Un haut niveau scientifique

Trois agrégés, à la tête de trois entités dont la raison d’être est la lutte scientifique contre l’hypertension ont écrit une jolie petite lettre à notre ministre de la Santé et au Président de la HAS pour protester contre la décision de cette dernière d’avoir rendu un avis défavorable sur l’inscription d’une spécialité, l’Exforge HCT®, sur la liste des spécialités remboursables aux assurés sociaux (B/30 et B/90) et sur la liste des médicaments agréés à l’usage des collectivités et divers services publics (B/30, B/90, B/56) dans l’indication et les posologies de l’AMM.

En un mot de ne pas approuver son remboursement, ce qui obère très sensiblement ses chances d’être un succès commercial.

L’Exforge HCT® est l’association en 1 comprimé de valsartan+amlodipine+hydrochlorothiazide.

Quels sont les reproches contenus dans cette lettre, et quels sont leurs arguments?

Cette décision grave est la première de cette nature en France dans le domaine des médicaments de la prévention des maladies cardiovasculaires, et va créer une inégalité d’accès aux innovations thérapeutiques dans notre pays : parmi les patients hypertendus les plus gravement atteints et les plus fragiles, seuls les plus aisés pourront accéder à un médicament non remboursé et bénéficier de ce nouveau traitement.

C’est donc grave, premier argument, car les pauvres, les plus démunis, sont encore une fois laissés sur le rebord de la route, dans le caniveau, en ces temps de rigueur et de crise économique mondiale. Ils ne pourront pas bénéficier de l’innovation majeure que représente cette triple association dont la puissance est concentrée dans une pilule.

On en parlait, on la craignait, mais elle vient d’étendre son fendillement jusqu’à nos pieds, la médecine à deux vitesses, qui n’est qu’un des nombreux traits de refend de la fracture sociale

Les associations de médicaments en un seul comprimé représentent pourtant une réelle innovation en matière de prise en charge d’une maladie chronique comme l’hypertension artérielle qui touche plus de 12 millions de sujets aujourd’hui en France. Parmi ces patients, près de 20% sont traités par au moins trois médicaments antihypertenseurs, auxquels il faut ajouter bien souvent les médicaments hypolipémiants, antiplaquettaires, et antidiabétiques.

Cet argument est imparable, et semble aller dans le sens de l’histoire.

En effet, plus le temps avance, et plus il faut empiler les molécules afin de maîtriser le fléau de l’hypertension.

Pourtant, bizarrement, comme je l’ai déjà souligné, l’évolution du génome de l’être humain ne paraît pas être aussi rapide. Peut-être faudrait-il donc insister sur le changement de mode de vie, notamment diminuer les apports sodés plutôt que d’empiler peu utilement des molécules pour le traitement de l’HTA?

Mais c’est un autre débat, revenons à nos moutons.

L’innovation des associations fixes a d’ailleurs été souligné larga manu pour l’Exforge® en 2007.

Je crois me rappeler que le problème de l’HTA n’a pour autant pas été résolu cette année.

Car l’Exforge®, valsartan+amlodipine, existe déjà.

Cette association innovante en 2007 n’avait néanmoins pas fait rêver Prescrire qui ne me semble pourtant pas être une émanation des forces opprimant le peuple hypertendu souffrant:


Photobucket

Rev Prescrire 2007 ; 27 (289) : 811.

 

 

 

A l’époque, l’Exforge® n’avait pas non plus fait rêver la HAS qui l’avait affublé d’une ASMR V le 14 mars 2007:

Ces associations fixes n’ont pas montré d’impact en termes de réduction de la morbimortalité. Ces spécialités sont des médicaments de deuxième intention chez des patients dont la pression artérielle n’est pas suffisamment contrôlée par amlodipine ou valsartan en monothérapie. ll existe de nombreuses alternatives ayant montré un impact en termes de réduction de la morbi-mortalité (diurétiques, bêtabloquants, antagonistes des canaux calciques ou autres antagonistes du système rénine-angiotensine).


EXFORGE est un médicament de deuxième intention dans le traitement médicamenteux de l’hypertension artérielle, prescrit chez des patients dont la pression artérielle n’est pas suffisamment contrôlée par valsartan ou amlodipine seul. L’intérêt de cette association fixe dans la prise en charge des patients par rapport à la prise séparée des deux médicaments n’est pas établi.

