Spin Doctor

J’ai trouvé un article très intéressant dans theheart.org et un complément dans le BMJ au sujet des résultats préliminaires d’une étude menée notamment par une biostatisticienne française, le Dr Isabelle Boutron.

L’équipe s’est penchée sur la façon qu’ont les auteurs d’articles scientifiques médicaux de présenter leurs résultats en étudiant 72 essais randomisés négatifs, indexés dans PubMed en décembre 2006.

Malgré la négativité de ces essais, les auteurs ont mis en évidence un « spin » que je traduirais par l’expression « effet de manche » dans une bonne partie de ces papiers.

L' »effet de manche » est le fait de présenter et discuter les résultats de façon à convaincre le lecteur qu’un traitement expérimental est bénéfique, malgré une différence statistiquement non significative au niveau du critère principal de l’étude.

On retrouve un effet de manche dans le titre de l’article dans 18% des cas, 20% dans les résultats, 43% dans la discussion, 50% dans la conclusion. dans plus de 40% des cas, il y a un effet de manche dans au moins 2 des 3 sections du texte de l’article.

Pour les « abstracts », il semble que cela soit pire qualitativement.

J’ai hâte de lire la publication complète de cet article, j’ai donc créé un flux RSS sur le nom d’auteur « Isabelle Boutron » dans PubMed. Comme je suis gentil, vous pouvez le récupérer ici.

Bien entendu, le marketing fait des miracles ensuite pour positiver une étude négative.

L’exemple type de ce double effet de manche me semble être BEAUTIFUL avec l’ivabradine, dont j’ai déjà parlé à plusieurs reprises (ici, ici, ici, ici, ici, et ici -ouf!-).

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Shelley Wood. Spin not uncommon in negative RCTs, study shows. theheart.org. [Clinical Conditions > Clinical cardiology > Clinical cardiology]; Sep 14, 2009. Accessed at http://www.theheart.org/article/1002389.do on Sep 21, 2009

Mabel Chew. Researchers, like politicians, use « spin » in presenting their results, conference hears. BMJ 2009;339:b3779

Transmission de l’information médicale

Vacation hospitalière de cardiologie, premier patient, une échographie cardiaque.

Un beau courrier demande l’examen afin de vérifier l’absence de greffe bactérienne sur les valves d’un patient immunodéprimé après une infection extra cardiaque assez sévère.

Puis je lis la demande faite sur un bon d’examen complémentaire, même histoire, mais un signe clinique important y figure en plus: « souffle systolique non connu ».

Diable, ça devient intéressant, je me frotte les mains!

Puis je tombe sur le compte-rendu d’une échographie que j’avais faite à ce patient en avril 2009: sténose aortique serrée.

C’était donc un « souffle systolique non connu par ceux qui l’ignoraient« .

Je n’ai pas trouvé d’endocardite, mais ce bon vieux rétrécissement aortique, puis j’ai médité sur la transmission de l’information médicale au sein d’un même établissement.

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