Conflits d’intérêts chez les journalistes médicaux

Quelques indices me font penser que les relations entre industrie pharmaceutique et journalistes vont attirer l’attention comme l’ont fait les relations entre cette même industrie et les médecins.

Pas chez nous, bien sûr, mais aux Etats-Unis.

Une histoire agite un peu les milieux de la presse en ce moment: Pfizer va financer un colloque destiné à former les journalistes médicaux en cancérologie.

Certaines voix se sont élevées, s’interrogeant sur les conflits d’intérêts pouvant résulter d’un tel partenariat, Pfizer étant comme on le sait très présent dans les médicaments anti-cancéreux. D’autres se font rassurantes, en précisant que Pfizer va en effet financer, mais qu’elle n’a pas eu son mot à dire dans le programme:

Jean-Daniel a aussi souligné dernièrement le problème soulevé entre ces relations.

Un auteur très taquin a même créé d’excellentes étiquettes de mise en garde à coller sur certains articles de presse.

Néanmoins, les choses ne sont pas simples, comme le montre la copie d’écran de l’article du blog de la NPR que j’ai faite ce matin en lisant leur article:

Difficile de parler de ce sujet juste à côté d’une publicité pour un fabricant d’insuline, non?

Par ailleurs, les quelques journalistes qui se sont intéressés aux relations sulfureuses industrie/médecins se sont toujours plaints de l’omerta, bien compréhensible, de ces derniers.

Mais bon, le sujet fait vendre, et les scandales se sont tellement multipliés qu’il a réussi à se frayer un chemin jusqu’à un numéro d’Envoyé Spécial.

Qu’en sera-t-il/est-il pour les petits arrangements entre amis entre journalistes et industrie pharmaceutique via des agences de relations publiques?

A quand une enquête journalistique sérieuse sur ce sujet?

6 Replies to “Conflits d’intérêts chez les journalistes médicaux”

  1. Ce sujet est vraiment délicat en effet. Si on part du principe que la recherche pharmaceutique est importante pour faire avancer les traitements, on n’a pas tellement de solution derrière: soit cette recherche se fait par les labos publics et la transmission de l’information via les sociétés savantes (financées par l’État également, si nous nous mettons dans cette logique, ce qui n’est pas forcément le cas aujourd’hui), soit la recherche se fait par les labos privés, et la communication autour se fait par ces mêmes labos ou par leurs agences. Là où la publicité est un pur outil de propagande, la communication passe par des relais (médecins experts ou journalistes) qui sont justement là pour exercer leur esprit critique! Pour moi, mais en tant que communicante c’est peut-être facile, les labos et industriels ne sont pas illégitimes pour proposer des formations ou communiquer, et là je suis en désaccord avec Jean-Daniel. Les petits arrangements ont vécus, et l’ensemble des parties prenantes (labos privés, agences mais aussi médecins experts) ont leur responsabilité dans cette dérive. L’État n’aura jamais les moyens de faire les recherches, ni de communiquer autour, et les labos n’auront jamais d’autre objectif que de faire marcher la boutique.

    En revanche, la mise en place de chartes de bonne pratique, de commissions de transparence me paraît incontournable aujourd’hui… La recrudescence de sujets sur les conflits d’intérêts dans les média reflète une prise de conscience de cette urgence, qui ne concerne malheureusement pas seulement la santé, mais tout les secteurs d’activité. Et ces chartes doivent être mises en place par des groupes rassemblant toutes les parties-prenantes, et notamment nos décideurs politiques, car nous sommes en démocratie (mais si, mais si…).

    On en revient toujours au même point dans ce type de débat: nous attendons du politique qu’il prenne des décisions courageuses, mais comment faire prendre conscience aux gens qu’ils ont la société qu’ils méritent?

    1. Je ne suis pas particulièrement pour une intervention étatique en général, mais le problème, comme tu le dis, c’est que tous les acteurs (industrie/PR/professionnels de santé) ont intérêt à ce que cela dérive… Je n’ai pas l’impression qu’il existe une auto-régulation efficace.
      Jean-Daniel m’a dit rapidement dit récemment que certaines législations (ou règles professionnelles) étaient beaucoup plus sévères dans d’autres pays. Comment ça se passe?
      JD, si tu passes par là….

      1. Aux Etats-Unis par exemple, les voyages de presse sont interdits: il n’est pas possible de faire venir des journalistes à un congrès, c’est le journal qui doit payer les déplacements et autres frais. Ce serait intéressant d’avoir le point de vue de journalistes d’autres pays également.

        Un autre point qui me semble nourrir le débat, c’est qu’il n’y a pas de formation obligatoire pour les journalistes en France, la profession n’est contrôlée que par la carte de presse, et l’obtention de celle-ci ne passe pas par un examen qui contrôlerait par exemple, que les journalistes vérifient leurs sources…

        La communication vers le grand public a cet avantage tout de même de permettre d’ouvrir le débat et éventuellement aux médecins d’adapter les discours des industriels. Et sur l’auto régulation, le débat autour de la charte HoN est aussi l’illustration que tout système, quel qu’il soit, a ses limites. Moi ce que je me dis, c’est que si tout le monde est éthique dans son petit bout de jardin, à la fin ça devrait donner quelque chose de pas trop mal. Restons vigilants tout de même !

  2. Ici au Portugal la situation n’est pas plus claire qu’en France, voire moins en ce qui concerne la visite médicale par exemple.
    Mais justement hier j’ai reçu de l’ARS (« administração regional de saúde » dont je dépend) une invitation à un séminaire sur le « Disease Mongering » organisé par l’université de la région et la dite ARS.
    Détail intérressant (et significatif) ce séminaire sera en anglais car le conférencier est un journaliste australien! Ray Moynihan auteur d’un livre: « Selling sickness: how drug companies are turning us all into patients ». D’ après la présentation il a beaucoup écrit sur les relations médecins/industrie (ils ne disent rien sur journalistes/industrie…) (Pas encore eu le temps d’interroger le net sur ce monsieur)
    J’ai bien envie d’aller voir…seul problème c’est pendant mes vacances, mais bon
    pour une fois que ça bouge! Surtout qu’on nous annonce des ateliers en groupe (j’emporterais bien une pile de Prescrire…)
    Si ça interresse quelqu’un c’est le 29/9 á l’université de Faro au sud du Portugal!

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