Lei Feng a été et est encore une icône pour des millions, des milliards de chinois.
Tous les 5 mars, depuis bientôt 47 ans, on fête le « jour de Lei Feng » en Chine.
Qui était Lei Feng?
Bon en fait, ne comptez pas sur moi pour répondre à cette question alléchante, car personne ne le sait vraiment.
Certains doutent même de son existence.
Né pour l’état civil le 18 décembre 1940 et mort le 15 août 1962, il est né pour la postérité le 5 mars 1963 par la seule volonté de Mao.
Vous remarquerez que ce n’est pas sa naissance effective que l’on fête…
Son visage a été représenté dans d’innombrables affiches de propagande (ici, toujours l’excellente collection de Stefan Landsberger), et sa vie retracée dans de nombreux films.
Ce soldat obscur de l’Armée Populaire de Libération a personnifié l’image du communiste chinois idéal, dévoué à son prochain, au parti et à Mao.
Un de ses aphorismes, écrit sur son journal intime était:
« Être une vis qui ne rouille pas. Une vis n’attire pas l’attention, mais une machine sans vis ne fonctionne pas. »
Un autre aphorisme, tracé sur un exemplaire des « Oeuvres Choisies » du président Mao:
« Chaque jour, étudier les oeuvres du Président Mao.
Obéir au Président Mao.
Agir selon les instructions du Président Mao.
Être un bon combattant du Président Mao »
Une ré-interprétation du mythe par Yue Minjun.
Avec un tel viatique, pas de gros problème de conscience.
Pourtant, obscur, il l’a été, puisqu’il n’a rien fait ni écrit d’héroïque et il est mort à 22 ans d’un accident stupide (écrasé par un poteau téléphonique renversé par le camion dans lequel il se trouvait) loin de tout champ de bataille, ce qui est la honte totale pour tout soldat qui se respecte.
Mais il a rendu service au quotidien, en aidant des vieilles dames aux pieds bandés à traverser la rue, en reprisant inlassablement les chaussettes de ses camarades de chambrée…
C’est justement ce qui l’a fait choisir (ou créer) par Mao en préparation de ce qui allait être la révolution culturelle, grand coup de balais donné par les militants de base, et dirigé contre les cadres du Parti.
Malheureusement, je n’ai pas trouvé de longs extraits, même en anglais, de son journal intime qui doit être, je le présume, somptueusement édifiant.
Il semble quand même qu’il ait eu une vie sentimentale, comme parait l’indiquer cette dédicace, petite, mais torride écrite à Wang Peilin, une demoiselle de quatre ans son aînée:
« Wang Peilin, tu es une fille loyale du Parti. J’espère que les fleurs parfumées de ta jeunesse embaument comme une fleur de la mère patrie. Une grande obstination réalise les grands idéaux. Puisses-tu devenir un vrai soldat dans notre travail commun. »
(la traduction est de moi, donc sujette à caution)
Alors, à votre avis, il l’a baisée, oui ou non?
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L‘article de Wikipedia sur Lei Feng.