Les amoureuses

En passant en voiture devant une bouche de métro, j’ai remarqué un couple qui s’embrassait tendrement. Il y avait une grande blonde, les cheveux courts couleur paille et une petite brune. Deux filles qui se séparaient devant le métro, après un repas au McDo du coin, l’une tenant un ballon estampillé.

Ma file avançait doucement, j’ai donc regardé d’un peu plus près pour chercher lequel était le garçon.

Bah non, deux filles heureuses et ignorantes du monde qui les entourait.

Puis le feu est passé au vert.

J’ai trouvé cette scène inattendue mignonne.


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Robert Doisneau

le syncopologue

J’ai envoyé un patient un peu délicat passer un test d’inclinaison.

Un peu délicat, car il s’agit d’un deuxième avis demandé car il n’a plus confiance en son cardiologue traitant, qu’il a passé des bilans dans un peu toutes les cliniques de la ville et qu’il continue à faire des syncopes.

Je reçois un coup de fil de la part du médecin qui a fait passer ce test, habituellement un interne que l’on a puni. En tout cas c’était le cas à mon époque où on « tournait » sur un tableau pour s’acquitter de cette corvée.

La voix et le ton me font tout de suite penser à un agrégé, pas moins.

Il me dit qu’il ne faut pas en rester là pour ce patient, bien que le test soit positif, qu’il faut l’explorer plus avant…

Je lui fais alors la liste de tous les examens passés sur les deux dernières années, dont il n’avait semble-t-il pas la notion.

Il continue dans son truc en me faisant un petit topo sur les syncopes neuro-cardiogéniques.

A un moment, je n’ai pas pu me retenir, et je lui ai précisé que j’étais cardiologue et que je travaillais juste au dessus de son étage.

Il me dit qu’il le savait et me propose les services du service d’électrophysiologie pour faire l’exploration électrophysiologique.

Je le remercie très urbainement et lui dis que « si j’ai besoin de vos services pour gérer mon patient, je ne manquerai pas de penser très fort à vous« .

Après avoir raccroché, la première chose que je me suis dite, c’est « mais c’est qui ce connard qui veut m’apprendre mon métier« .

Certes, c’est plutôt une réaction primaire à la fois non confraternelle et non réfléchie, mais sur le coup, je n’ai pas trouvé plus élaboré.

J’ai appelé dans la foulée un copain assistant qui travaille dans le fameux service d’électrophysiologie pour en savoir plus sur mon interlocuteur.

En fait, le « connard » n’est pas, comme je l’avais pensé d’abord, un interne ayant pris la grosse tête, comme ça arrive très souvent dans la deuxième moitié de l’internat (pour moi, ça a commencé au premier choix), mais un médecin généraliste « qui ne fait que ça, et dont c’est le truc« ..

J’étais estomaqué.

Dans mon esprit, je me suis excusé platement auprès d’un confrère que j’avais gravement méjugé, sans le connaître.

Ce n’était donc pas un connard ni même un Monsieur connard (un agrégé qui a pris la grosse tête), mais tout simplement un monomaniaque de l’infime, en l’espèce un syncopologue.

Ce sont les plus graves, croyez-moi. Pas les syncopologues (quoique), mais ceux qui savent tout sur rien.

Le plus souvent, il ne faut pas leur enlever cela, leur connaissance du minuscule est souvent encyclopédique. Malheureusement, ils le savent et ils ne peuvent pas s’empêcher d’étaler leur savoir et vous faire un petit topo, pour vous remettre à niveau.

Ils ne sont donc pas méchants, juste un peu pénibles à écouter.

Par contre, ils font abstraction de tout ce qui n’est pas leur lubie: le malade et ses autres maladies, les confrères…

Et ça, ce n’est pas bien, surtout bien entendu en ce qui concerne le malade et ses autres maladies.

Le copain assistant m’a précisé que quand il a vu le patient, il a voulu le faire rentrer dans un protocole de recherche, lui faire passer une exploration et tout le tintouin…

Tout cela en faisant abstraction du contexte délicat d’un patient multi-exploré et en perte de confiance par rapport au corps médical.

Je reverrai tout cela avec le patient, et j’ai convenu avec le copain assistant de le lui adresser pour la poursuite de la prise en charge.


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