Un article pivot

La nouvelle vient de tomber dans mon Google Alert!

J’adresse mes sincères félicitations à Capital Santé, Amgen et GSK pour cet article princeps sur le denosumab (Prolia®), qui vient d’être publié dans la plus grande revue scientifique française, Paris-Match. En effet, jusqu’à présent, la Bonne Nouvelle n’était fort injustement reprise que dans des journaux régionaux de troisième catégorie.

Néanmoins, je n’oublie pas le reviewer, la journaliste, dont les questions pointues ont su pousser l’auteur principal dans ses derniers retranchements. Je la remercie aussi au nom de tous les patients ostéoporotiques, lecteurs de Paris-Match, aimable paraphrase.

Rappelons-nous avec émotion ce précédent maintenant illustre, le fameux article sur l’aliskiren (Rasilez®) qui a permis à la France de découvrir cette merveilleuse molécule dont l’efficacité et le caractère innovant ont permis à des millions d’hypertendus de ne pas mourir.


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32 Replies to “Un article pivot”

    1. Mouhahahahaha..
      Derrière le mien, ce sont des plants de dénosumab, tu crois?
      😉
      « De la Brosse à astiquer les pilules », s’il te plait, ne te trompe pas de branche…

  1. Ce qu’il y a de très amusant c’est qu’un des argument mis en avant par les défenseurs de l’antagoniste de RANKL est l’absence de néphrotoxicité et de besoin d’adapter à la fonction rénale contrairement aux biphosphonates.
    Pendant de nombreuses années quand nous tirions la sonnette d’alarme sur le risque de nephrotox des biphosphonates, on nous disait que ce n’était pas vrai (labo comme rhumato). Comme quoi le discours change pour pouvoir faire de la place à une nouvelle molécule quand l’autre est devenu généricable.
    C’est amusant et on nous prend vraiment pour des C…

  2. Bonjour à vous,

    J’aime votre ironie et plus généralement l’ironie des bloggeurs médecins francophones, bien que je travaille moi même dans l’industrie pharmaceutique, dans un labo générant plusieurs milliards d’euros de bénéfices, au sein d’un département marketing. Les propos qui suivent n’engage que moi.
    Il est évident que GSK et Amgen ont été plutôt maladroit sur le coup. Mais quels sont les moyens aujourd’hui à disposition des firmes pharma ?
    La délégation se raréfie tout comme la disponibilité des médecins, fin des blockbusters, panne de la recherche, besoin d’améliorer le bénéfice par action, et les cadeaux sont interdits… (quoique les dernières publications de ProPublica sur les médecins américains sont assez édifiantes).
    Comment faire prescrire ce nouveau médicament n’ayant rien de plus que l’ancien (qui vient d’être génériqué, merde alors…) à part une meilleure « sécurité » ? Tout simplement en visant le consommateur final qui, selon les dernières études, prend de plus en plus le « lead » sur sa prescription. Un article dans Paris-Match est pour le coup une excellente idée.

    Est-ce que les professionnels de santé de la « nouvelle génération » (moins de 45 ans, connectés, up to date) sont force de proposition pour une nouvelle relation avec les labo ? C’est pas évident.

    Une solution ? offrir de réels services pour le patient ET le médecins en échange d’un non switch vers un générique (de toute façon le prix d’un médoc est baissé de 60% au moins qd il devient génériquable, plus encore avec les rebates quand c’est un produit utilisé à l’hopital).
    Beaucoup d’initiatives dans ce sens existent mais les frais de consulting sont énormes, ce qui limite leur nombre à des domaines rentables (onco, diabeto etc…).
    Je ne vais pas défendre mordicus les BIG PHARMA mais il faut au moins se poser deux questions. Que ferait-on dans un monde sans médicament ? Quelle est la valeur ajoutée d’une firme qui fait des médicament génériques ?

    1. Il reste à démontrer qu’un inhibiteur de RANKL est sans risque sur 20 ans d’utilisation et dans la vraie vie.
      Concernant la relation avec les médecins, aucune sauf pour faire des essais cliniques dans des cadres bien précis. Ce que j’attends d’un labo c’est des médicaments efficaces avec des études contre le traitement de référence pour étayer sa prescription publiés dans des bons journaux avec un accès aux raw datas après deux ans pour qui veux bosser deçu.
      Je n’attends pas de marketing, pas de publicité, pas de collaboration à deux balles.
      La big pharma s’éloigne de son métier de faire du médoc. Il suffit de voir l’évolution des CA et le profil des PDG de ces sociétés, de plus en plus de financier. Il est difficile de pleurer sur un labo pharmaceutique qui ne pense qu’a réduire ses couts et augmenter ses marges. Le profit c’est bien, mais quand on en oublie son métier, c’est dangereux.

