Quelle est la durée de vie d’un lien d’intérêt?

Je me suis récemment demandé quelle était la durée de vie d’un lien d’intérêt.

Prenons un exemple.

Á partir de quand un médecin, qui a été orateur pour un labo commercialisant un anti-diabétique peut ne plus mentionner ce lien d’intérêt dans un article où il intervient pour commenter un essai thérapeutique financé par ce même labo?

Un mois? Six mois? Un an? Un an et demi? Deux ans?

Je n’ai pas trouvé de réponse dans les textes de loi.

Je me suis donc tourné vers les formulaires de dpi de l’ANSM/HAS et de l’ICMJE.

Pour l’ANSM/HAS, les choses sont claires:

Rédaction d’articles et interventions dans des congrès, conférences, colloques, réunions publiques diverses ou formations organisés ou soutenus financièrement par des entreprises ou organismes privés entrant dans le champ de compétence de l’ANSM

– Actuellement et au cours des 5 années précédentes

– Les interventions sont à déclarer dans la mesure où les frais de déplacement/hébergement sont pris en charge et/ou rémunérées. S’il n’y a pas de prise en charge, ni rémunération, elles sont exclues de la déclaration

Pour l’ICMJE, les choses sont claires aussi:

Report all sources of revenue paid (or promised to be paid) directly to you or your institution on your behalf over the 36 months prior to
submission of the work. This should include all monies from sources with relevance to the submitted work, not just monies from the
entity that sponsored the research. Please note that your interactions with the work’s sponsor that are outside the submitted work
should also be listed here. If there is any question, it is usually better to disclose a relationship than not to do so.

Le délai à observer pour qu’un lien d’intérêt ne soit plus significatif est donc de 5 ans pour l’ANSM/HAS et de 36 mois pour l’ICMJE.

Ce serait bien que les choses soient aussi claires dans les dpi publiées dans la presse médicale.

4 Replies to “Quelle est la durée de vie d’un lien d’intérêt?”

  1. Bonjour,
    Cette question est liée à ce que j’appelle la doctrine Bruno Lina : « Trop de corruption tue la corruption. » Selon cette théorie, plus on accepte de l’argent ou des faveurs ou des temps de parole de nombreux laboratoires plus on finit par oublier d’où cela vient et donc moins on peut favoriser tel sponsor ou tel autre. L’industrie pharmaceutique est consciente de ce fait : elle craint en effet, d’un strict point de vue marketing, qu’un intervenant mange à tous les râteliers, ce qui pourrait le conduire à dire du bien d’un concurrent. Mais d’autres marketeurs pensent le contraire : un médecin exclusif propagateur de la bonne parole pour un laboratoire exclusivement est moins crédible que s’il est embauché par plusieurs firmes.
    Pour en revenir au propos principal de la durée de vie d’un lien d’intérêt il paraît clair qu’il faut fixer une limite mais il est tout aussi clair que les liens inconscients, quel que soit le degré de résiliance, sont incontrôlables.
    Il vaut mieux résister.
    La résistance est difficile car le corrupteur, comme dans la fable, vit aux dépens de celui qui l’écoute.
    Bonne journée.

  2. Chez nous on se base sur le modèle de DLI de l’OGDPC, qui demande de déclarer les liens d’intérêt des 5 dernières années. Il faut bien choisir « quelque chose », j’imagine. Mais j’ai effectivement tendance, quitte à avoir des experts avec liens d’intérêt, à ce qu’ils en aient beaucoup avec plein de labos différents.
    Tu es déjà allé sur https://www.transparence.sante.gouv.fr/ ? Idem, la recherche remonte au plus loin à 5 ans. Dans le cas de cette base de donnée, je trouve dommage qu’on ne puisse pas remonter plus loin. Comme dit Docdu16 au-dessus, les liens inconscients n’ont pas vraiment de péremption.

  3. Ah… La théorie comme quoi avoir plein de liens d’intérêts différents protégerait contre les conflits d’intérêts (« et d’ailleurs, ma bonne dame, un expert qui n’a aucun lien d’intérêt, c’est un expert qui n’y connait rien »)…
    Certes, un spécialiste de l’hypertension qui a des liens d’intérêt avec tous les fabricants d’antihypertenseurs ne va peut-être pas en privilégier un… Mais il y a de fortes chances pour qu’il fasse la promotion du traitement médicamenteux en général, du traitement des « préhypertendus », de l’abaissement des seuils décisionnels. Et qu’il ait tendance à majorer les bénéfices du traitement et à minimiser les effets indésirables…

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