Fun’ya no Yasuhide
Fuku kara ni
Aki no kusaki no
Shi orureba
Mube yamakaze wo
Arashi to iuran
Ce Tanka est un classique de la poésie japonaise écrit vers le IXième siècle après JC par le poète Fun’ya no Yasuhide.
Il fait partie d’un recueil de poésie extrêmement célèbre au Japon, le Hyakunin isshu, littéralement Cent personnes, un poème chacun.
Hokusai a illustré chacun de ces poèmes en se mettant dans la peau d’une uba, une vieille femme, une nourrice, douce et bien-intentionnée pas sans aucune culture classique.
Or, Hokusai, malgré une vie matérielle le plus souvent précaire était un très fin lettré.
Tout l’humour de ce recueil de dessins, dont le titre complet est Hyakunin isshu uba ga etoki, Tableaux des cent poèmes par les cent poètes expliqués par la nourrice repose donc sur le décalage entre une œuvre littéraire extrêmement subtile et sophistiquée, la poésie de la Cour japonaise et son interprétation par une nourrice inculte qui prend tout au pied de la lettre. Cette poésie jouait sur les allitérations et des images à double sens qui sont malheureusement totalement imperméables à l’analyse du lecteur occidental du XXIième siècle (le recueil a été compilé au XIIIième siècle).
Le recueil d’illustration de Hokusai était destiné à être vendu sous forme d’estampes ukiyo-e. Comme le processus de fabrication implique la destruction du dessin original, il reste très peu d’originaux du maître.
L’illustration de ce poème est semble-t-il resté au stade de dessin, c’est pour cela qu’il nous est parvenu.
La traduction du poème pourrait-être:
Puisque c’est par son souffle
Que les herbes et les arbres de l’automne
Sont flétris,
Il est juste que ce vent des montagnes,
Soit appelé la Tourmente.
En fait, toute la subtilité de ce tanka est parfaitement impossible à retranscrire en français. Arashi, traduit par tourmente évoque par allitération araki, sauvage. Par ailleurs, Arashi est formé par un caractère chinois formé de 2 clés: vent et montagne. Il s’agit donc d’un vent de la montagne.
Même au sein des 100 poèmes, ce tanka est un monument de la poésie japonaise.
Hokusai va l’illustrer en rajoutant son grain de sel humoristique.
On voit, on ressent presque le souffle vif du vent qui fait s’envoler chapeau et dignité, ployer la banderole qui annonce la fête du Gion de Kyoto, voler un rouleau de papier, s’envoler les jupes et ployer les corps.
L’évocation de la puissance du courant d’air est saisissante.
Le vent de la montagne balaye les conventions et sème le désordre dans les médiocres affaires humaines. Il fait s’envoler chapeau et dignité, arrache des textes des mains, et soulève les jupes d’une belle. Le dernier personnage populaire sur la droite avance difficilement sous la rafale, et si il continue le mouvement initié par son pied droit, il va finir nez à nez avec…l’auguste popotin découvert de la belle.
Une autre évocation d’un coup de vent taquin, dans une des 36 vues du Mont Fuji:
°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°
Pour faire le perroquet savant, j’ai puisé dans les ressources suivantes:
Hokusaï, cent poètes. Peter Morse. Ed Anthèse.
Hokusaï. Gian Carlo Calza. Ed. Phaïdon.
Hokusai « l’affolé de son art ». Ed. RMN (le catalogue de cette exposition)
Une version par le plus grand photographe vivant sur lequel il va falloir que je finisse une note: jeff wall: http://images.nymag.com/arts/art/reviews/jeffwall070305_560.jpg
😉
http://grangeblanche.hautetfort.com/archive/2007/05/08/qui-a-dit-que-hokusai-n%E2%80%99etait-pas-moderne.html
Je ne l’avais pas vu cette note oups