La dernière phrase me semble importante.

On va la relire tranquillement.

L’intérêt de cette association fixe dans la prise en charge des patients par rapport à la prise séparée des deux médicaments n’est pas établi.

Autrement dit, aucune étude scientifique disponible.

Je présume que si la firme disposait d’une étude montrant un intérêt même minime d’associer valsartan et amlodipine en un comprimé, elle se serait empressée de la verser au dossier qu’elle a fourni à la HAS, non?

En 2007, donc la HAS était déjà passée à côté de l’innovation thérapeutique que représentait l’Exforge®.

A l’époque, est-ce que nos trois agrégés avaient écrit à la HAS pour dénoncer une telle discrimination envers nos hypertendus fragiles et notamment aux revenus les plus modestes? (L’Exforge® est néanmoins remboursé.)

Mais en 2010, c’est bien plus grave, car l’Exforge HCT® représente une innovation par rapport à l’innovation que représentait l’Exforge®. C’est dire comme c’est innovant, et à quel point la santé publique, notamment celle des plus pauvres, risque de pâtir de l’avis de la HAS.

Comment la HAS peut-elle se justifier devant une erreur d’appréciation aussi manifeste?

Son avis est disponible ici.

Voici un extrait:

La réduction de la morbi-mortalité attribuable à l’hypertension artérielle constitue un besoin de santé publique (priorité identifiée du GTNDO * et de la loi de santé publique). Toutefois, les traitements existants (y compris l’association libre de amlodipine, valsartan et hydrochlorothiazide) participent déjà à la couverture de ce besoin. Il n’y a pas d’argument en faveur d’un bénéfice du traitement par cette association fixe par rapport à l’association libre de ces trois principe actifs (y compris en termes d’observance). En conséquence, il n’est pas attendu d’intérêt de santé publique pour la spécialité EXFORGE HCT dans cette indication.
* GTNDO : Groupe Technique National de Définition.

Dans la prise en charge de l’hypertension artérielle, il est important de pouvoir adapter la posologie des anti-hypertenseurs au regard de la situation clinique de chaque patient et de son évolution potentielle ; EXFORGE HCT, association fixe de 3 antihypertenseurs, ne permet pas de répondre à ce besoin malgré les différents dosages proposés. Les conséquences d’un arrêt de traitement d’une association fixe de 3 antihypertenseurs sont potentiellement plus graves que celles liées à un arrêt de monothérapie ou de bithérapie; ainsi, on peut craindre un rebond hypertensif plus violent à l’arrêt d’une trithérapie. Une dérive de prescription vers les patients avec HTA légère à modérée, qui conduirait à une sur-prescription d’EXFORGE HCT chez ces patients, est à craindre au regard de facilité d’utilisation d’une trithérapie en un seul comprimé. Le risque iatrogène d’EXFORGE HCT est augmenté par rapport aux monothérapies et bithérapies disponibles du fait de l’association fixe de trois principes actifs. Enfin, la mise à disposition d’EXFORGE HCT (association fixe d’amlodipine, valsartan et HCTZ) sous 4 dosages différents alors qu’EXFORGE (association fixe d’amlodipine et valsartan) est déjà disponible sur le marché sous 3 dosages pourrait générer des erreurs de prescription. Il existe de nombreuses alternatives médicamenteuses permettant une adaptation fine des doses.
Compte-tenu de ces données, la Commission de la transparence considère que le mésusage potentiel lié à la mise à disposition d’EXFORGE HCT est supérieur aux avantages attendus.

Là aussi, parmi quelques arguments qui me semblent tenir du bon sens, mais ce n’est pas scientifique, je retiens cette phrase:

Il n’y a pas d’argument en faveur d’un bénéfice du traitement par cette association fixe par rapport à l’association libre de ces trois principe actifs (y compris en termes d’observance).

C’est troublant, parce que nos trois signataires ont bien du la lire, cette étude qui montre cet intérêt?

Car ils déclarent que cette innovation est réelle. Sous-entendu scientifiquement prouvée.

Elle doit donc bien exister? Où est-elle?

Autre argument en faveur de son existence.

Imaginons qu’en 2007 la firme ait été un peu à la bourre pour monter une étude qui montre une supériorité (même une non-infériorité, à la rigueur) de son association fixe par rapport à leur prise séparée. Pourquoi en 2009, une telle étude qui viendrait pourtant étayer une réelle innovation, qui plus est une innovation socialement responsable n’est pas encore disponible?

