La consultation

La femme replète, assise devant mon bureau, a la cinquantaine.

Elle pousse de petits cris modulés, allant du rauque au très aigu. Son absence de sourcils, son bonnet blanc en laine enfoncé à mi front et surtout  les mouvements frénétiques de sa très longue écharpe posée à plat sous le bonnet et retombant symétriquement de chaque côté de son visage devant ses oreilles m’évoquent un cocker géant fou.

A ma droite, un peu derrière moi, une interprète en langage des signes, qui plus est psychologue, fait l’interface.

Tout est normal, vous êtes à ma consultation.

J’ai eu beaucoup de mal à ne pas rire.

A un moment, je me suis retourné vers l’interprète-psychologue, et en traçant un ovale autour d’elle, je lui ai dit que l’on se croyait sur France 3.

L’histoire de cette pauvre femme sourde muette de naissance a pourtant de quoi faire dresser les cheveux sur la tête du psychologue le plus aguerri.

D’angoisse, elle s’est mise en opisthotonos sur le lit d’examen au cours de mon échographie cardiaque.

Pour la rassurer, je lui ai mis la main sur les amplis de l’appareil d’échographie pour qu’elle puisse sentir son cœur battre.

Bon après, elle voulait que je recommence, encore encore et encore…

Au bout de 3/4 d’heure, j’avais en main les informations nécessaires à sa prise en charge.

L’anesthésiste qui me l’avait adressée sans courrier, après l’avoir interrogée 3,5 minutes et sans avoir daigné l’examiner a même pointé le bout de son nez par l’entrebâillement de la porte en fin d’examen, peut-être poussée par les remords.

Vraiment une consultation extraordinaire.

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