Les bonnes choses ont une fin.
Dernier extrait qui raconte les difficultés rencontrées par les confrères dans certains quartiers de Paris, à l’aube de la Grande Guerre.
Le récit est anonyme, vous comprendrez pourquoi en lisant le texte.
Ici, pas d’envols lyriques sur la souffrance, l’injustice de la mort ou la beauté de notre pratique, on est ancré dans le concret. Ce texte est un manuel pour les jeunes installés du début du siècle dernier.
Pour faciliter la navigation, j’ai créé un tag « histoire médicale » qui vous permettra aisément de retrouver l’ensemble des notes qui tournent autour du sujet.
(Pas dit que je ne fasse pas une note ou deux de plus lorsque je n’en aurai plus marre (après une nuit de sommeil?!) de chercher des PDF centenaires sur la toile)
Pour ce qui est du rôle important de la concierge, Céline en parle dans « voyage au bout de la nuit » en termes identiques.
C’est vrai qu’il parle des concierges comme régulateurs de la démographie médicale:
« Les gens du quartier sont venus la regarder ma plaque, soupçonneux. Ils ont même été demander au Commissariat de Police si j’étais bien un vrai médecin. Oui, qu’on leur a répondu. Il a déposé son Diplôme, c’en est un. Alors, il fut répété dans tout Rancy qu’il venait de s’installer un vrai médecin en plus des autres. « Y gagnera pas son bifteck ! a prédit tout de suite ma concierge. Il y en a déjà bien trop des médecins par ici ! » Et c’était exactement observé. »
Et aussi comme pivots de la PMI:
« L’été aussi tout sentait fort. Il n’y avait plus d’air dans la cour, rien que des odeurs. C’est celle du chou-fleur qui l’emporte et facilement sur toutes les autres. Un chou fleur vaut dix cabinets, même s’ils débordent. C’est entendu. Ceux du deuxième débordaient souvent. La concierge du 8, la mère Cézanne, arrivait alors avec son jonc trifouilleur. Je l’observais à s’escrimer. C’est comme ça que nous finîmes par avoir des conversations. « Moi, qu’elle me conseillait, si j’étais à votre place, en douce, je débarrasserais les femmes qui sont enceintes… Y en a des femmes dans ce quartier-ci qui font la vie… C’est à pas y croire !… Et elles demanderaient pas mieux que de vous faire travailler !… Moi, je vous le dis ! C’est meilleur toujours qu’à soigner les petits employés pour leurs varices… Surtout que ça c’est du comptant. »
La mère Cézanne avait un grand mépris d’aristocrate, qui lui venait je ne sais d’où, pour tous les gens qui travaillent… »
(merci la fonction Ctrl + F !)
Génial article sur les influenceurs du début du 20ème siècle! Si aujourd’hui on parle de leaders d’opinion et de « formeurs d’opinion », les pharmaciens et les concierges faisaient de façon évidente partie de la deuxième catégorie: ils relayaient la « bonne parole » à la population.
Comme c’est amusant de voir un groupe social qui regroupe syndicalistes, pharmaciens et concierges! Dans l’article, il n’est pas fait mention d’interactions entre les personnes de ce groupe… Aujourd’hui, Twitter pourrait les aider… Sauf qu’il n’y a plus tellement de concierge…