      1. « Il reste à démontrer que […] pendant 20 ans […] dans la vraie vie » : la blague récurrente des cliniciens.

        Bien sûr qu’un essais clinique est un compromis qui cherche à diminuer les incertitudes de l’utilisation future sans jamais pouvoir garantir à 100% les résultats. Mais s’il fallait tester les produits dans la vraie vie pendant 20 ans, bah ce ne serait plus un essais clinique !

        Les produits que vous utilisez en toute confiance car « ils ont fait leurs preuves » ont tous commencé par un essais clinique. D’ailleurs les fameux médocs que vous vantez ont eu droit à des développement beaucoup plus court et avec un niveau de preuve demandé bien plus faible.

        Lisez les articles sur les conséquences néfastes des bisphosphonates (fractures atypiques par exemple), ils ne sont pas tous écrits par Amgen et pourtant on prescrit du fosamax à tout va.

        Je ne vous ferai pas l’affront de vous rappelez qu’aujourd’hui des médicaments comme l’aspirine ou le paracétamol ne pourrait plus être obtenir d’AMM vu leur profil « safety ». Les exigences augmentent et c’est tant mieux.

        Inutile de toujours dénigrer le travail et les intentions initiales des pharmas : donner de meilleurs médocs (ce qui ne se limite pas seulement à l’efficacité mais aussi à la galénique, la facilité d’utilisation pour améliorer l’observance, etc.) et par ce moyen faire du CA.

        Soyons terribles quand nous les prenons la main dans le pot de confiture, laissons leur le bénéfice du doute en attendant qu’ils se plantent.

        Une dernière remarque pour clore ce long commentaire : les gens de la R&D ne se lèvent pas le matin en se demandant comment entuber les médecins, les agences réglementaires, les patients et les systèmes d’assurance santé. La plupart croit en leur métier et essaie de donner naissance à de meilleurs médicaments.

        Un stagiaire (en veille stratégique) dans l’industrie pharmaceutique.

    2. Merci pour ce très long commentaire.

      L’industrie a tellement abusé ces dernières années, et il y a eu tellement de scandales que tout ce qu’elle va pouvoir entreprendre, même si l’intention est louable au départ, sera vu d’un mauvais œil par une proportion de médecins qui, je pense, augmente avec le temps.
      Toutefois, cette proportion reste faible: 30% des confrères refusent la VM, et grosso modo, seulement 15000 sont abonnés à Prescrire sur 210000 (même si ce n’est pas le Graal, ça reste un bon indicateur).

      Si l’on regarde le monde de la santé, je pense qu’il s’est assez nettement polarisé. D’un côté l’industrie et les médecins qui lui sont favorables, de l’autre ceux qui sont sceptiques/hostiles…
      Or, je pense que ces derniers représentent la minorité agissante sur la toile. A ma connaissance, il n’y a aucun médecin pro-industrie qui ait une certaine influence (notion très subjective…) sur la toile, les communautés 2.0 de médecins qui sont plutôt pro-industrie n’ont même jamais décollé, les gens qui veulent faire du business avec l’industrie sont rares et aphones….

      Je pense donc que vous avez raison en n’espérant pas voir de solutions émerger des médecins connectés qui sont globalement plutôt « anti ».

      Attention, je dis tout cela en ayant bien conscience que ma vision est déformée car je fréquente principalement des médecins blogueurs, qui sont tous (?) « anti », alors que nous ne représentons qu’une infime partie de la toile consacrée à la santé.

      Les dérives de l’industrie, et celles des médecins qui ont profité du système pendant des années ont conduit à ce genre de dénigrement systématique de tout ce qui vient des firmes. Ce dénigrement augmente chaque fois que l’industrie jure qu’elle a tourné la page et signe des chartes de bonne conduite et d’éthique, avant de se faire prendre à nouveau la main dans le pot de confiture.

