Une histoire qui a fait du bruit en Australie
- Change of perindopril (Coversyl) salt from erbumine to arginine
- RGH Pharmacy E-Bulletin
- Coversyl reformulation generates confusion
De vilains esprits subversifs ont accusé les laboratoires Servier d’evergreening (evergreening en vert, il fallait y penser, en cinq mots cré-a-ti-vi-té !) et pensé que ce changement de galénique pourrait avoir un rapport avec ceci:
- Coversyl stoush enters courtroom
- The peril of perindropil patent litigation
- New forms of evergreening in Australia: misleading advertising, enantiomers and data exclusivity: Apotex v Servier and Alphapharm v Lundbeck.
Heureusement, la vérité finit par éclater, après quelques rebondissements:
- New perindopril tablets mean a change in dosage for patients
- Reply from Frederic Girard, chief executive officer, Servier Laboratories Ltd
En fait, Servier anticipe le prochain bouleversement climatique qui fera que l’Europe aura le même climat qu’en Australie. Le changement de galénique du Coversyl n’a donc pour seul but que d’en augmenter la stabilité à l’hygrométrie et à la chaleur australiennes qui seront bientôt ambiantes, et aussi harmoniser le processus de fabrication (dixit ce communiqué de Servier UK du 04/01/08).
Bien sûr, cela, les australiens, eux, ne peuvent pas le comprendre, puisque leur climat est de type australien depuis…euh….très longtemps.
En France, le motif du changement climatique du Coversyl a été expliqué aux prescripteurs et aux pharmaciens dans de petites plaquettes d’information: « Le nouveau Coversyl®, COVERSYL® 5mg et 10mg, a été développé pour améliorer partout dans le monde la stabilité du médicament, indépendamment de la température ou du degré d’humidité.«
Pourtant cette modification a provoqué chez les médecins français de puissants remous de contestation, parfaitement dignes de notre célèbre esprit critique, par exemple ici.
Les pharmaciens belges sont plutôt rigolards (mais ils sont sûrement jaloux, car le labo est français, comme tout ce qui est belge, d’ailleurs 😳 ), les marocains très pédagogiques (PharHamster, excellent blog que j’ai rajouté à ma liste).
Business continues as Usual…
Ça m’a fait rire, plus c’est gros, plus ça passe. Toutefois, je ne suis que peu concerné, puisque je n’en prescris pas (je suis très ramipril).
Pour vous remettre de ces longues lectures (si vous avez eu le courage), voici deux petites vidéos qui vont vous préparer au climat australien:
Les laboratoires SERVIER sont préoccupés de la stabilité de leur médicaments partout dans le monde. D’ailleurs la décision fut radicale sur la lettre aux prescripteurs:
« Cette nouvelle gamme est désormais disponible dans toutes les pharmacies du territoire et
remplace définitivement l’ancienne. »
Je vous invite à relire la lettre:
Cliquer pour accéder à circ_coversyl_med_SERVIER_lanct.pdf
On y apprend aussi que le conditionnement en vrac est un progrès…
Le laboratoire BIOGARAN est moins angoissé par cette question de la stabilité du médicament si j’en crois les formes de PERINDOPRIL qu’il commercialise d’après le site de l’Assurance Maladie:
http://www.codage.ext.cnamts.fr/codif/bdm_it//fiche/index_lis_medisoc.php?p_code_cip=&p_nom_commercial=PERINDOPRIL+BIOGARAN&p_nb=6&p_site=AMELI&p_homol_ass=ass&p_homol_coll=
Toutes ces formes génériques sont sous plaquettes thermoformées (PVC/Aluminium).
BIOGARAN, filiale du groupe SERVIER, est très soucieux de qualité. Vous savez « Mon pharmacien est formidable » ou bien encore « chacun des 280 médicaments génériques est conçu et soigné comme une pierre précieuse ».
Les casquettes ça se change! L’objectif est le même: vendre et conserver des parts de marché.
A l’époque, j’ai cherché longtemps cette lettre de Servier, que je m’étais empressé de balancer à la poubelle.
Servier a le même problème de schizophrénie vis à vis des génériques que Sanofi et son président du LEEM et tant d’autres…
Je venais rejeter un coup d’oeil sur la discussion au Sénat du PLFSS 2009 lorsque j’ai vu votre réponse. Je pense qu’ils vont y passer la nuit et probablement leur dimanche. Ce qui m’intéresse particulièrement c’est l’amendement de M. BUR sur les génériques qui sera discuté probablement dans la nuit. Il pourrait changer considérablement la pratique de la prescription…: « les médecins ont l’obligation de prescrire un traitement médicamenteux figurant dans le répertoire des groupes génériques lorsqu’il existe plusieurs alternatives médicamenteuses à même visée thérapeutique, sauf si une raison particulière tenant au patient s’y oppose. »
Grosso modo il s’agit de viser INEXIUM quand on peut prescrire OMEPRAZOLE par exemple… Quelle place pour le COVERAM et autre contournement?
Bah, ce n’est (peut-être) pas encore fait, et si ça passe, ce ne sera que la mise en pratique de ce que Prescrire propose depuis des années, c’est à dire la prescription en DCI.
Pour le Coveram et consorts, je n’en prescris jamais, donc ça ne me manquera pas!