Objet connecté, objet innovant?(5)

Comme je commence à avoir une petite série d’objets connectés, pas forcément innovants ni surtout pertinents, je vais les ranger sous l’étiquette  #connectésetinnovants.

Pour mémoire, j’ai dans ma besace (connectée):

En bonus, pour parler connecté et ne pas avoir l’air d’un badger, le dictionnaire des idées connectées reçues.

Sous vos yeux ébahis, voici le (feu) Juicero, le presse-agrumes connecté.

L’article des Echos résume très bien cette épopée de 16 mois et 120 millions de dollars, je ne vais donc pas paraphraser.

Hormis l’absence de barbe du CEO&Founder, Doug Evans, vous retrouverez dans cette histoire toutes les notions du Dictionnaire des idées connectées reçues. Les Echos ne le précisent pas, mais il y a une histoire poignante et une vision altruiste grandiose derrière la création de Juicero (source):

And then I moved into multimedia. And then there was crisis in my family. My mom died of cancer, my father died of heart disease, my brother developed Type 2 diabetes, atrial fibrillation, hypertension, and then had a stroke at 40. And for me, I was just terrified that I was next. And so I somewhat went cold cucumber and stopped eating processed food, refined food, meat, dairy and animal products, and I started eating plants. Fruit is easy to eat, vegetables are difficult. So I discovered juicing as a means of getting more servings of vegetables into my diet. And then I realized everything I was doing on the technology side was meaningless for me and I wanted to devote my life —

KS: Why was it meaningless?

It was just about making money. Like you’d get an account and you’d do a project and it was all like a quid quo pro. Get a scope, deliver the project, you’d get some accolades, but it was all about completing a task.

LG: You were on a treadmill.

I was on a treadmill. And I thought, « What can I do that can have the greatest impact on humanity, on human health? » And I met a woman and we decided we would create a business called Organic Avenue where you could go in and everything was going to be made out of fresh, ripe, raw organic fruits and vegetables.

J’ai lu une autre version du pitch: il a rencontré une fille vegan, qui l’a converti. Les deux histoires ne sont pas incompatibles. Le pitch ne dit pas que le couple a fondé une chaine de bars bios sur New-York qui a fait faillite peu après.

Le prix initial exorbitant de l’appareil  ($US 700, diminué à $US 400 quelques mois plus tard) est expliqué par sa conception très complexe, bien trop sophistiquée pour un simple presse-agrumes. Un ingénieur l’a disséqué et a laissé transparaître une réelle émotion pour cette extraordinaire pièce d’ingénierie dans cette excellente revue

But since that’s not the case, I’ll continue to admire my Juicero in this state of beauty…

La mise en place d’un réseau d’approvisionnement de fruits et légumes frais et bios, leur conditionnement, et leur acheminement ont fait monter le prix du verre à $US 10. Par ailleurs, l’absence de traitement des produits ne permettait de les livrer bien loin, tant la date limite de consommation était courte.

Cette date limite très rapprochée, et le risque de contamination des produits ont obligé les concepteurs de rajouter à leur presse-agrume un lecteur de QR code et une connexion wi-fi pour vérifier que les poches étaient consommables. Pas de wi-fi, pas de jus de fruit…

Même la vision très inspirée de Doug Evans sur les jus d’agrumes permettait difficilement de justifier un tel coût (source et source):

Ultimately, however, what makes Juicero so special is not quantifiable by conventional science, said Mr. Evans, the founder and chief executive. “Not all juice is equal,” he said. “How do you measure life force? How do you measure chi?”

(…)

Evans says the switch was like putting on glasses for the first time. But what exactly is it about raw food that makes him feel so good? « It’s eating things that still have a life force, » he says. « People can mock me when I talk about the Chi and life force and conventional science. When [conventional science is] looking at the nutrients, they’re measuring proteins and amino acids and Vitamin E. They’re not measuring vibrational energy. » I guess that’s why Juicero is staying away from health claims.

Si le Chi ou l’énergie vibratoire n’ont pas de prix, elles ont un coût…

Juicero était donc condamnée largement avant l’article dévastateur de Bloomberg.

Comment se relever d’un tel article alors que la start-up mettait constamment en avant la technologie avancée de son presse-agrumes, capable de lever 2 voitures Tesla, alors que l’on peut obtenir un résultat similaire, plus rapidement même, à la seule force des doigts? 

