Puissance…

Ah oui, j’ai failli oublier une histoire assez drôle qui m’est arrivée la semaine dernière.

Mon meilleur copain, cardio, m’appelle. Je ne peux pas répondre.

Je le rappelle un peu après et je lui demande ce qu’il voulait.

« J’avais une question, mais tu y as répondu sans décrocher

– ???

– C’était sur le nouveau Previscan®.

– et alors?

– j’ai tapé « nouveau previscan » sur Google, ton blog est arrivé dans les premiers et j’ai trouvé la réponse sur ta note.

– Puissance!

-Puissaaaaance!! »

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En fait, plus que de la puissance, c’est le PageRank à 4 de Grange Blanche qui permet ça.

Le lien medespace dirige vers un communiqué issu de toute évidence directement du laboratoire qui commercialise l’anticoagulant, le lien impact-santé (disponible en cache pour les non abonnés 😉 ) est un petit peu plus indirect, et moins informatif.

En dehors du fait que ça m’a fait plaisir, cette anecdote rebondit sur ma « note anniversaire » et m’a confirmé une perspective sur les enjeux de la communication sur les produits de santé (je suis encore très naïf).

Bravo!!

Ça y est, le site de la « Fédération des Spécialités Médicales » (FSM) vient d’obtenir le 27 janvier son certificat HON.

Son authenticité est garantie par cette page, et le plugin HON de Firefox:

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Bon, ils sont encore un peu timides, ils n’osent pas arborer fièrement le sceau HON sur leur site:

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Mais ça ne devrait pas tarder.

Maintenant, vous avez le droit de le faire!

Faites-vous plaisir!

Je tiens donc à leur faire part de toutes mes félicitations constructives transversales et subsidiaires pour la vitrine fédérative certifiée de leurs registres multidisciplinaires au service de la méthodologie et de la qualité des pratiques professionnelles.

En un mot, bravo!



°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°

J’y ai fait allusion dans un commentaire, mais pour que les choses soient bien claires, un des co-concepteur du site de la FSM, un distingué confrère cardiologue d’ailleurs, m’a confirmé que cette lamentable mais très drôle histoire de faux certificat HON n’est due qu’à l’initiative malheureuse d’un lampiste de l’équipe de la plateforme technique.

Ce n’est donc pas une fraude, mais la simple méconnaissance profonde d’une procédure de certification HAS.



°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°

Mise à jour du 03/02/2010: ça y est, le logo HON a été rajouté sur le site de la FSM:

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Pour mémoire, çi-dessous, une copie d’écran du 28/12/2009 qui montre le faux certificat HON qui a orné un moment le site de la FSM:

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On s’y tromperait, non?

Le marché de l’occasion se porte bien (2)

Le LEEM vient d’annoncer sur Twitter la parution de son « Bilan annuel des avancées thérapeutiques » pour  2010.

Pour ceux qui ne savent pas, « Ce bilan fait l’inventaire des avancées thérapeutiques de l’année écoulée à partir des produits ayant obtenu une ASMR allant de I à IV, attribué par la Commission de la Transparence de la Haute Autorité de Santé ».

Christian Lajoux, le président du LEEM est satisfait de ce bilan:

«Ce bilan 2009 montre que l’innovation thérapeutique n’est pas tarie. Il paraît même supérieur à celui de l’année précédente, surtout si l’on prend en compte la diversité des aires thérapeutiques concernées. Mais il n’explose pas à la hauteur de la somme des connaissances aujourd’hui à notre disposition. Ce décalage montre bien la nécessité d’une véritable transformation de notre modèle de recherche et de développement, la pluridisciplinarité et les multi partenariats en étant des éléments clés»

Et en effet, selon les chiffres du LEEM, on observe une amélioration de l’innovation thérapeutique puisque 42 innovations ont été recensées en 2009 contre 31 en 2008, année noire:

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(Source LEEM)

Je me suis permis de faire une petite infographie:

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En ordonnée le nombre d’innovations thérapeutiques par an, en abscisse le temps.

On remarque qu’en 2009 près de 32 innovations sur 42, soit 76% n’apportent qu’une amélioration modeste (ASMR III) ou mineure (ASMR IV) par rapport aux molécules de référence, pardon, aux « médicaments d’occasion » selon la terminologie de Christian Lajoux.

J’ai jeté un coup d’œil sur ces 42 innovations et j’ai eu quelques surprises.

Le GLIVEC®, page 5 est un « médicament d’occasion » puisque sa première AMM date du 7 novembre 2001.

Est-ce qu’une extension d’AMM peut être considérée comme une innovation thérapeutique?

Question difficile, j’ai du mal à trancher.

L’ACTILYSE®, page 31 est aussi un médicament d’occasion car son AMM date de janvier 2003.

Le REMICADE®, page 37 aussi. Première AMM le 13 août 1999, sacrée innovation!