      L’industrie, et par ricochet les médecins qui ont profité du système payent les pots-cassés de ces années d’excès (qui durent encore…). Elle s’est installée d’elle-même sur sa sellette.
      Je ne vais donc pas verser de larmes de crocodiles sur elle. Il y a des hommes de bonne volonté dans les « deux camps », mais l’incurie de l’un, et l’impression d’avoir été trompé de l’autre va probablement encore rendre difficile pendant pas mal d’années une véritable coopération (honnête et sans arrière-pensée, cela va sans dire).

      La solution qui a le vent en poupe pour augmenter les débouchés de l’industrie est en effet le dialogue direct avec le patient. Aux EU et en NZ, la publicité directe est permise. Chez nous, non, l’industrie pousse donc un peu aux portes du parlement européen, et utilise surtout la mode actuelle qui est de « rendre le patient acteur de ses soins/mettre le patient au centre de son projet thérapeutique ». D’où les sommes distribuées aux associations de patients, l’intérêt pour l’éducation thérapeutique, des messages de prévention (je vois souvent Pfizer à la TV en ce moment), des journées de telle ou telle maladie…

      Que ferait-on d’un monde sans médicament?
      Trente ans d’espérance de vie.
      Sans l’industrie, et sa recherche, idem (ne comptons pas sur la recherche publique)

      Quelle est la valeur ajoutée d’une firme qui fait des médicaments génériques?
      Vous auriez du rajouter « que », car votre firme a pas mal racheté de génériqueurs ces dernières années ( ;-), merci à votre adresse IP…).
      Avec le « que », ma réponse est aucune. Leur seul intérêt est de vendre à moindre coût.

      Bon, c’est brouillon, manichéen, mais je n’ai pas pu faire mieux entre 2 patients…

    3. Bonjour Charles,

      Il faut que je trouve le temps d’écrire « Les génériques, un immense désastre sanitaire et économique ». Je ne me ferai pas que des amis…

      Je ne suis pas anti-industrie. Je constate simplement les dégâts de la politique des génériques. Les labos qui avaient un joli portefeuille de produits ont été laminés et rachetés par ceux qui ont su développer le marketing le plus agressif. Dix ans pour faire cracher le maximum à un produit, c’est très court, je comprends que vous utilisiez Paris Match, car vous n’avez pas le choix.

      Ce qui est inacceptable, c’est que des médecins et des journalistes jouent à ce jeu. Eux ont le choix.

  3. Je partage bien votre avis sur de nombreux points Jean-Marie.
    Aussi d’accord avec Stephane sur le profil financier des dirigeants qui n’est pas là pour servir la science. Mais pour tempérer, le métier des firmes pharma c’est vendre des médicaments.

    En même temps et d’une manière plus générale, est-on pret à payer le prix de l’innovation ?
    Quand on connait les couts de dvlpment d’un nouveau médicament « grand public » (en cardio par ex 😉 ) pour au final un bénéfice par rapport au traitement de référence qui n’est pas flagrant pour tout le monde, on en arrive à la situation actuelle. A l’ouest rien de nouveau.
    L’industrie se prend les pieds dans le tapis en Europe avec des nouveautés qui n’en sont pas et il va falloir attendre des années avant d’oublier le bon vieux temps des blockbusters, des lobbyistes, et des croissances à deux chiffres.

    Néanmoins je reste persuadé que le nouveau rôle à jouer, c’est prêt du patient, en coopération avec son médecin. Notre valeur ajoutée sera là. En poussant le bouchon un peu loin, c’est comme acheter un ordinateur Apple dans leur réseau officiel versus acheter un pc pas de marque sur un site internet. Le service n’est pas le même, surtout après la vente. Si on prend l’exemple des insulines on est en plein dans le scope et y’a du bon boulot qui peut être fait.

    Malheureusement il y aura toujours des gens à l’éthique douteuse qui ne respecteront pas les règles (voir les multiples jugements récents aux US : marketing off label, sites de productions sous pression). Il parait que même dans les associations caritatives, y’en a. Alors dans une industrie, on en attend pas moins 🙂

    En tout cas, continuez tous à écrire et tweeter. C’est bon de vous lire.

