La honte du doppler honteux

Ce matin un patient s’est présenté à la consultation avec une demande de doppler des artères péniennes pour un bilan de dysfonction érectile.

Bon, j’ai fait répondre par l’infirmier qu’on ne faisait pas ça ici. J’ai quand même appelé l’autre centre de doppler du CHU où je travaille pour vérifier si quelqu’un était spécialisé là-dedans. Personne.

On a donc répondu un vague « Allez dans le privé » au patient qui attendait, j’ai rapidement zieuté dans la salle d’attente, la queue basse, si j’ose dire, sur une chaise près de la porte de sortie.

J’étais quand même un peu gêné de répondre qu’on ne faisait pas ce type d’examen au CHU. Peut-être en radiologie?

Quand on m’a appris le doppler, on m’a fait comprendre que cela n’était pas du ressort d’un cardiologue qui se respecte (pléonasme).

Bon, bah tant mieux, ça ne me branche pas du tout de faire des dopplers des artères péniennes.

D’autant plus, figurez-vous, que c’est toute une affaire, puisqu’il faut faire l’examen au repos et à l’effort.

Enfin à l’effort, pas de quoi titiller quoi que ce soit avec des fantasmes d’IDE affriolantes nues sous leurs tenues (je n’en ai jamais rencontrées, ni des nues, ni des affriolantes), car il s’agit en fait d’une épreuve pharmacologique avec une injection intracaverneuse d’alprostadil (rien que d’y penser, mon épreuve serait négative, laissez mes cavernes tranquilles…).

Ceux qui en font trouvent que c’est génial, même si ça ne débouche sur rien de bien fabuleux d’un point de vue thérapeutique (ça doit bien se dilater, non?) et que les artères honteuses sont une espèce de fenêtre sur la maladie athéromateuse et pourraient la prédire.

Je dédaigne de lire dans les artères honteuses, les chiens ou les poissons (même d’une fraîcheur impeccable), et préfère largement les artères carotides.

Pour approfondir le sujet, je vous propose de regarder cette présentation de 2009 qui est très bien faite. Comme je suis un peu taquin, je vous suggère aussi de regarder cette autre présentation, du même auteur, faite en 2006. Ces deux présentations, malgré les 3 ans qui les séparent sont rigoureusement les mêmes. L’auteur a même oublié de corriger la date de la diapo 39 en 2009.

Je crois pouvoir être en mesure de vous dire pourquoi le pharmaco-doppler pénien restera encore souvent souhaitable en 2011.


3 Replies to “La honte du doppler honteux”

  1. Je n’aime pas dire du mal des gens, mais la deuxième diapo est rigolote, puisqu’elle cite le travail de l’auteur publié dans le Lancet (OOOH….)….en 1985 (ah…..).

  2. Je suis presque déçue de voir évoqué ici le cliché de l’infirmière affriolante nue sous sa blouse. Dans un souci évident de parité républicaine, il faudrait qu’on vous mette au parfum sur ce qu’on peut aussi raconter sur les médecins, les chirs, les blouses, les stéthoscopes etc etc… Mais ceci et une autre histoire.

    PS : « la queue basse » . JM, franchement , il y a du laisser aller sur ce blog 😉

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