Un patient m’a rapporté une histoire qui m’a semblé tellement extraordinaire que j’avais de l’appréhension à vous la raconter, de peur qu’elle ne soit unique, donc identifiable.
Mais mon néphro préféré a levé mes craintes en me disant que ces situations étaient « classiques ».
Donc voilà mon histoire:
Il était une fois un jeune patient qui se morfondait en dialyse depuis plusieurs années, car il était EBV-, et que la majorité de la population est EBV+.
Qui trop embrasse mal étreint, mais qui pas assez embrasse reste EBV-, lui avait pourtant maintes fois répété sa brave femme de mère.
Or, les transplanteurs n’aiment pas du tout (mais certains le font) transplanter un greffon EBV+ à un patient EBV-. En effet, l’activation ou la réactivation précoce d’un EBV peut induire une MNI très sévère, ou un risque de transformation lymphomateuse du fait des immunosuppresseurs.
Les saisons passaient et malgré tout son courage, notre patient perdait espoir.
Un soir, une bonne fée infirmière vint se pencher sur son appareil de dialyse, et lui tint ce discours: jeune patient, ma fille de 12 ans a actuellement une MNI, passe donc à la maison boire l’apéro, et peut-être que ton souhait le plus cher sera exaucé!
Il arriva à la maison de la bonne fée infirmière qui l’accueillit avec douceur: Preux patient, porte hardiment à tes lèvres la coupe de Fanta de ma fille qui fait la larve sur le canapé depuis le début de son affection et tu te sero-convertiras!
C’est ce qu’il fit sans crainte, et ce qui devait arriver arriva, il devint EBV+.
Il fit aussi la larve sur le canapé, mais après quelque temps, il fut récompensé de ses efforts par un beau greffon tout neuf.
Il s’aimèrent très fort et firent beaucoup pipi.
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Lim WH, Russ GR, Coates PT. Review of Epstein-Barr virus and post-transplant lymphoproliferative disorder post-solid organ transplantation. Nephrology (Carlton). 2006 Aug;11(4):355-66.
Quel joli conte de fée !
Et il ouvrit un troquet avec de beaux urinoirs et il l’appela : Epstein Bar.
ahahahaha!!!! (sorry JM c’est pas ultra constructif comme commentaire mais Docteur V me fait rigoler 🙂
Hahahaha, pareil que Gélule !
(Jolie histoire, d’autant que j’ai cru qu’elle allait nous passer sous le nez…)
😉
« Epstein Bar », ça en jette pas mal, mais ça laisse un doute désagréable sur la propreté des verres!
Ah ah ah ! Comme Gélule et Dr Couine ! T’es sûr que ce n’était pas de l’orangina rouge à la place du Fanta !?
Belle histoire mais il y a donc d’autres situations similaires ?
Pourquoi de l’orangina rouge?
Parce-que?!
Oh que oui, la course à l’EBV pour être plus tourne parfois à la folie furieuse chez certains dialysés…
La chute est très amusante. Ç’eut été chouette d’avoir la définition d’EBV entre parenthèse.
Pardon, je me suis mangé sur le lien hypertexte!
C’est corrigé…
C’ était pas une coupe de Fanta mais bien un calice…
excellent! je connaissais déjà les gouters varicelle,en route pour les boums MNI
C’est marrant les réactions, je n’aurai jamais pensé faire une note sur ça tant ces conduites sont banales chez les patients EBV- une fois qu’on leur a expliqué le pourquoi du comment. Comme quoi, le recul permet de voir l’originalité.
Très jolie note.
Ah ! Ça fait des mois que je cherchais à retrouver cette histoire de transplantation et de mononucléose. Je ne trouvais pas car il n’y avait pas écrit « mononucléose » ni « rein ». Et en plus je cherchais naïvement sur le blog de ton néphrologue préféré. 😉
Bref, j’ai bien aimé cette histoire, j’ai appris quelque chose et je m’en souviens encore longtemps après. Merci.