le dernier de la troisième ligne, et le premier de la quatrième. Mary, son épouse d’alors est la seconde et la troisième de la troisième ligne. Tous les personnages sont des voisins du couple Rockwell.

Une rose, des épines.

La médecine est une incroyable ouverture sur les gens, toutes les petites histoires que vous lisez ça et là en sont un excellent exemple.

Dans l’immense majorité des cas, ce sont les patients qui nous touchent, nous amusent, nous instruisent, bref nous surprennent.

Mais parfois ce sont les autres médecins.

J’ai rencontré récemment à l’hôpital une future collègue de travail, une superbe plante exotique élevée en serre, qui espère bien coloniser les étendues semi arides de notre CHU, même si pour cela il faut grignoter les quelques massifs laborieusement formés par les espèces locales, qu’elle regarde de toute la hauteur de sa tige.

On peut voir la chose de deux façon, comme pour tout, d’ailleurs.

D’un côté, si sa floraison est belle abondante et tenace, ça n’en sera que mieux pour le CHU et in fine pour les patients.

De l’autre, les espèces locales ne déméritent pas (loin de là) dans un environnement très hostile. Elles ne produisent certes pas beaucoup, ce qui au CHU est en théorie une faute, mais elles sont bien adaptées au terrain et elles n’ont certainement pas donné tout leur potentiel.

La belle plante est particulièrement exotique et ambitieuse, mais il me semble qu’elle va avoir beaucoup de mal à s’adapter au climat local qu’elle ignore totalement, ce qui ne serait pas tellement grave si elle n’était pas persuadée que sa présence allait influer sur le cours des saisons et des forces telluriques qui bien qu’elles s’annulent n’en sont pas moins puissantes.

Après avoir humé la belle plante, je suis allé caresser affectueusement les petits massifs et je me suis assis sur un petit banc de pierre pour observer comment va se dérouler l’automne.


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