Une patiente dont le nom se termine par -ian est hospitalisée.
Son nom de jeune fille se termine aussi par -ian, tout comme le nom de son cardiologue. C’est assez courant d’observer ces regroupements dans la communauté arménienne (comme dans toutes les autres, d’ailleurs, j’en avais déjà parlé ici). La patiente a en fait été mal aiguillée, et j’appelle le médecin généraliste qui s’occupe du secteur qui serait plus adapté pour elle. C’est aussi un -ian. Quand il entre dans la chambre et qu’il donne son nom (le phénotype aurait déjà suffit par lui même), les visages de la patiente et de ses fils se sont éclairés, et les langues se sont déliées. J’adore le communautarisme vu sous cet angle là. Dommage, mon -ian n’a pas pu utiliser les quelques mots d’arménien dont il se souvient, ce qui aurait à coup sûr rendu l’atmosphère devenue détendue, franchement joviale.
On examine la patiente et on discute avec les deux fils. Bien sûr, les -ians, le mien et toute la famille commmencent à comparer leurs connaissances.
Harutunian? Connais!
Topalian? Connais!
Dilsizian? Connais!
Mélikian? Connais!
Boyajian? Connais!
Najarian? Connais!
En sortant de la chambre, on a éclaté de rire, car la communauté arménienne, ses petits défauts (ce sont en général de très bon vivants, c’est donc un gros facteur de risque cardio-vasculaire) et ses grandes qualités sont une source inépuisable de discussions et de rires avec mon -ian.
Et puis, on connait des tas de médicaments arméniens, eux aussi: Solian, Tercian…
Nous avons alors eu une idée lumineuse; pourquoi ne pas faire un annuaire téléphonique inversé avec le suffixe au début?