Bloomberg précise que les investisseurs qui ont injecté 120 millions de dollars dans Juicero ont été un peu perturbés par la vidéo. Je les imagine en effet un peu verts…

Après d’innombrables moqueries (ici et ici par exemple), Juicero a cessé toute activité le 01/09.

RIP petit objet connecté parti trop tôt.

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À la suite de la lecture de cette note, un confrère pompier m’a envoyé ce message que je reproduis avec son autorisation.:

Bonjour,

je suis médecin urgentiste chez les pompiers de Paris (juste pour situer que je me suis frotté au problème, aucunement pour prétendre être un expert!).
Je réagi à votre article sur les DSA connectés, pour vous apporter quelques points très importants, à mon sens. Précisons également que je n’ai aucun conflit d’intérêt dans ce domaine.
Il existe bien des intérêts à un DSA connecté:
1/ Dans la base de donnée que nous avons constituée (rétrospective, sur l’intégralité des ACR de notre secteur; non encore publiée ), 1/5 des DSA disponibles pour le public (qu’ils soient publics ou privés) qui sont apportés sur intervention avant l’arrivée des premiers secours, ne fonctionnent pas. En effet, il n’est absolument pas obligatoire d’avoir un contrat de maintenance. Les DSA non entrenus refusent donc d’analyse ou de choquer si l’autotest à l’allumage montre un défaut (rare) ou bien si l’impédance est trop élevée parce que les électrodes ont séchées (fréquent). Un DSA connecté qui s’autotest régulièrement et qui est cet possède en mémoire la date de péremption de ses électrodes permet donc de rappeler au propriétaire l’impérieuse nécessité de son entretien. L’argument est valable sur le plan scientifique, mais également humain: j’ai été plusieurs fois confronté à des témoins qui avaient massé, qui avaient apporté un DSA… et lorsque celui-ci refuse de fonctionner, c’est une frustration immense.
2/ Lorsque je suis à la coordination médicale des pompiers de Paris, lors d’un arrêt (sur voie public principalement, mais également à domicile lorsqu’il y a plusieurs témoins dont un masse) je cherche à faire ramener un DSA par les témoins. Pour cela j’utilise un logiciel proposé par une start-up « AEDMAP – Bon samaritain ». Ce logiciel permet la géolocalisation des témoins formés au secourisme et qui ont l’application « staying alive » sur leur smartphone. Il permet également de disposer d’une cartographie qui montre l’ensemble des DSA disponibles autour de l’intervention. Un grand défi est que cette cartographie reste à jour. Elle est tenue à jour par les utilisateurs de l’application; un peu aussi par les pompiers de Paris qui vont vérifier la présence des DSA…. mais c’est presque impossible d’avoir une carto à jour, sauf pour les DSA connectés, qui transmettent leur position et leur état de fonctionnement en temps réel. J’ai un enregistrement d’un couple de médecin qui interviennent pour un SDF en ACR: l’homme masse, la femme est guidée vers le DSA le plus proche (n’existe plus), vers le deuxième (voyant défectueux allumé), puis vers un troisième, qu’elle ramène avant l’arrivée des pompiers (moyenne de délai d’intervention = 7,5 min, donc parfois c’est long…)
3/ Nous avons conduit sur les DSA « professionnels » utilisés par nos secouristes (des Touch-7) une amélioration de l’algorithme qui permet de passer d’un temps d’analyse moyen de 13 secondes à un temps d’analyse qui va de 3 à 10 secondes. Les DSA connectés pourront un jour être mis à jour à distance et bénéficier des grands progrès des algorithmes dès leur validation. Une autre avancée des algorithme est la détection des FV pédiatriques, qui n’étaient pas toujours choqués jusqu’en 2016 (pente d’entrée en FV trop raide…).

Pour résumer: évidemment que le prix est un obstacle, mais mieux vaut 20 DSA géolcalisées par les secours, fonctionnels, et à jour, que 100 DSA qui ne présentent pas ces caractéristiques.

Enfin, je vous invite à devenir « bon samaritain » sur l’application stayling alive, si d’aventure un ACR survenait dans les 500 mètres lorsque vous serez dans le 75, 92, 93 ou 94 (le SDIS 69 n’a pas encore acheté l’appli en version pro).

