La chirurgie avant l’anesthésie

J’ai retrouvé un livre assez étonnant dans la bibliothèque de la maison familiale. Il m’avait été offert pour ma thèse par la maintenant veuve d’un très vieux médecin de campagne.

Il regroupe une série d’articles médicaux écrits fin XIXème-début XXème et publiés dans les revues scientifiques de l’époque.

J’en ai lu quelques-uns hier au soir, et j’ai assez mal dormi.

C’était il y a 100 ans à peine, mais les conditions de l’exercice médical (pour le patient et incidemment pour le médecin) me semblent moyenâgeuses et parfaitement effroyables.

Pourtant, je pense qu’il faut connaître le passé pour envisager le présent et préparer l’avenir, et ces textes éclairent singulièrement notre métier.

J’ai trouvé notamment un texte du Dr. Pierre Rey daté de 1895 qui décrit une chirurgie menée par Auguste Broca assisté de son père, l’illustre Paul Broca et de Larrey-fils (le fils de l’illustrissime chirurgien d’Empire). Excusez du peu.

Le patient est un enfant qui a une grosse tumeur cervicale (adénite tuberculeuse?) et l’intervention se déroule sans anesthésie.

Âmes sensibles, abstenez-vous.

Vous qui entrez, laissez toute espérance.

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Les médecins.

Collection Archives des Métiers.

de Jacques Borgé et Nicolas Viasnoff

Editions Michèle Trinckvel (1995).

10 Replies to “La chirurgie avant l’anesthésie”

  1. Gloups… il y a eu quelques progrès depuis, effectivement…! Le pire, c’est qu’on en peut plus de la description de l’intervention et qu’on se dit, ouf, c’est fini pour ce pauvre gamin. Mais la douleur des suites opératoires est réjouissante aussi.

  2. Impressionnante lecture. Mais je me demande pourquoi ils n’avaient pas utilisé le chloroforme.
    J’avais lu dans un très vieux livre du début du 20ème siècle (Manuel de l’hospitalière et du garde malade, il me semble) la technique d’anesthésie du chloroforme.C’était impressionnant.
    HS: dans ce livre on pouvait aussi sentir le métier d' »infirmier » comme un sacerdoce avec une dévotion totale envers Dieu mais aussi envers le Médecin!

  3. Impressionnant. Effectivement c’est important de se souvenir d’où l’on vient et les pas de géants déjà réalisés !

  4. Sans doute Broca présumait-il que l’opération durerait trop longtemps pour pouvoir envisager le chloroforme: en effet, au-delà d’une grosse demi-heure, le patient chloroformé a toutes les chances de se retrouver avec le foie bousillé et de mourir ( éventuellement guéri).

  5. Il se peut aussi que le médecin rejeta en blog l’utilisation du chloroforme. Toute nouveauté a eu beaucoup de mal à être accepté par les médecins.

    Pensez au destin du Dr Semmelweis. Bien qu’il prouva que le taux de mortalité des femmes trouva sa cause dans l’absence d’hygiène (les médecins pratiquait les autopsie, ensuite examinaient les femmes sans se laver les mains ou changer les vêtements souillés par l’autopsie – et je présume qu’ils autopsiaient les femmes mortes suite à une infection). Ignaz Semmelweis obligea ses collègues a se laver les mains et de changer de vêtements, les infirmières a changé les draps sales régulièrement, le taux de mortalité chuta.

    Mais il fallait attendre des décennies avant que les médecins acceptent généralement cette « théorie » comme la vérité. Peut-être s’il n’était pas hongrois, mais autrichien ses collègues l’auraient cru plus tôt.

    Si à l’époque, les gens avaient une peur bleue des médecins et encore plus des hôpitaux ils avaient bien raison.

    Bonne soirée

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