Si l’un de vous a les références de cette étude perdue, qu’il n’hésite pas à la faire parvenir à la HAS, avec un double pour mon information. Je parle bien évidemment d’une étude sur ces trois principes actifs, et pas de l’intérêt des associations fixes en général. Nous sommes entre scientifiques sérieux…

La seconde partie du courrier déploie un argument majeur qui ouvre par ailleurs un champ encore inexploré du raisonnement scientifique:

Il est heureux que dans le passé, la Commission de la Transparence de la Haute Autorité de Santé ait donné un avis favorable au remboursement de l’association de trois antirétroviraux pour le traitement des patients atteints par le HIV2. Bien que le contexte soit différent, nous aimerions comprendre ce qui justifie l’opposition complète entre ces deux décisions.

Dans le traitement de l’infection du HIV, la HAS a permis le remboursement d’une tri-thérapie combinée, pourquoi pas dans l’HTA?

Ben, parce que un traitement anti HIV et un traitement anti HTA, c’est pas pareil-pareil.

Non?

Et bien que leur abréviation comporte trois lettres et commence par la même, le HIV et l’HTA, c’est pas pareil-pareil non plus, non?

Le pourquoi pas nous me semble être un argument scientifique majeur et encore trop peu utilisé dans le domaine de la recherche médicale.

De plus, il ouvre des perspectives immenses pour les associations fixes dans le traitement de l’HTA.

Lorsque dans quelques années, la HAS refusera le remboursement d’une icosikaitetrathérapie anti HTA innovante, on pourra réutiliser l’argument:

Il est heureux que dans le passé, la Commission de la Transparence de la Haute Autorité de Santé ait donné un avis favorable au remboursement de l’association de vingt-quatre principes actifs pour le traitement des patients atteints de dénutrition. Bien que le contexte soit différent, nous aimerions comprendre ce qui justifie l’opposition complète entre ces deux décisions.

[ J’ai pris l’exemple du Perikabiven® 😉 ]

Imparable?

Dernière partie de la lettre:

Devant l’importance des conséquences, pour les hypertendus les plus à risque, de l’avis pris par la Commission de la Transparence sur l’utilisation des combinaisons d’antihypertenseurs, nous sollicitons auprès de la Haute Autorité de Santé, l’organisation d’une mission d’expertise pluridisciplinaire ayant pour objet de définir la place des associations fixes médicamenteuses dans la prise en charge de l’hypertension artérielle.

Ben, il n’y a pas besoin de monter une commission, puisque l’intérêt des combinaisons d’antihypertenseurs est probablement parfaitement démontré au cas par cas par des études scientifiques fiables. Bon, là, pas de chance pour l’Exforge HCT®, on a perdu l’étude, mais pour toutes les autres, il n’y a qu’a envoyer les tirés à part à la HAS…

Non?

Ce courrier m’a bien fait rire.

Rire prolonge la vie (arrivé à ce très très haut niveau scientifique, je me dispense de vous donner une référence, vous n’êtes que des blattes).

Donc la HAS devrait inscrire cette lettre sur la liste des spécialités remboursables aux assurés sociaux et sur la liste des médicaments agréés à l’usage des collectivités et divers services publics dans l’indication et les posologies de l’AMM.

Parce que si trois c’est remboursable pour le HIV, c’est aussi remboursable pour rire et prolonger la vie.

CQFD.

Morale de ce courrier, par ailleurs parfait petit manuel pour ceux qui n’ont pas d’arguments scientifiques pour étayer leurs opinions:

  • Faites pleurer mémé en parlant des personnes défavorisées, d’injustice sociale, de réchauffement de la planète…
  • Faites des comparaisons entre des choses non comparables, plus c’est gros, plus ça passe.
  • Faites comme si vos opinions étaient démontrées par de nombreux travaux scientifiques, du genre  » c’est tellement évident et il y a tellement d’études…  » Soyez même un peu méprisants, c’est encore mieux, le lecteur se sentira coupable de son inculture.
  • Rassemblez le plus possible de cosignataires, et mettez en avant leurs titres, ça impressionne toujours le gogo.
  • Flattez l’interlocuteur en proposant de faire quelque chose qu’il aime, ici monter une mission d’expertise pluridisciplinaire. Autre intérêt, montrer sa bonne volonté tout en noyant le poisson, car c’est bien connu, en France, on aime par dessus tout faire semblant de résoudre un problème en commission de travail/d’expertise…
  • Faites diffuser le plus largement votre lettre par une agence de presse, même si elle est adressée initialement à deux personnes seulement. C’est une loi fondamentale de la communication : une ânerie devient vérité si on la répète suffisamment souvent (Si si, ils l’ont fait 😉 )

 

 



Merci à qui se reconnait, pour m’avoir transmis cette merveille.

