J’ai appris cette expression en lisant la note que Daniel Carlat consacre à un médecin qui a quitté le Brigham and Women’s Hospital pour pouvoir continuer à percevoir les revenus (conséquents) versés par l’industrie pharmaceutique. Les nouvelles règles instaurées par Harvard rendent en effet incompatibles le fait d’enseigner dans cette Faculté et d’être rétribué par l’industrie.
Le Boston Globe y a consacré un article disponible ici.
La traque des conflits d’intérêts s’intensifient de l’autre côté de l’Atlantique, et c’est tant mieux.
Chez nous?
C’est comme le nuage de Tchernobyl, ils se sont arrêtés devant la guérite de nos douaniers.
Maintenant, si j’aime beaucoup Daniel Carlat et si sa note m’a fait rire, notamment quand il a tenté de contacter l’institut qui semble se limiter au praticien et à son épouse, ne va-t-il pas un peu trop loin?
De même pour la remarque de Steve Nissen dans le Boston Globe qui trouve cette histoire « choquante ».
Que reprocher à ce médecin qui se gave de sauce gravy depuis des années dans le cadre fiscal d’une société à but non lucratif, et qui a preféré continuer à se gaver qu’enseigner dans une Faculté prestigieuse?
Jusqu’à il y a peu, il en avait parfaitement le droit, et c’est cela qui est profondémment choquant.
Ce qui est choquant, c’est la cécité plus ou moins volontaire d’un peu tout le monde qui a permis et permet de tels agissements.
Ce qui est choquant, c’est la stigmatisation d’un homme qui n’a fait que profiter d’un système permissif.
Je crois que ce praticien doit être cité en exemple pour montrer à quel point les conflits d’intérêts peuvent aller loin et pour accélérer l’assainissement du système, mais je ne pense pas qu’il faut en faire un bouc émissaire.
Je ne pense pas qu’il fallait déranger Hannah Arendt, même avec des restrictions, pour un glouton cupide.