Amicalement,

Un tensiomètre…connecté

A quoi sert un tensiomètre…connecté?

Après mûre réflexion, à rien.

Prenons par exemple le tensiomètre sans-fil Withings à 99.95€.

Bon, il est sobre et beau, et j’espère que pour le prix, il prend la tension de façon classe, confortable, douce, voluptueuse, fruitée, sensuelle, goûteuse, rythmée, corsée, soyeuse, aérée, raffinée…

Car j’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé ce que la connexion à son téléphone peut rajouter de plus par rapport à un tensiomètre non-connecté (vilain badger!).

Le suivi de la tension simplifié, tous les tensiomètres que je connais donnent des chiffres de tension de manière assez simple, genre 123/84. Plus simple, je vois pas.

Une information immédiatement disponible, tous les tensiomètre que je connais donnent des chiffres de tension immédiatement.

Toutes vos mesures en un coup d’œil. Là, Withings marque un point. En général, si les appareils d’auto-mesure ont un historique, il est limité. C’est là que je conseille à mes patients d’acheter un cahier d’écolier,  de tracer 2 colonnes, une pour la date, une pour la TA et de noter leurs tensions. Les plus geek sophistiqués (chez moi, c’est la campagne) viennent avec un graphe tiré d’un tableur Excel 97.

Hy-Result – Votre bilan tensionnel avancé. Pour 4.99€ supplémentaires, vous pourrez acquérir cette application que ses concepteurs (et leurs mères) pensent être utile afin d’optimiser la prise de tension. Admettons que ce machin soit utile, il est disponible gratuitement dans sa version web ici. 

Résumons, pour 99.95+4.99=104.94€, vous n’avez pas plus que ce que peut vous apporter:

  • un tensiomètre de bonne marque premier prix: 24.49€
  • un cahier d’écolier: 1.29€ (je ne compte pas la règle et le stylo) ou un tableur (Open office gratuit)
  • pour les grands torturés du risque cardio-vasculaire, le site web Hy-Result (gratuit)

Soit au total un budget de 25.78€.

Soit une diminution du prix relatif de 75.43% (moi aussi, je sais utiliser des diminutions relatives pour impressionner les lecteurs).

En absolu, 79.16€ de moins (ça fait pas mal, quand même, non?).

On peut faire pas mal de choses plus intelligentes (mais moins connectées) avec cette somme, non?

Dictionnaire des idées connectées reçues #hcsmeufr #FrenchTech #DisruptiveTechnology

Je vais poser là quelques définitions connectées, inspirées par mes lectures de ces dernières semaines.

col-rouleVous avez 20-30 ans, vous voulez appâter du capital-risqueur (ou plus modestement manger gratos à un colloque connecté), ce petit dictionnaire est fait pour vous.

  • Badgers. Usez et abusez de mots ou d’acronymes anglais. Comme je le dis toujours, le français, c’est pour les badgers.
  • Barbe. En ce moment, ne vous rasez surtout pas! Si vous utilisez un blaireau, c’est que vous en êtes un.
  • CEO&Founder. N’oubliez jamais, jamais, que vous êtes CEO&Founder de votre start-up, future-unicorn-française.
  • Comité scientifique. Engagez des cautions scientifiques, ça fait toujours bien. Mais ne faites pas comme Theranos, évitez quand même qu’elles se suicident (ça fait tache).
  • Commentaires (extatiques). Économisez du temps et de l’argent pour les commentaires des utilisateurs extatiques qui sont un passage obligé dans la promotion de votre machin: demandez à vos proches de témoigner sur votre site super cool (par exemple un mari ou un pote).
  • Connecté. Il faut que votre machin soit connecté, même si ça n’apporte rien. Le non-connecté, c’est pour les badgers (comme le français).
  • voutch(Merci Dominique)

  • Cool. Soyez cool. Pas de cravate, tutoiement délicieusement asservissant de rigueur, que des prénoms, employez des mots simples (en général, vous ne pourrez pas faire autrement…), cultivez la proximité avec le gogo client potentiel comme si c’était un vieux pote sympa.