21 Replies to “Un haut niveau scientifique”

  1.  » C’est une loi fondamentale de la communication : une ânerie devient vérité si on la répète suffisamment souvent  » et BIEN FORT!

  2. « Il n’y a pas d’argument en faveur d’un bénéfice du traitement par cette association fixe par rapport à l’association libre de ces trois principe actifs (y compris en termes d’observance). »
    j’ai lu et relu ce texte car mes souvenirs quant au TT de l’HTA sont lointains.(ils datent du las*lix et du catapr*ssan , c’est dire !)
    il y a une chose que nous remarquons en glaucome c’est que l’observance est meilleure pour les associations fixes que pour les spécialités isolées, d’autant plus que les études espions montrent qu’un très faible pourcentage de patients est observant en matière de collyres anti glaucomateux (mm ceux à qui ont fait très confiance).

  3. Avec les associations fixes et le renouvellement automatique des ordonnances par informatique ne peut on parfois « oublier » ce qu’il y a dans « la soupe » avec les risques d’interactions médicamenteuses que cela pourrait comporter.

    D’autre part, l’association libre par « l’accumulation » de lignes d’ordonnance ne limiterait-elle pas le fait de rajouter une ligne supplémentaire.

    Bon je reconnais que c’est un peu tiré par les cheveux.

    1. pour ce qui me concerne (mais je suis un dinosaure)mes ordonnances sont rédigées au stylo bille (je déteste mais c’est mieux pour le duplicata)ou à la plume et quand on écrit de sa main on réfléchit mieux que si on appuie sur print :=))
      mais je reconnais que pour un oph c’est plus simple : suffit de faire gaffe aux Beta Bloquants et aux prostaglandines ou de faire signaler leur présence au médecin traitant.
      pour un cardio ou un généraliste c’est sûrement plus compliqué de gérer les associations 2 ou 3 en un

  4. Le bénéfice attendu est pour BIG PHARMA commercialisant TAREG et COTAREG qui vient d’être frappé d’une grave maladie qui s’appelle: CREATION DE GROUPES GENERIQUES.

    http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000021817796&dateTexte=&categorieLien=id

    Depuis le 22/12/2009, les groupes sont créés pour le TAREG et le COTAREG, ce qui veut dire « évaporation des parts de marché » en perspective.

    En tapant VALSARTAN dans le champ prévu à cet effet en allant au bout du lien ci-dessous, vous trouverez les ignobles concurrents qui ont obtenu des AMM! Voleurs!!!:

    http://afssaps-prd.afssaps.fr/php/ecodex/index.php#result

    Il n’y a pas encore les prix, mais on pourra les trouver au bout du lien ci-dessous en tapant VALSARTAN dans le champ prévu à cet effet en cochant « CIP » et « homogation aux assurés sociaux »
    Comment faire pour créer de nouvelles niches pour que BIG PHARMA ne perde pas trop de lard??? Créer une trithérapie… puis pourquoi pas une quadrithérapie… etc.
    La problématique industrielle est la course folle aux parts de marché et rien d’autre…

    Bientôt on nous expliquera que pour les pauvres c’est moins de franchises (1 boîte à la place de 3!) et on nous montrera par A+B que la « trithérapie » c’est moins cher que les 3 séparés pour la vache à lait (notre pauvre sécu!).
    Mais la note n’a-t-elle pas été salée sur l’annulation des commandes de vaccins pour l’Etat français avec ce BIG PHARMA là?

    1. Orso, dans le doute, j’ai supprimé ton paragraphe sur les relations potentielles entre les auteurs et l’industrie. Je n’ai pas eu le temps (ni l’envie) de rechercher des conflits d’intérêts et je ne suis pas certain que l’on puisse trouver des contrat de travail, notamment ceux qui n’ont pas été encore signés!
      😉

  5. Très intéressant et bien rédigé, vraiment, je suis fan, et j’avais exactement le même avis que vous sur cette histoire dont j’avais au demeurant entendu parler avant de vous lire.