    1. Je ne suis pas du tout d’accord dans votre définition du nouveau rôle des boites pharmaceutiques. Ce n’est qu’une façon pour continuer à refourguer des me too sous couvert d’ETP.
      Ce qu’on attend de l’industrie pharmaceutique, c’est de faire des vrais médicaments innovants qui répondent à de vrais problèmes et qu’ils accompagnent leur développement de façon transparente sans essayer de nous enfumer.
      Je suis prêt à payer pour de l’innovation, de la vraie celle où je n’ai rien pour mon patient dont la fonction rénale se dégrade.
      Je prépare une présentation pour demain dans un congrès sur une maladie rare. Dans cette maladie en dix ans, la recherche académique publique a mis en évidence la physiopathologie de la pathologie, dans le même temps une petite boite a développé une biothérapie pour une autre maladie. La physiopath a rattrapé la start-up, surtout les médecins démunis, devant des patients qui allaient mal sont allés demander, est ce qu’on pourrait pas essayer?, après des atermoiements, avec l’acharnement de quelques uns et des histoires de patients dramatiques, le labo accepte de tester. Les résultats vont être présentés bientôt, ils sont impressionnants. Le labo était très frileux, il a fallu lui forcer la main. Il y a encore du travail, mais ça fonctionne manifestement et le labo va gagner pas mal de pognon dans cette histoire.
      Encore une fois que l’industrie fasse son boulot, change son logiciel de recherche, innove réellement. Quelle industrie peut oser se vanter d’investir autant dans la RD pour aussi peu de résultats, comme vous aimez la comparaison avec l’informatique, nous serions dans le monde des ordinateurs, nous utiliserions encore un ZX80.
      En écrivant je me suis souvenu d’un truc qui m’avait bien fait rire et la suite là.
      Ça me donne presque envie de retourner blogger.

        1. Tres bon billet qui illustre bien le propos. Le dvlpmt de molécules grd public est completement en panne (où en sommes nous sur la courbe de l’innovation ?). Pour les maladies rares, bcp reste à faire, et de nombreux labos se concentrent là dessus, via la recherche interne mais aussi via des acquisitions.

          Apres qu’on ne soit pas d’accord sur le nouveau rôle des firmes est finalement intéressant. L’intérêt du web 2.0 c’est aussi de pouvoir exprimer des avis différents. Surtout sur un tel sujet, où on ne sait pas dire qui a raison.

      1. Les exigences d’excellence sont louables mais à ne pas vouloir essayer de voir la problématique de l’autre côté du mur, du côté de la R&D, et donc essayer de soutenir l’innovation quand les difficultés s’accumulent et bien le résultat est simple : toutes les grandes pharma ont coupé drastiquement, voire complètement abandonné, leurs programmes en cardio.

        La pharma est la seule industrie qui accepte d’investir tellement en R&D avec une si faible garantie de retour sur investissement. Que les sociétés savantes énoncent clairement leurs besoins, les stratégies cliniques qu’elles considèrent comme valables plutôt que d’attendre en rigolant que les projets se cassent la figure.

        Quand elle ne comprend plus, l’argent ne descendant pas du ciel, elle quitte le secteur.

        Il y a sûrement un juste milieu (comme dans tout) à trouver.

  4. >jean-marie: pas sur non plus que les médecins qui travaillent en relation avec l’industrie aient envie de l’étaler au grand jour. Beaucoup ne déclarent pas la totalité des revenus annexes (si, c’est possible!), et c’est aussi se faire passer pour le grand méchant loup qu’ils ne sont pas.

    Je dis ca, c’est pas moi, hein, c’est un copain qui m’a raconté….

  5. il fut un temps où refuser de recevoir les VM était extrêmement mal vu et suspect.
    pendant mon année d’internat je me sentais bien seul dans cette position .
    pour avoir accès aux documents importants du CES d’ophtalmologie, j’ai du accepter de recevoir à nouveau les VM. Mais j’ai gardé une extrême méfiance et j’essaie d’être en mesure de justifier chaque ligne de mes ordonnances.Je regrette le temps où dans ma spécialité on a innové révolutionné le traitement du glaucome avec les BB puis les prostaglandines. Actuellement les labos d’oph se battent sur les TT mouillants(le mien mouille mieux que l’autre) et sur les compléments alimentaires protecteurs (?) contre la DMLA. c’est assez consternant .
    a mon niveau j’essaie de bien écouter leurs arguments d’un oeil critique (:=)) et de trouver la faille dans leurs démos
    par ailleurs j’essaie de me tenir au courant via mes patients (+ vidal) des TT généraux prescrits mais les souvenirs des cours de thérapeutique s’estompent après de longues années de pratique monomaniaque d’une spécialité et les TT que je maitrisais en fin d’études de médecine ont disparu.(peut être est ce bénéfique)