  • e-grégarité. Adhérez à un think tank et collez le hashtag qu’il faut là où il faut. #hcsmeufr, c’est le mieux. Car même si vous vendez un verre d’eau tiède, ils vont tous vous considérer comme un des leurs, un pote, un frère, vous retweeter, vous inscrire sur une liste de FrenchTech-expert,  dire que votre verre d’eau tiède est  une innovation disruptive (si et seulement si il est connecté, quand même). N’oubliez jamais cet adage: c’est ceux qui vivent d’un concept, qui en parlent le mieux.

frenchtecheautiedetwitter

  • Gogos consentants. Tapez de l’argent de manière intelligente: Orange Healthcare, Axa, des labos pharmaceutiques qui-veulent-développer-leur-environement-numérique, des boites de matos connecté, les gogos de Ulule… Adressez-vous aux gens qui ont des sous en fonction du machin que vous proposez. Ils vous en donneront, et diront du bien de vous dans tous les colloques connectés qu’ils financent par leur présence (ou ils vous donneront/feront donner un prix pour l’innovation disruptive de l’année). Il faudrait être bien con pour ne pas promouvoir un truc, même inutile, dans lequel on a mis des billes.
  • Histoire (pitch). Écrivez une histoire (ou un pitch), si possible poignante (enfant, vous avez tenté de défibriller votre grand-mère, mais comme l’appareil n’était pas branché depuis des mois, ça a fait pchittt, ou vous vous êtes blessés en essayant de couper du beurre trop froid, ou encore que vous avez peur des aiguilles…) et un pitch cool mais subtilement effrayant quand même (100% des arrêts cardiaques surviennent sur le nycthémère, une blessure peut s’infecter avec des BHRe, si on ne dose pas tous les mois les PSA, vous allez mourir d’un cancer…). Dites que vous œuvrez pour le bien de l’humanité, ça produit toujours son effet. Au mieux, associez-vous à une grande Cause, une association de patients…
  • Hypocrisie. Dites plein de choses gentilles sur l’organisation des colloques connectés dans des interviews cool. On vous ré-invitera probablement l’année d’après pour voir où en est votre projet (ma pauvre dame, pas avancé d’une onde wi-fi, vous savez, les pouvoirs publics…).
  • Inertie. Critiquez l’inertie des pouvoirs publics et dites que Hollande est nul, c’est aussi consensuel que dire que l’eau ça mouille, et  vos auditeurs acquiesceront tous, l’air grave (et pénétré). Rajoutez que le retard de notre pays s’accroit dramatiquement par rapport à nos voisins européens. Idem que pour l’eau-ça-mouille, mais en plus vous chatouillez la fibre patriotique qui sommeille en nous tous. Inquiétez-vous de la future élection présidentielle, mais sans vous mouiller politiquement (dire que Hollande est nul est une constatation qui n’a plus rien de politique).
  • Innovation disruptive. Dites vous bien qu’une règle d’or du milieu connecté, notamment dans la santé, qui ne produit rien d’utile et se nourrit que par lui-même et pour lui-même est de clamer que toutes les initiatives (les vôtres bien sûr, mais aussi celles des autres) sont des innovations disruptives. Méditez le texte suivant, tout y est:

 

THE GAME

In Silicon Valley, every company has an origin story—a fable, often slightly embellished, that humanizes its mission for the purpose of winning over investors, the press, and, if it ever gets to that point, customers, too. These origin stories can provide a unique, and uniquely powerful, lubricant in the Valley. After all, while Silicon Valley is responsible for some truly astounding companies, its business dealings can also replicate one big confidence game in which entrepreneurs, venture capitalists, and the tech media pretend to vet one another while, in reality, functioning as cogs in a machine that is designed to not question anything—and buoy one another all along the way.

Petite illustration des deux points précédents: remplacez photo du bébé par colloque connecté ou objet connecté. Vous toucherez du doigt ce que je veux vous faire ressentir. 