Plus problématique, page 17,  trois dosages différents du PREZISTA® ( 300 mg adulte, 400 mg adulte et les trois formes pédiatriques) sont comptées comme 3 innovations distinctes. Enfin, last but not least, le PREZISTA® 300 a obtenu sa première AMM en février 2007

Le LEEM a appliqué la règle simple « 1 AMM (ou 1 extension)= 1 innovation ».

Mais là, c’est un peu abuser, non?

Page 25, on trouve une « procédure diagnostique », qui n’a rien de thérapeutique en elle-même.

Mon inculture m’en fait probablement oublier d’autres

Bref, si on considère la définition restrictive selon laquelle une innovation thérapeutique est un nouveau médicament, on peut considérer qu’il y a bien moins que 42 innovations en 2009.

Si l’on considère qu’une innovation thérapeutique est un nouveau médicament, une dosage différent d’une même molécule avec la même galénique, ou une extension d’AMM d’un « médicament d’occasion », alors oui, il y en a bien eu 42 en 2009.

Dans 76%, ces innovations sont modestes ou mineures.

Le marché de l’occasion se porte en effet très bien…

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Bilan annuel des avancées thérapeutiques 2009 des entreprises du Médicament. Dossier de presse. 26/01/2010




Note anniversaire.

Il y a exactement 5 ans, à la même heure, je publiais la première note de Grange Blanche:


« J0…. ou j1 de mon blog (quel serait le meilleur terme ?)

Tout d’abord pourquoi?

Primo: parce que j’ai du temps, et que je n’ai rien à faire de plus intéressant que de le passer devant le net… (bof, pas très reluisant comme explication)

Secundo: parce que le net est un moyen fantastique de partager ses impressions et sentiments avec de parfaits inconnus. Un confessionnal géant en sorte!

Tertio: parce que le blog des enfants rouges m’a touché (http://les-enfants-rouges.hautetfort.com/).

L’auteur est une externe en psychiatrie qui raconte avec beaucoup de sensibilité sa vie intime et professionnelle.

J’y ai retrouvé avec plaisir toutes les petites histoires d’Hôpital qui font le charme des études de médecine.
So, why not me… »


C’était donc il y a bien longtemps car à l’époque, de toute évidence, je ne savais pas créer de lien hypertexte. Par ailleurs, le blog des enfants rouges s’est malheureusement tu et mes motivations ont bien changé.

En 5 ans, Grange Blanche s’est largement « professionnalisé » car mes histoires personnelles ou d’hôpital n’occupent plus qu’une part très marginale de ce que j’écris actuellement. Je crois que j’ai tiré tout le bénéfice que je pouvais attendre d’un « confessionnal géant« .

Finalement, ce blog a suivi l’évolution un peu générale des autres, notamment des blogs santé.

Il y a 5 ans, des individualités, professionnels de santé, racontaient leurs petites histoires personnelles en relation avec le vécu de leur métier. Ces blogs étaient et heureusement sont encore d’extraordinaires belvédères sur la pratique au quotidien de nos métiers. Chaque note rajoute un point supplémentaire d’un immense paysage à la Seurat.

Puis certains d’entre nous ont choisi de faire passer de l’information, le plus souvent avec un œil professionnel, pragmatique, critique et indépendant, loin de toute influence. Certains blogs ont permis une certaine diffusion de ce courant indépendant de pensée, qui était jusque là parcellaire et restreint. Je crois surtout qu’ils ont permis aux individus isolés qui ne se reconnaissaient pas dans la norme qu’est la formation médicale partiellement sous influence de l’industrie, de se découvrir, d’apprendre et de se soutenir mutuellement. C’est très loin d’être un mouvement de masse, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières.

Notre tout petit cercle de blogueurs s’est ensuite considérablement élargi et enrichi.  L’apparition de nouveaux blogs a pour l’instant toujours compensé en quantité, souvent en qualité, la disparition parfois rapide d’autres plus anciens. A peu près au même moment sont apparus des blogs écrits à plusieurs mains, ce qui n’était pas du tout dans la philosophie initiale très personnelle, voire intime des blogs.  Mais qu’importe, les dogmes et les habitudes sont faits pour être dépassés, et la qualité de certains de ces blogs pluriels le confirment avec éclat.

Autre chose très agréable, depuis tout ce temps, je ne me souviens pas avoir assisté ni même entendu parler d’une bataille de chiffonniers entre nous telle qu’il s’en produit presque chaque semaine dans d’autres domaines, notamment les blogs technologiques ou politiques.

La diversité de la blogosphère médicale francophone participe pour beaucoup à sa force et son intérêt.

Puis, assez récemment, sont apparus quelques marchands du Temple qui essayent de faire leur trou dans la publicité rédactionnelle de santé et le copier/coller de dépêches, de dossiers de presse ou de résumés d’articles scientifiques. Difficile de prédire leur avenir, car le paradoxe est que leur politique éditoriale tue justement ce qui fait le caractère unique et attractif des blogs, c’est à dire une véritable expertise liée à la pratique quotidienne, l’indépendance et la liberté de ton, voire l’irrévérence. Mais surtout, qui veut, hormis les annonceurs leurrés par l’étiquette « 2.0  » et la recherche du moindre coût, de la copie numérique d’une presse médicale influencée et agonisante ? Malheureusement, cette interrogation est bien naïve car médiocrité n’est pas synonyme d’échec.

