Coup de téléphone ce matin: demande d’un Doppler « en urgence » pour une femme jeune, la vingtaine.
Je dis d’accord.
Rappel du service, comme je suis un homme, la patiente veut d’abord avoir l’autorisation de son mari…
Après une heure ou deux, finalement joint, il la donne.
Les voilà donc dans la salle d’attente.
Je jette un coup d’œil furtif en apportant un compte-rendu à un patient. Elle est en Niquab, si je ne me trompe pas. Et son mari est équipé course, lui aussi.
Un patient qui passe avant elle me parle de Belphégor.
J’aurais plutôt dit Dark Vador, ou mieux, un membre de la garde impériale qui aurait mélangé sa robe avec celle de Dark Vador au cours de la lessive de la veille sur l’Étoile Noire. J’imagine qu’une lingère va passer un sale quart d’heure.
Je me demandais comment allait se passer l’examen, étant donné que pour faire un doppler veineux, il faut necessairement soulever le niquab et tout ce qu’il y a dessous.
C’est terrible, quand même, d’avoir à se poser des questions sur la portée sexuelle d’un acte médical, forcé par une idéologie (je n’ose pas parler de croyance religieuse, car pour moi, l’islam, c’est pas du tout ça) qui voudrait la nier.
Comment lui dire?
D’un air détendu, « Soulevez-moi ce niquab! »
En fermant les yeux?
Le service de gynéco a été confronté à ce problème 2 ou 3 fois pour des accouchements. L’obstétricien de garde était un homme et les époux se sont opposés à ce qu’ils prennent en charge les parturientes. Ces dernières ont donc été transférées dans d’autres établissements, à chaque fois.
Où se situent les limites de l’acceptable dans notre société laïque, notamment à l’hôpital?
Finalement, je n’ai pas eu à approfondir mes questions existentielles, car le monsieur a décrété que l’examen n’avait pas d’utilité et il est parti sans demander son reste. Les choses ont été mal engagées, à vrai dire, puisqu’il refusait d’adresser la parole à mon infirmière.
Et la femme voilée dans tout cela?
Assez curieusement, son prénom et son patronyme n’évoquent en rien une famille musulmane. Son choix de vie est donc a priori assumé, à défaut d’être éclairé.
Heureusement que la cardiologie a bénéficié assez récemment une importante féminisation. Sinon comment aurait-il fallu faire? Créer des promotions de cardiologues eunuques? (je ne suis pas volontaire).
Et si la cardiologue est lesbienne ou bisexuelle (il doit bien y en avoir), qu’est-ce que l’on fait?
La lumière de l’humanisme n’est qu’une bougie.
Voilà, c’était ma petite anecdote pour la journée de la femme.
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