(Il est donc bien cute ton colloque connecté/ton objet connecté! Celui qui ne dira pas cela sera immédiatement considéré comme un déviant par le milieu connecté)

  • Journaliste. Pour le plan média, ne contactez que
    • 1) des journalistes qui ne connaissent strictement rien au sujet (un spécialiste de la politique pour un concept de défibrillateur, par exemple).
    • 2) des journalistes qui s’y connaissent un peu mais qui ont peur de ne plus avoir accès à d’éventuels scoops si ils réfléchissent un tout petit peu plus qu’ils ne devraient.
    • 3) des journalistes accros aux ménages (et pas au ménage) et/ou (pas incompatible ) au ctrl C+ctrlV.
    • 4) des potes de beuverie.
  • bourdin6bourdin5(les)Premiers. Autre concept ultra fondamental: faites toujours croire que vous êtes les premiers. TOUJOURS. on est toujours les premiers quelque part/dans un domaine/à un temps donné. Ne soyez pas trop cons, arrangez vous pour mettre ça en avant! (genre: OM: à jamais les premiers!)  Un pitch qui ne commence pas par Nous développons le premier machin […] ne vaut même pas le salaire du stagiaire bénévole qui l’a tapé avec deux doigts en utilisant des mots anglais pour faire cool (avec des lettres accentuées). Trouvez toujours le bon adjectif à accoler au nom du machin pour dire sans trop mentir que c’est le premier. Exemple:

1)Nous développons le premier fil à couper le beurre (un journaliste un peu futé pourrait voir que c’est un tout petit peu exagéré).

2)Nous développons le premier fil à couper le beurre connecté (ça passera…comme dans du beurre).

  • Rêve. Vendez aux venture capitalists un rêve qui existe déjà depuis longtemps, par exemple le fil à couper le beurre (connecté). L’argent économisé dans la R&D passera dans la masse salariale de votre start-up, ou au grand maximum dans le design du machin si vous êtes perfectionniste.
  • Révolution. Dites bien à tous vos interlocuteurs, que ça y est, que nous sommes le matin du grand soir de la e-santé. Promis, juré craché, c’est pour ce soir, je sens que ça vient.

(Merci @cardionumerique)

  • Se faire acheter par Google. Ayez toujours à l’esprit ce qui reste l’objectif final de tout créateur de start-up: #sefaireacheterparGoogle (pas Nokia, c’est tout pourri). Vendre 3 défibrillateurs connectés (même pas encore au stade de prototype) à des gogos ne rapporte rien. Par contre, vendre ce concept à un géant de la technologie avide d’être le premier dans un domaine potentiellement bankable (même de loin) et c’est le jackpot! Champions du Monde!
  • Statistiques. Citez des statistiques. Collez des pourcentages à chaque phrase. Si vous avez un peu de fonds devant vous, commandez un sondage inepte à IPSOS (78% des français sont pour le progrès dans la santé, seulement 3% connaissent le quantified self. Donc… même un débile profond (un non connecté) comprendra qu’il faut développer ce truc, le quantified self). Si vous n’avez pas de fonds, piquez les stats sur les sites des types de #hcsmeufr, ils font pareil. Là aussi, pas de scrupules, analysez les stats comme Doctolib et Withings. Les stats, ça fait top scientifique et personne ne viendra vous dire qu’elles sont au mieux fractalement stupides.
  • Superlatifs. Usez et abusez d’adjectifs positifs, voire de superlatifs, comme Steve et Tim. Même si vous ne présentez qu’un verre d’eau tiède, il se doit d’être qualifié de révolutionnaire, de connecté, d’innovation disruptive, minimaliste zen et rassurant, inspirant, qu’il va changer le paradigme, qu’il va faire bouger les lignes, qu’il va faire diminuer la production de CO2, qu’il ne contient ni gluten ni produits animaux, ni hydrogène, ni oxygène (la bombe à hydrogène, et les oxydants c’est pas cool), qu’il est recyclable, qu’il va faire changer le Monde (comme la mayonnaise de l’autre), qu’il ressemble à une Box…
  • Think tank. Permet de faire briller un CV quand on fait partie d’un. Sert à réfléchir sur les applications potentielles énormes de la e-santé, et la pénurie de force de travail que cette dernière va engendrer quand enfin on la développera sérieusement en France (5.1 millions d’emplois potentiels).
  • ZéroScrupule. Plus c’est gros, plus ça passe. Je ne reviens pas sur la genèse sombre de ce mécanisme politique fondamental, mais ne doutez pas, ne tremblez pas, lâchez-vous et racontez n’importe quoi en bannissant tout atermoiement. Hésiter c’est échouer.