Le ciel était un camaïeu tourmenté de gris qui annonce habituellement la descente de la divinité dans les vieux films américains. Plus prosaïquement, la douce pluie quasi continuelle qui lave ce petit bout de côte normande allait se muer en gros orage dans la nuit.
Un homme habillé tout de noir, détonnant un peu parmi les touristes en bermudas bigarrés et dépareillés, semblait prier, collé devant le mur d’un bâtiment, plus précisément une fenêtre.
Prier ou pisser, telle était la question, car s’il était légèrement penché en avant, il n’était animé d’aucun mouvement oratoire. Argument mictionnel supplémentaire, il jetait régulièrement de petits regards par dessus son épaule. Mais comme des familles passaient devant lui pour leur promenade digestive le long du front de mer sans s’en offusquer, il ne devait probablement pas pisser.
Priait-il donc, en définitive?
Dans un sens, oui.
Il priait, comme tous les jours depuis le début de ses congés, pour avoir accès au nuage.
Un minime changement de point de vue aurait en effet montré qu’il tapotait frénétiquement du bout des doigts sur un tout petit ordinateur portable posé sur le rebord de la fenêtre de l’office du tourisme, fermé à cette heure tardive.
Un panneau affiché sur la porte vitrée de l’entrée explique aux heures d’ouverture ce mystère loin d’être religieux: Free Wi-Fi.