Le patient médecin (n+1)

C’est un exercice assez étonnant d’avoir comme patient un médecin généraliste en activité.

Dans l’immense majorité des cas, mes patients médecins sont âgés et ils ont laissé filé le train du progrès médical depuis longtemps. Par contre, ils gardent cette incroyable philosophie de vie, souvent implicite, qui caractérise souvent les médecins vers la fin de leur vie.

En hospitalisation, en face de la rubrique Religion, ils répondent en général: Aucune, je ne crois en rien.

Ils font aussi tout ce qu’ils n’auraient pas toléré d’un patient. Ainsi, récemment, un généraliste à la retraite m’a raconté qu’il s’est diagnostiqué une angiocholite, en me récitant par ordre chronologique tous les signes classiques de la triade de Bard et Pic, et qu’il n’a pas voulu se rendre à l’hôpital jusqu’à ce que le SAMU l’enfourne de force dans le pin-pon.

Bah bravo! Et si un de vos patients avait fait ça?

Je l’aurais engueulé! Je suis vraiment con…

Mais là, le médecin travaille toujours, il adresse des patients dans les services ou je travaille et il se tient au courant.

On discute donc des options thérapeutiques collégialement.

Comme vous pouvez l’imaginer, ce n’est pas forcément simple.

« Flécainide+aténolol », ça n’évoque pas grand chose a priori (c’est à dire avant la lecture de la notice et une consultation chez le Dr Google) à la majorité des patients, mais là, il a fallu discuter ferme. Et finalement, il a été très content de cette association.

Je n’ai pas osé lui demander si il prenait bien ses médicaments…

Les vieux agrégés, eux, ont une particularité supplémentaire, ils adorent cancaner sur le cursus honorum de l’hippodrome de la Faculté. Les agrégés moins vieux le font aussi, mais en plus ils se plaignent de l’administration de l’hôpital.

Comme je suis consciencieux, j’ai écrit un courrier au médecin traitant de mon médecin:

Monsieur le Dr XXX,

Cher ami,

Merci de vous être confié à moi.

***

Amitiés.


Pour le paiement, rien,  pas même la carte Vitale.

J’ai quand même accepté de bon cœur d’excellentissimes chocolats dont je lui avais avoué ma passion.

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On ne peut pas nous enlever ça, en général nous savons vivre et si cela s’avère nécessaire, mourir.

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