Je suis resté bloqué au second stade, bien que j’ai envisagé un moment l’écriture à plusieurs mains. Cette professionnalisation m’a permis de dépasser mon appréhension initiale bien naturelle, étant donné l’existence des Skyblogs, de dire que je tenais un blog, et m’a même permis de me passer de pseudonyme.

D’ailleurs, petite aparté, c’est très agréable d’écrire sous son nom.

Même si ce choix m’ôte vraisemblablement la possibilité d’écrire des notes sur des patients précis.

Actuellement, après un peu plus de 2000 notes et un peu moins de 7900 commentaires, je vois Grange Blanche comme un outil pour faire passer de l’information brute mais aussi  mon petit grain de sel, avec un enrobage musical ou littéraire, qui, je l’espère, rend la pilule moins amère.

Je différencie bien l’information en elle-même et mes remarques, mais elles me semblent indissociables.

L’information brute est disponible via les références que je ne manque jamais de rajouter à mes notes. Tout un chacun, avec sa propre culture, son propre vécu, peut ainsi lire les articles de référence et se faire sa propre idée, comme j’ai pu le faire moi-même. A cela, je rajoute mon grain de sel en vous livrant mon analyse. Je n’ai bien entendu pas la prétention de penser que mon analyse est unique, incontournable, ni même correcte. Mais, le plus souvent, ce petit grain de sel catalyse une discussion dans les commentaires qui apporte une plus-value immense à la note nue.

 Je vois ce blog comme une table sous les glycines de la pergola, devant ma maison, un paisible soir d’été (pure image, je n’ai ni glycine ni pergola devant chez moi). Le portail du jardin est ouvert. Quiconque de bonne volonté se promenant dans la rue peut rentrer, s’asseoir à table, échanger et repartir librement. Rien ne lui sera demandé ou imposé.

La vraie valeur de Grange Blanche est donc son rôle de catalyseur.

Et ce d’autant plus que je continue à alimenter cette liste qui permet l’accès à maintenant un peu plus de 200 blogs de santé.

J’espère que de votre point de vue vous prenez du plaisir à lire et à commenter sur ce blog. J’espère aussi qu’il vous apporte parfois des informations utiles. J’espère surtout qu’il aiguise votre sens critique en vous amenant à prendre position.

De mon côté, Grange Blanche m’apporte toujours au-delà de ce que je peux imaginer. Et pourtant, j’ai l’espérance florissante.

J’en ai déjà parlé par exemple ici. Je me souviens aussi de ce cadeau qui me fait toujours autant chaud au cœur, de l’incroyable pinacothèque virtuelle que m’a fait partager un très sympathique lecteur, des innombrables lectures découvertes via des commentaires, de nombreuses rencontres, une opportunité professionnelle fantastique…

Chose difficilement concevable, mais c’est un fait, ma vie réelle ne serait pas ce qu’elle est maintenant si je n’avais pas créé Grange Blanche il y a 5 ans. Les rencontres virtuelles ou réelles induites par ce blog m’ont ouvert l’esprit au contact de personnes totalement différentes de moi. Par ailleurs, je pense, j’espère, être devenu « meilleur » car je lis bien plus d’articles scientifiques qu’avant, notamment au cours de mon assistanat. Je me sers de Grange Blanche comme d’un réservoir de références, qu’en plus je prends du plaisir à alimenter. Écrire au quotidien m’a appris à rationaliser, à ordonner ma pensée, à éliminer les scories comme aurait dit Mitterrand (référence inattendue ici, n’est-ce pas?). Enfin, last but not least ( 😉 ), cet exercice m’a permis de redécouvrir notre langue.

Faire partie, même à l’échelle nanométrique, de la révolution numérique m’a aussi permis de profiter de ce progrès formidable.

Je crois que depuis l’invention de l’imprimerie, jamais une évolution technique ne s’est autant mise au service de la connaissance. La révolution internet a permis une révolution culturelle fascinante, la mutualisation de la création et de la diffusion de la connaissance.

Je n’arrive même plus à envisager ce que pouvait être la recherche d’informations médicales avant l’accès aux sites internet des revues médicales, la recherche via les moteurs de recherche, l’établissement de veilles documentaires spécifiques, peut-être bientôt la mutualisation des connaissances médicales.

Pour ma thèse, en 2002, sur 80 références, j’ai dû en chercher 2 anciennes à la BU. J’y ai perdu mon après-midi.

Sans Grange Blanche, j’en serais peut-être aussi resté à surveiller l’arrivée des sommaires des revues sur ma messagerie, voire des journaux papiers dans ma boite postale.

Pour finir, je ne ferai que mentionner le plaisir que j’ai à lire quotidiennement les notes de mes confrères blogueurs.

L’avenir?


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Calvin & Hobbes. Bill Waterson.

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