    Par contre, juste un point un peu flou, c’est que la différence pour la trithérapie HIV ils ont demandé le remboursement ? Pourquoi ? parce que les posos sont moins variables ?

    Merci pour ce billet FORT REJOUISSANT MA FOI.

  6. Salut et merci pour ton billet.

    Pour une fois, je ne suis pas parfaitement d’accord avec toi. Le fait que trois PU écrivent une lettre ensemble à l’HAS pour défendre un médicament, je trouve ca choquant seulement si ils ont un conflit d’intérêt. Est-ce qu’ils ont fait partie du board/EPU/autres compensations par la Pharma?
    Si la réponse est non, c’est plutôt bien que les universitaires se regroupent pour faire des groupes de pressions sur les décisionnaires politiques et médicaux, ca change du « chacun pour sa gueule » habituel.

    Deuxième point, sur l’avantage et les inconvénients d’un médicaments deux an un. On va avoir ca en psychiatrie avec le Zyprexa+Prozac (Lilly powaa inside!), et je n’en ai pas trop l’habitude, (pas sur que je le prescrirais un jour d’ailleurs). Ce qui est presque sur, c’est que ca va être très difficile pour un labo de montrer la supériorité du deux-en-un, en terme d’efficacité, même si c’est beaucoup plus efficace pour la complicance. Et si ils font une étude sur la compliance, on leur reprochera d’avoir choisi ce critère plutôt que l’efficacité.

    Je trouve que pour les patients, c’est probablement une avancée de prendre une pilule plutôt que deux ou trois, notamment chez les sujets âgés?

    1. Salut mon Yann!
      Pour le premier point, je n’ai pas vérifié, autant par flemme que parce que le « pourquoi » ne m’intéressait pas. Enfin, « tout » expliquer par des conflits d’intérêts me paraît un peu trop simpliste.D’un autre côté, cela me semble évident que leurs entités ne vivent pas que d’amour d’eau fraîche, de donations de particuliers et d’argent public.

      Pour le second point, en toute rigueur, pas d’étude, pas d’avis dépourvu de conditionnel. Et là, il n’y en a pas, l’innovation est « réelle ». Les études présentées dans le rapport de la HAS sont assez drôles, d’ailleurs. En gros, 3 en 1 (anti HTA) c’est mieux que 2 en 1. Bah tant mieux, et heureusement! Il ne manquerait plus que ça soit moins bien! Par contre rien, strictement rien sur le seul truc nouveau qu’apporte ce traitement, c’est à dire de combiner 3 molécules en 1 seule pilule.
      C’est dommage, quand même…

  7. L’industrie appelle de tous ses vœux la « grande innovation » des trithérapies anti hypertensives dans le but de multiplier les combinaisons pour contourner le répertoire des génériques. Bien sûr jamais elle ne présentera les choses de cette façon-là.
    Il faut savoir que le LOSARTAN, l’IRBESARTAN, le CANDESARTAN et le VALSARTAN viennent d’être inscrits assez récemment au répertoire des génériques. Il est possible que les sartans souhaitent trouver des parades au répertoire via la multiplication des associations.

    L’innovation PERINDOPRIL ARGININE + AMLODIPINE BESILATE est un exemple récent que j’aime bien (COVERAM®). La conclusion sur l’intérêt de l’association dans un seul comprimé est la même :

    Cliquer pour accéder à synthese_davis_-_coveram_-_ct-6938.pdf

    Le PERINDOPRIL ARGININE qui est un bio-équivalent du PERINDOPRIL TERT BUTYLAMINE d’origine (ayant servi aux études cliniques) est devenu princeps (khalife à la place du khalife) avec un étiquetage de dosage différent ! (c’est un petit clin d’œil à ceux qui pensent que les études de bioéquivalence chez le volontaire sain ce n’est pas suffisant et qu’on ne voit pas se révolter dans la presse médicale gratuite…).

    Voilà la fiche de transparence de la HAS sur le nouveau COVERSYL® inialement appelé BIOCOVERSYL®:

    Cliquer pour accéder à ct-5282_biocoversyl_.pdf

    Au passage je note aussi que l’AMLODIPINE est un sel de besilate (un de ces fameux sels divers et variés dont il faudrait se méfier dans les CLOPIDOGREL bioéquivalents !!!).