    1. C’est tout à fait vrai mais ça ne porte pas tellement à conséquences car on peut se tenir à quelques produits éprouvés. Par ailleurs il est très facile également de refuser les « achats de prescription ». Le problème est qu’il est difficile de se rencontrer régulièrement et suffisamment pour échanger infos et expériences en dehors des réunions financées par eux. J’aime bien Prescrire mais parfois ils m’agacent un peu parce que la médecine de terrain c’est pas touours que de l’EBM, même si c’est un pré-requis incontournable. Enfin, pour revenir un peu sur le brouillon que j’ai malheureusement envoyé par ailleurs, le milieu ophtalmo est peut être un peu particulier par son étroitesse et la VM n’y a peut être pas l’intensité de celle de la MG ou d’autres spécialités.

  6. Je vais me faire l’avocat du diable 🙂
    Jean-Marc, tu oublies que tu exerces une spécialité qui est à l’origine de la loi de 1993…
    Effectivement, la cardiologie a suscité (et continue à susciter) bien des convoitises, sans doute en raison de son potentiel de prescription mais soyons honnêtes, pas seulement.
    Si l’industrie « arrosait », c’est bien que certains acceptaient d’être arrosés et il fut un temps où bien peu de cardiologues auraient craché sur un voyage exotique tout frais payé pour eux et leur famille.
    Les seuls regrets exprimés concernaient ceux à qui le VM ne proposait rien !
    Ta génération est sans doute plus intègre…
    D’autres spécialités « à fort potentiel » n’ont pratiquement pas été touchées par ces dérapages et les relations de la pharma avec les prescripteurs s’y sont construites sur le seul service (et en particulier le financement d’études menées en toute indépendance, si si c’est possible).
    Pourquoi ? Les labos qui investissent dans ces spécialités sont-ils plus éthiques ? Ou ces spécialistes plus honnêtes ?
    Les raisonnements manichéens me dérangent, de quelque côté qu’ils viennent.
    Le monde n’est ni blanc ni noir.
    Diaboliser l’industrie pharmaceutique dans son ensemble n’a pas plus de sens que de condamner une corporation entière (police, avocats… médecins…) à la suite d’un fait divers.
    Il me paraît plus constructif de chercher des solutions ensemble puisque comme tu le soulignes, l’espérance de vie d’un monde sans médicaments serait bien compromise.
    La posture dogmatique de ceux qui exigent des investissements R&D désintéressés et une commercialisation sans marketing est à la fois très naïve et tout à fait irréaliste.
    L’industrie pharmaceutique obéit aux mêmes règles économiques et de marché que les autres industries. Quoi de choquant ?
    La probité et la transparence que nous attendons d’elle est légitime mais ne devrions-nous pas l’exiger de toute entreprise, quel que soit le secteur ? Est-ce le cas ?

    Mes excuses pour ce très (trop) long commentaire mais il s’agit d’un débat passionnant et il y aurait encore tant à dire…

    1. Jean-Marie, pas Jean-Marc!
      😉
      Un investissement est par définition intéressé, et cela ne me choque pas du tout.
      Même l’investissement en terme de marketing ne me choque pas.
      Pas de prescription, pas de profits, pas de R&D, pas de médicament.
      Mais je souhaite simplement que l’industrie soit honnête.

    2. J’ai la naiveté de penser que la santé n’est pas un « produit », c’est pour cela que dans mon esprit naif l’industrie pharamaceutique n’est pas une industrie comme les autres.
      J’ai bien compris que j’étais naif alors poussons votre raisonnement jusqu’au bout, si l’industrie pharma se doit de répondre au standard des autres industries, il faut que le reste des champs de la santé répondent à ces standards, abandon des « clients » non rentables, abandon des pathologies rares n’assurant pas un bon retour sur investissement, privatisation pardon rationalisation de l’assurance maladie …
      Vivement l’ouverture d’une antenne des Tea party en france.
      Interdisons aussi la naïveté dans la foulée.

