Par Jupiter!

Je voudrais vous parler de nouveau de Jupiter dont j’avais déjà abodamment parlé ici, ici et ici.

Le NEJM vient de publier à l’avance une étude ancillaire sur la cohorte des patients de Jupiter.

Il ressort de cette étude que l’administration de 20 mg de rosuvastatine diminue le risque veineux thrombo-embolique de près de 43% en moyenne, sur un suivi moyen de 1.9 ans.

Je dis bien 43%!

Alors que les sujets enrolés dans l’étude étaient « apparament sains ».

43%!

La rosuvastatine est donc de toute évidence le médicament de ce début de XXIème siècle, comme la pénicilline et l’aspirine l’ont été pour le siècle dernier.

Bon, cessons de rire, et regardons les chiffres de plus près.

La cohorte initiale comporte 17802 patients.

Le groupe prenant le placebo (8901 patients) a présenté 60 accidents thromboemboliques, le groupe sous rosuvastatine (8901 patients) en a présenté 34, soit 26 de moins.

Ce qui fait effectivement un rapport de hasard (Hazard Ratio) à 0.57 (95% confidence interval [CI], 0.37 to 0.86; P=0.007), donc une réduction  statistiquement significative de 43% du risque.

L’énormité de la cohorte étudiée et le faible nombre d’évènements dans chaque groupe (respectivement 0.32 et 0.18 pour cent personnes, par an) rendent cette différence bien peu significative en pratique alors qu’elle l’est statistiquement.

En pratique, l’intérêt de cette belle étude est donc minime (il ne l’est pas sur un plan conceptuel, mais c’est autre chose)

Encore un exemple qui montre qu’il faut toujours avoir la curiosité de regarder derrière un chiffre, aussi chatoyant soit-il, et notamment contrôler sa validité externe.


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Glynn, Robert J., Danielson, Eleanor, Fonseca, Francisco A.H., Genest, Jacques, Gotto, Antonio M., Jr., Kastelein, John J.P., Koenig, Wolfgang, Libby, Peter, Lorenzatti, Alberto J., MacFadyen, Jean G., Nordestgaard, Borge G., Shepherd, James, Willerson, James T., Ridker, Paul M. A Randomized Trial of Rosuvastatin in the Prevention of Venous Thromboembolism. N Engl J Med 2009;360 (non encore publié)

4 Replies to “Par Jupiter!”

  1. Bon ben je suis au chomage si tu critiques les stats des études 😉
    « 0.37 to 0.86; P=0.007 à 95% de confiance » Je veux bien le croire (et grosse flemme de refaire le test).

    Par contre, je me demande si l’astuce consistant à étudier un problème avec une fréquence d’apparition aussi basse est une entourloupe courante dans les publi.

    En pratique, il est clair que ça ne va pas changer grand chose…

  2. C’est une sous analyse de Jupiter, ils ont mis tellement d’argent dans l’étude qu’il faut la rentabiliser.
    Il faut toujours regarder si le papier à du sens clinique, c’est probablement le plus important et le message le plus important à retenir de la LCA (http://kystes.blog.lemonde.fr/2009/03/07/dix-questions-clefs-a-se-poser-en-lisant-un-article-medical/).
    Ca n’a aucun intérêt clinique, il faut traiter un nombre incroyable de patients (ça c’est un chiffre intéressant à calculer) pour éviter une phlébite, il n’y a pas de différence en terme d’embolie pulmonaire dans le papier, ce qui reste quand même la complication la plus angoissante de la TVP.
    Ce papier sert juste à augmenter le buzz autour de cette statine, ils occupent les médias, c’est tout. Ce n’est qu’une stratégie marketing. Le reste (les patients, l’économie de la santé etc) ne les intéresse pas
    Dans une dizaine d’années on enseignera la stratégie du labo comme un cas d’école, dans les écoles de commerce.
    Le NEJM va en passer de la publicité pour la statine et va en faire du tirés à part.
    J’adore le libéralisme sauce big pharma.

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