Le chef d’orchestre doute.
Il doute à un tel point qu’il n’a même plus conscience de ce qu’il est. Et son orchestre n’en a plus que le nom. On devrait plutôt parler d’une bande désaccordée de primas donnas qui ne le respectent plus, sauf bien sûr pour donner le change et conserver les apparences.
Le chef se demande pourquoi c’est lui qui a la formation la plus courte et la plus bancale, alors que ce devrait être le contraire?
Le chef se demande pourquoi il est le moins bien payé, ce qui l’oblige à diriger comme un tâcheron, et ce qui ne l’aide pas à lever les yeux contre ses solistes?
Le public n’a plus conscience, non plus, qu’il y a un chef. Au contraire, le public voudrait que le chef quitte son estrade pour mieux voir et avoir accès aux solistes.
Qui donc est cet individu qui nous tourne le dos avec sa petite baguette, et qui nous cache le premier violon virtuose (et conscient de l’être), l’étincellant cor d’harmonie ou la tonitruante grosse caisse? Ce sont eux qui font la musique, non?
Le chef arrivera-t’il même à faire jouer son propre requiem?
Je ne sais pas pourquoi, mais ce soir, la lecture de ce texte pourtant plutôt raisonnablement optimiste m’a profondémment déprimé. Soliste parmi les autres, je perçois néanmoins comme très sombre l’avenir de ce métier que j’aime tant.
C’est que j’ai eu l’impression de lire une élégie.
modification du texte le 10/02/09 9h20.