Au cours de ce trimestre de rentrée où je me suis retrouvé étudiant de première année à Robert Treat, chaque fois que mon père verrouillait à double tour les portes de la maison par-devant et par-derrière et que ma clef ne me permettait d’ouvrir aucune des deux, que, pour pouvoir rentrer à la maison, il fallait que je tambourine à l’une ou à l’autre si par hasard j’étais en retard de vingt minutes sur l’heure décidée par lui, je me disais qu’il était devenu fou.
Et c’était le cas: fou d’angoisse à l’idée que son fils unique et bien-aimé était aussi mal préparé à affronter les périls de l’existence que n’importe quel jeune garçon au seuil de l’âge adulte, fou d’avoir découvert avec stupeur qu’un petit garçon grandit, en âge et en taille, qu’il se met à éclipser ses parents, et qu’à ce moment-là on ne peut pas le garder pour soi, qu’il faut le livrer au monde.
Indignation
Philip Roth
Gallimard
reparti dans du philip roth ?! est-ce a dire que c’est l’echauffement avant de venir a bout de ‘la tache’ ?
Je ne sais même pas où j’ai mis cette tache!
Je suis à la page 36 de Indignation, et c’est très bon…
Je me réjouis d’avoir ton commentaire sur ce livre que j’ai beaucoup aimé…
Ah oui c’est excellent ! j’ai ri tout fort lors du long dialogue avec le doyen. Je ne sais pas comment fait P. Roth (le style est limpide, la forme est simple), mais c’est un génie ! ce vieil homme fait parler un jeune homme mort : c’est la quintessence de la jeunesse qu’il saisit. L’âge et l’époque où on se demande : mais pourquoi donc cette fille m’a-t-elle taillé une pipe sans que je le lui demande !
Son style est en effet limpide, et c’est d’autant plus remarquable qu’il suscite ou remémore des sentiments complexes au lecteur…