    Même si le nouveau COVERSYL® peut freiner la substitution, ça ne l’annule pas ; d’où l’intérêt de l’innovation COVERAM® pour récupérer des parts de marché.

    Ce sont des techniques de contournement des médicaments génériques déjà connues et rien de plus. Je trouve que la décision de la commission de transparence est excellente !!! Mais c’est effectivement un précédent (à ma connaissance) de refuser l’admission au remboursement d’un médicament présenté par BIG PHARMA. La comparaison au trithérapie anti VIH est simplement une revendication de « ME TOO » sur le plan stratégique. Pourquoi refuser au traitement anti HTA ce qui a été accordé au traitement anti VIH ? La comparaison s’arrête là et est uniquement commerciale.

  8. A titre informatif vous trouverez au bout du lien tout en bas l’intégralité du compte rendu d’un débat de la séance du 19/11/2008 (débat au Sénat sur le PLFSS 2009) où un amendement (N°447) qui visait à prévenir le contournement des génériques par les associations de principes actifs a finalement été rejeté. Rechercher « association » dans le texte pour retrouver le sujet.

    …M. François Autain. « Il s’agit d’éviter que certaines associations médicamenteuses ne soient utilisées pour contourner la législation relative aux génériques. »…

    …Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre. « Le Gouvernement y est également défavorable.
    Je rappelle à M. Autain l’intérêt pour les malades recevant les nouvelles thérapies du sida, par exemple, de voir associées des molécules dans un même médicament pour faciliter la prise de la thérapeutique. »

    M. le président. La parole est à M. François Autain, pour explication de vote.

    M. François Autain. « Vous m’avez mal compris, madame la ministre. Il ne s’agit pas d’empêcher toute association de médicaments ! Par conséquent, je ne vois pas pourquoi vous vous opposez à cet amendement. »….

    http://www.senat.fr/seances/s200811/s20081119/s20081119010.html

    J’en déduis que pour plaider la trithérapie, nos experts frappent à la bonne porte.

    C’est promis je ne m’exprime plus sur cette note et je retourne à ma garde dominicale!

  9. moi ce que j’adore, c’est leurs signatures, ça fait plus gribouillis d’enfants que professeur de médecine 🙂

  10. bonjour a tous ,

    j’aime beaucoup ce site ! beaucoup de commentaires scientifiques .
    je suis délégué médical chez novartis algerie , je fais en ce moment EXFORGE ; et je voulais vous posez une question qui ma était posée par un cardiologue : en fait , dans l’association EXFORGE HCT , il ya 3 molécules , sur le plan compliance c’est bien , mais si un malade oublie de prendre son comprimé c’est 3 X risque de faire un AVC ou autre alors que s’il les prend séparément , il n’oubliera qu’un seul au lieu de 3 .
    qu’en dites vous ?

    1. Bonjour, le risque en lui-même, je crois que personne ne l’a mesuré, mais la HAS a utilisé cet argument pour ne pas faire rembourser cette tri-thérapie:
      Les conséquences d’un arrêt de traitement d’une association fixe de 3 antihypertenseurs sont potentiellement plus graves que celles liées à un arrêt de monothérapie ou de bithérapie; ainsi, on peut craindre un rebond hypertensif plus violent à l’arrêt d’une trithérapie.

    2. On peut aussi oublier les 3 comprimés.
      Et même, le fait d’en prendre un fait penser à prendre les autres.

  11. Les 3 principes séparés sont-ils remboursés ? Si oui, ils doivent aussi être remboursés ensemble sinon c’est injuste.

    Rassembler les 3 principes coûte moins cher (conditionnement…), est plus écolo.

    Une franchise au lieu de 3, ça fait une différence importante pour les pauvres.

    Et cela permet de gagner du temps. Les pauvres doivent donc passer plus de temps à
    prendre leurs traitements ! 😦

    1. Oupps, je me suis mangé dans mon commentaire…

      Il est difficile de comparer le prix de l’Exforge HCT et de ses trois composants prix individuellement car comme il n’est pas remboursé, son prix a probablement été moins négocié avec l’assurance sociale.

      Mais si l’on considère l’exemple de l’Exforge 10/160, il coûte environ 13% moins cher que ses composants séparés (l’amlodipine est génériqué, pas le valsartan).

      Donc, excellente remarque!

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