  7. Peut on avoir des chiffres clairs sur les benefices et sur la partie de ces bénéfices qui est réinvestie dans la recherche?

    Le problème vient peut être des conclusion brumeuses de certaines études et des autorisations de mise sur le marché.

    Si seuls les nouveautés apportant vraiment qqch étaient sur le marché, est ce que l’industrie aurait moins de sous pour faire sa recherche?
    Qu’elle est la part des découvertes faites dans les labo publics?

  8. Bonjour à tous,

    Sur un plan plus global, il faut comprendre que l’industrie pharmaceutique que nous avons connue il y a 20 ans est morte.

    Tout est résumé dans ce dessin de Voutch http://www.atoute.org/images/2008/voutch-ethique.jpg

    Mais il en est de même partout. Quand le président chinois est arrivé en France, j’entendais sur BFM un journaliste et un invité dire que les droits de l’Homme c’était bien gentil, mais qu’on allait tout de même pas emmerder avec ça des gens qui nous achètent des avions, qu’il fallait être réaliste. Allez parler des « incivilités » aux jeunes ensuite…

    Donc, le nouveau modèle est en marche : seules de petites start-up sont capables d’innover. Les gros labos deviennent des marketeurs/distributeurs. C’est un monde sans foi ni loi fait de compromissions, d’achat de temps de cerveau disponible, de contrats avec des KOL (Key Opinion Leader), de sociétés savantes transformées en sociétés de communication http://www.atoute.org/images/2008/rapport%20afu.png et bientôt d’éducation thérapeutique http://www.atoute.org/n/article157.html

    Il n’y a plus de place pour une démarche éthique. Ce n’est pas la faute de l’industrie, car ceux qui ont refusé de rentrer dans ce jeu ont été mangés par les autres.

    Dans un match de rugby, si l’arbitre regarde ailleurs, c’est les joueurs les plus brutaux et les plus malhonnêtes qui gagnent. Mais le principal fautif est l’arbitre, il est difficile de demander à un acteur du marché de se suicider.

    Bref, c’est au delà de toute réforme. Après l’effondrement programmé à court terme de notre société, il sera intéressant de voir ce qui va émerger. Je pense que la piste à suivre est celle de http://www.patientslikeme.com/ car on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Je pense aussi que le concept même d’entreprise va disparaître, remplacé par des équipes de projet qui se font et se défont sans structure permanente. Mais là, je vous emmène peut-être trop loin 🙂

    1. Les big pharma ont une R&D bien moins productive qu’avant et je pense personnellement que c’est dû à leur taille. Les équipes sont tellement grosses que la bureaucratie et l’inertie des grandes boites paralyse une grande partie de l’efficacité des gens qui les composent. Sans compter que les perspectives de carrières encouragent les chercheurs à la prudence : prendre le risque de se planter s’est prendre le risque de ne jamais grimper dans la hiérarchie. Ne rien faire est plus prudent.

      De plus, la proportion de pharmaciens dans les équipes recherche est à mon avis une partie du problème. Les start up sont quant elles beaucoup plus composées de scientifique « purs et durs » plus promptes à explorer des voies nouvelles et des organisations originales.

      Cela dit, même si la R&D n’est plus leur force – il est plus rentable d’arroser de plus petites boites – les big pharma gardent une compétence indispensable pour les jeunes pousses en termes d’études cliniques et d’affaires réglementaires, sans parler bien sûr de la production, du marketing et des forces de ventes.

      Moi je pense que le comportement des pharma est très prévisible : elles vont là où est l’argent, tout ce qu’elles peuvent faire en ce sens sera fait.

      Il est illusoire de penser qu’une entreprise côté en bourse freinera son CA pour des problèmes éthiques. Il faut que les problèmes soient légaux, avec de très grosses amendes à la clé ( exemple de GSK avec des problèmes de production http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRLDE69P2L820101026 ). Voilà pour les empêcher de faire de mauvaises choses.

      Pour les amener à faire ce que l’on attend d’elles, le principe est le même : que les réelles innovations soient mieux payées, que les secteurs où les manques sont les plus criants soient plus rémunérateurs (exemple des statut « orphan drug » qui donnent de bons résultats), que les objectifs soient clairs et les pharmas iront là où se trouvent les dollars.

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