Le retour du QT

J’ai une grande tendresse  pour les toujours très mystérieuses torsades de pointes et un de leurs déterminants principaux, l’allongement de l’espace QT (en fait le QTc, c pour corrigé en fonction de la fréquence cardiaque).

D’abord car le pire moment de ma vie professionnelle à ce jour reste une confrontation avec un patient qui faisait torsades sur torsades en post-infarctus.

Mais aussi car j’adore lire dans les publications anglo-saxonnes le terme français « torsades de pointes » puisqu’il n’a pas été traduit.

Les torsades de pointes ont été décrites par François Dessertenne en 1966 dans ce papier des Archives des maladies du coeur et des vaisseaux.

C’était une époque où la cardiologie française était au zénith, et où un article princeps pouvait être rédigé en une autre langue que l’anglais et avoir qu’un seul auteur.

Les « Archives« , pourtant revue de la Société Française de Cardiologie (SFC)  ont d’ailleurs cessé de parler français en 2008 pour causer anglais et être rebaptisées  « Archives of Cardiovascular Diseases« .

Enfin, les torsades gardent une bonne part de mystère et sont un problème quotidien, pas à cause du très rare syndrome du QT long congénital, mais des nombreux médicaments qui allongent ce fameux QT.

Donc, pour les passionnés du QT, voici 3 ressources documentaires qui me paraissent incontournables:

  • Arizona CERT: « le » site de référence qui tient à jour la liste des molécules allongeant le QT et des interactions à éviter.
  • une recommandation très récente:  Prevention of Torsade de Pointes in Hospital Settings: A Scientific Statement From the American Heart Association and the American College of Cardiology Foundation. Barbara J. Drew, Michael J. Ackerman, Marjorie Funk, W. Brian Gibler, Paul Kligfield, Venu Menon, George J. Philippides, Dan M. Roden, Wojciech Zareba on behalf of the American Heart Association Acute Cardiac Care Committee of the Council on Clinical Cardiology, the Council on Cardiovascular Nursing, and the American College of Cardiology Foundation. Circulation. 2010;121:1047-1060; published online before print February 8 2010, doi:10.1161/CIRCULATIONAHA.109.192704.

 

Pour vous donner une idée du problème, voici une donnée que j’ai tirée de cette dernière référence.

On dit en général qu’un QTc est pathologique à partir de 480 ms pour les femmes et 470 ms pour les hommes.

Chez les sujets porteurs d’un QT long congénital, chaque augmentation de 10 ms de l’espace QT, ce qui semble n’être « rien », augmente le risque de torsades de pointes de 5 à 7%.

C’est très impressionnant…

3 Replies to “Le retour du QT”

  1. Hors sujet de ce post, et peut-être en avais-tu déjà eu communication et en avais parlé (il m’arrive de ne pas tout lire chez toi, j’avoue !), mais j’ai été impressionnée par cet article du NYT qui touche à ta spécialité, je te le signale donc :

    Tauma of Job Loss can kill

  2. La balise que j’ai utilisée n’est décidément pas la bonne, et on n’a pas de prévisualisation des commentaires sur Grange Blanche, je vais me plaindre au proprio, moi :

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