Journée d’action du 28 avril

Je ne veux pas faire le tiers-libéral/tiers salarié du privé qui se fiche des malheurs supposés des médecins hospitaliers.

Je ne veux pas non plus faire le tiers-médecin hospitalier casseur de grève.

Mais est-ce bien raisonnable de prévoir une journée d’action seulement une semaine à l’avance ?

Ceux qui connaissent ce dossier doivent se dire, « Mais on le savait il y a bien plus longtemps! »

Tout à fait exact, la dépèche AFP qui annonce cette journée date du 08/04.

Mais le temps que l’information arrive au niveau des médecins des consultations, et des infirmières, ça a pris 12 jours.

Donc depuis lundi dernier, voire mercredi, les infirmières ou les secrétaires annulent tous les patients inscrits aux consultations du 28/04, dans un beau mouvement de précipitation.

Consultations, qui bien sûr, étaient pleines.

Donc gros cirque pour les patients, les infirmières, et les secrétaires.

Je ne suis pas certain que ce soit l’une de ces trois catégories (voire les trois) qui soient à l’origine de la loi HPST.

Ce qui me fait rire, aussi, ce sont les médecins qui font grève pour la défense de l’hôpital, alors qu’ils attendent avec impatience la fin de leur assistanat pour partir dans le privé. Je suis certain que ce sont eux qui ont annulé en premier, dès le 08/04 ou le 09/04, causant par leur célérité à défendre le service public le moins de perturbation. On les en remercie.

Personnellement, mon tiers de service public ne savait pas quoi faire le 22/04, quand on m’a annoncé ce mouvement. Mon côté UMP ne m’a pas non plus dissuadé de montrer mon mécontentement. J’ai donc, comme en mon jeune temps, demandé conseil à mes infirmières. Trop contentes d’avoir une dizaine de coups de fil en moins à donner, elles ne m’ont pas dissuadé de ne pas faire grève, malgré leur sympathie pour le mouvement. Par ailleurs, en cas d’urgence, elles n’auront pas à lancer d’avis de recherche pour trouver un médecin, au moins une partie de l’après-midi.

Donc le 28, ce sera comme d’habitude.

Service public: au service du public,non ? (je sais, mon côté transgressif me fait peur à moi aussi, parfois 😉 )

Objets perdus/trouvés.

Vous savez ce qu’est un Vindhek?

En français, une « grille des trouvailles ».

C’est une sorte de bureau des objets perdus/trouvés, mais communautaire.

Le NYT en a parlé récemment, et je vous conseille une petite visite sur le site de leur créatrice, Annemarieke Weber.

Teach me to dance, will you?

Traduttore traditore

Depuis tout à l’heure, j’essaye mon nouveau jouet statistique sur toutes les courbes Kaplan-Meier que je trouve.

Je me suis intéressé de nouveau à l’ivadradine et à Beautiful qui est un chef d’œuvre publicitaire car j’en vois de plus en plus sur les ordonnances qui me passent sous les yeux.

Je ne ferais aucun commentaire, sinon, je risquerais de devenir vulgaire.

J’ai donc jeté un coup d’œil  à un de ces critères secondaires de fond de cour qui ont eu le bon goût d’être positifs, et qui permettent aux visiteurs médicaux (et aux nombreux journaux subventionnés) de clamer Urbi et Orbi que « l’ivabradine, c’est bien quand la fréquence cardiaque est supérieure à 70 bpm ».

Comme l’être humain carbure souvent entre 80 et 90, ça fait un gros marché potentiel.

Le NNT pour le critère secondaire « admission à l’hôpital avec un infarctus » est à 69 à 1 an et demi.

Encore un argument qui me pousse à ne pas prescrire d’ivabradine et à arrêter celle que je vois passer, et qui est souvent prescrite hors AMM (notamment comme « ralentisseur »,  en dehors de toute pathologie coronaire).

Je suis tombé par hasard sur un article non encore publié dans le Lancet, dont le titre « Translating statistical findings into plain English » m’a attiré l’oeil.

Un petit paragraphe parle de Beautiful:

« So far, we refer to a trial’s overall primary endpoint findings. When referring to subgroup findings or secondary endpoints, greater caution is required. Indeed, such claims should ordinarily be excluded from the main conclusions and abstract. Such restraint is particularly relevant in industry-sponsored trials with regulatory or marketing implications. The BEAUTIFUL trial found no overall difference between ivabradine and placebo for the primary composite endpoint, but in a subgroup (heart rate ≥70 beats per min [bpm]) there were fewer myocardial infarctions (a secondary endpoint) (p=0·001). The article’s conclusion that “ivabradine…could be used to reduce…coronary heart disease…in patients who have heart rates ≥70 bpm” seems too assertive. »

« Seems too assertive » me semble être un aimable euphémisme.

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Stuart J Pococka and James H Wareb. Translating statistical findings into plain English. The Lancet 2009. doi:10.1016/S0140-6736(09)60499-2