Tuez les tous…

Dieu reconnaitra les siens.

Grâce à Stéphane, j’ai découvert ce « point de vue » édifiant et manichéen de Martin Winkler dans les colonnes du journal « Le Monde ».

J’aime bien et je déteste bien ce confrère qui est aussi un auteur.

Comme tous les agitateurs, il est nécessaire pour faire avancer les choses. Il est le poil à gratter qui oblige à se poser des questions sur le « système », en l’espèce le système de santé.

Ma  réaction face à ses textes est stéréotypée, presque un réflexe médullaire: je lis, je me raidis sur ma chaise en me disant « Qu’est ce que c’est que ce tissu de conneries! », puis rageur, je réfléchi et trouve que dans le fond il a raison, puis je passe à autre chose.

Ce qu’il dit est toujours empreint de bon sens et je suis persuadé que Martin Winkler est un homme bien.

Il suffirait simplement qu’il soit moins caricatural, un peu moins gueulard.

Et là, tout le monde prendrait conscience que c’est un homme bien et qu’il est loin d’être un âne.

Mais son problème est qu’il ne semble pas pouvoir communiquer avec discernement, et sa malédiction est qu’il est persuadé que s’il le faisait, personne ne l’écouterait.

Il continue donc à braire dans son enclos.

Les passants l’entendent de loin, s’approchent, le trouvent sympa (qui ne trouverait pas un âne sympa?), mais s’éloignent finalement, incommodés par le bruit.

Ce ne sont pas les « élites » qui le bâillonnent, mais c’est son brait qui le rend inaudible.

Tout ce qui est exagéré est insignifiant.

C’est si vrai…

C’est dommage, car c’est vraiment un homme bien.

Je lui souhaite bonne chance pour ses aventures canadiennes, j’espère seulement que nos amis québécois sauront apprécier l’homme au delà du braillard franchouillard, caricature qu’il ne va pas manquer de leur évoquer (« Je me souviens » du « maudits français » qui m’avait fait tant rire à l’époque).

Quand je dis que j’aime bien Martin Winkler, ce n’est pas pour faire une figure de rhétorique.

Quand j’ai quitté mon poste d’assistant en 2004 (et oui, je suis un méchant hyperspécialisé, mais c’est moins grave car je ne suis plus un hospitalo-universitaire), j’ai voulu offrir un cadeau à mon patron.

Je voulais lui offrir quelque chose de personnel, afin de le remercier de m’avoir aidé à apprendre mon métier, d’avoir essayé de me transmettre sa rigueur et son honnêteté intellectuelle. Malgré ses défauts (qui n’en a pas?), j’ai toujours beaucoup de tendresse pour lui (mais c’est aussi vrai que je suis par nature soumis à l’autorité, puisque j’ai réussit P1).

Je lui ai offert un livre, pour moi l’objet noble entre tous.

Je lui ai offert « Les trois médecins » de Martin Winkler.

Je ne sais pas s’il l’a lu.

4 Replies to “Tuez les tous…”

  1. J’espère qu’il ne l’a pas lu… J’avais pas trouvé ce livre formidable… Un peu dans la droite ligne de son article du monde : les spécialistes sont des méchants etc… Dommage, il y a du vrai pourtant dans ses propos sur la part de nos chefs de sévice dans le naufrage des CHU français (sur le plan financier et scientifique)…
    Ce qui me désespère, c’est devoir des problèmes liés à des rivalités de personne entre « grands professeurs » qui durent parfois depuis plus de trente ans et qui se poursuivent de génération en génération… Que d’énergie et parfois que d’argent dépensé pour rien…

  2. @Lawrence: Il y a peut-être là l’effet de déformation dû aux médias. Ceux-ci apprécient les positions tranchées, le scandale, la « dénonciation ». Les points de vue équilibrés sont trop fades.

  3. Je ne vous ai pas remercié, pour cet article, mais j’aurais du.
    Je n’avais jamais su expliquer pourquoi je n’aimais pas le personnage. Notez, je n’ai pas dit « la personne », que je ne connais pas. Et vous venez de mettre des mots très justes.
    Le fond, la forme, et l’être humain, drôle de mélange.
    Merci, donc, oubli réparé 🙂

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