J’en ai déjà parlé au moins une demi-douzaine de fois, mais la prise de conscience de ce phénomène s’étend aux États-Unis.
En ce moment, après Merck, ce sont les laboratoires GSK et surtout Wyeth qui sont sur la sellette aux États-Unis.
Le NYT a publié deux articles récents (cf infra), et le Health Blog du Wall Street Journal m’a fait connaître le bel acronyme de ce qu’était le programme « maison » de GSK: CASPER!
Les articles du NYT décrivent très bien le mécanisme du ghostwriting, notamment grâce à des copies de documents obtenus au cours de procès en cours.
Un laboratoire pharmaceutique « commande » à une officine spécialisée un article, par exemple une revue de la littérature, voire carrément un article scientifique.
L’officine rédige un brouillon et le soumet à l’approbation du laboratoire.
Une fois approuvé, l’article est soumis à un auteur, si possible prestigieux, afin qu’il y appose sa signature.
L’article signé est proposé à une revue, là aussi si possible prestigieuse.
La revue publie l’article, probablement rassurée, voire attirée par sa signature.
Ensuite, le service commercial a beau jeu d’inonder les médecins de fac-similés d’articles ventant les bienfaits de la molécule en question.
Dans cette histoire, le plus délicat est de savoir ce que fait exactement le signataire de l’article. Se contente-t-il de signer, ou participe-t-il vraiment à son élaboration? En général, et c’est le cas dans l’article du NYT, les auteurs se défendent en disant que leur apport à l’élaboration du texte s’est fait au cours de réunions, par exemple téléphoniques, et donc que leur travail n’est pas « visible » sur les documents internes des différents intervenants.
Mais il est très facile de comparer le brouillon écrit par l’officine et le papier final publié pour se faire une idée de qui a réellement fait quoi.
Les auteurs du Health Blog précisent que l’industrie pharmaceutique a publié de nouvelles recommandations qui bannissent de tels agissements.
J’espère que ce ne sont pas des vœux pieux.
Malgré la litanie de scandales que j’égrène dans ces lignes depuis un peu plus de quatre ans et demi, je m’étonne encore une fois de plus du fossé qui sépare la réalité, de l’image profondément humaniste que l’industrie se façonne auprès des patients et des médecins.
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Medical Papers by Ghostwriters Pushed Therapy. By Natasha Singer. The New York Times. Published: August 5, 2009
Senator Moves to Block Medical Ghostwriting. By Natasha Singer.The New York Times. Published: August 19, 2009