Changement de thème

Grand changement cosmétique sur Grange Blanche.

Je ne pouvais plus voir en peinture mon ancien thème à 2 colonnes (Andreas04 pour les intimes).

J’ai donc choisi Twenty Ten qui me semble sobre et intuitif.

Une colonne à droite pour l’essentiel de la navigation (derniers billets, commentaires, catégories, mots-clés, et recherche), tout le reste est relégué en bas.

On ne peut pas faire plus simple, non?

(Je dis ça car la dernière fois que j’ai essayé de changer de thème, j’ai essuyé une levée unanime de boucliers)

Petit détail mimi, le thème pour iPhone reprend la bannière:

Photobucket

Alors?


PS: Pendant qu’on y est, j’ai aussi relié il y a quelques jours les notes publiées sur Grange Blanche avec un compte Facebook que j’avais désactivé depuis des lustres. Ceux qui ne sont pas des amis, ne vous y précipitez pas, il n’y a rien de croustillant.


Le toucher

J’ai trouvé ce matin un petit texte intéressant dans le NYT. Une interniste semble y redécouvrir la valeur du toucher au cours d »une consultation médicale.

J’ai quand même trouvé étonnant qu’elle ait à s’interroger sur ce sujet, tant il me paraît naturel et fondamental de toucher un patient au cours d’une consultation.

Elle a raison de souligner que le toucher est encore ce qui différencie les soignants de la plupart des autres professions. C’est même ce qui la rend si humaine.

Le toucher est tellement proscrit dans nos sociétés, parce que c’est sale, c’est équivoque, malsain, que de toucher un patient au cours d’une consultation, indique au médecin, comme au patient, attention, cette parenthèse qui s’ouvre au sein de nos relations sociales respectives est unique et rare, on touche du doigt, encore le toucher, cela n’est pas un hasard, l’humanité profonde.

On arrange tellement de choses en tenant une main.

Qui touche-on à part son amoureuse, et ses enfants?

Ses patients.

En cardiologie, ne pas toucher me semblerait aussi aberrant que de ne pas écouter.

Comment apprécier la consistance d’un œdème, la solidité d’une sternotomie récente, la nature d’un silence auscultatoire pulmonaire, la froideur d’un doigt de pied blanc,  ou l’engorgement d’un foie sans le toucher?

Ce matin, chez une patiente, je n’ai pas retrouvé d’œdème, mais un pli cutané, et un appui ferme sur le foie ne m’a pas permis de dévoiler de turgescence jugulaire. J’ai jeté un coup d’œil en échographie par facilité, mais cet examen ne m’a rien apporté de plus, strictement rien par rapport au toucher et au reste de mon examen.

The Silk Spinners

J’ai vu hier un extraordinaire documentaire animalier dont l’auteur n’est personne d’autre que le non moins extraordinaire David Attenborough, qui est incidemment le frère de Richard.

J’ai trouvé quelques extraits sur Youtube, dont celui-là:

Et celui-ci.

David s’intéresse donc aux insectes tisseurs de soie et aux araignées, et comme toujours, il présente son sujet de façon remarquable.

Cela m’a fait penser à cet autre hilarant faux documentaire animalier que j’avais déjà posté sur GB:




Comment être un indien

Comment être un Indien

L’avenir de la nation indienne étant désormais tout tracé, la seule possibilité de promotion sociale pour un jeune Indien ambitieux consiste à faire le figurant dans un western. À cette fin, voici quelques instructions essentielles qui permettront à notre jeune ami d’obtenir le label « Indien de western » et de résoudre ainsi le problème du sous-emploi endémique de cette catégorie socio-professionnelle.


Avant l’attaque

1. Ne jamais attaquer tout de suite. Se faire remarquer de loin, plusieurs jours auparavant, en émettant des signaux de fumée bien visibles, afin de donner à la diligence ou au fort le temps d’avertir la Cavalerie.

2. Si possible, se montrer par petits groupes sur les montagnes environnantes. Placer les sentinelles sur des pics très isolés.

3. Laisser des traces évidentes de son passage : empreintes de chevaux, feux de bivouac éteints, plumes et amulettes permettant l’identification de la tribu.


Attaque de la diligence

4. Pour attaquer la diligence, la suivre de loin ou, mieux, la longer de côté, afin d’être toujours à portée de fusil.

5. Freiner les mustangs, notoirement plus rapides que les chevaux de trait, pour ne jamais la précéder.

6. Ne chercher à l’arrêter que un par un, de façon à être blessé par le cocher et piétiné par l’attelage.

7. Ne jamais couper en masse la route de la diligence : une telle manœuvre réussirait à la stopper aussitôt.


Attaque d’un ranch isolé ou d’un cercle de chariots

8. Ne jamais attaquer de nuit, au moment où les fermiers s’y attendent le moins. Respecter le principe selon lequel l’Indien attaque de jour.

9. Pousser avec insistance le cri du coyote afin de signaler sa position.

10. Si un Blanc pousse le cri du coyote, pointer aussitôt la tête afin d’offrir une cible facile.

11. Attaquer en rond, sans jamais resserrer le cercle, de façon à être touché un à un.

12. Ne jamais engager tous les hommes dans une attaque en cercle, les remplacer au fur et à mesure qu’ils sont touchés.

13. Bien que montant à cru, se prendre systématiquement le pied dans le harnais du cheval en tombant, de façon à être traîné par l’animal.

14. Veiller à utiliser des fusils (achetés à un trafiquant malhonnête) dont on ignore le maniement. Mettre une éternité à les recharger.

15. Ne pas interrompre le cercle à l’arrivée des renforts, attendre la Cavalerie, ne pas se porter au-devant des soldats, se disperser en désordre au premier choc, afin de permettre les poursuites individuelles.

16. En cas de ranch isolé, envoyer la nuit un homme en éclaireur. Il devra s’approcher d’une fenêtre allumée, observer longuement une femme blanche à l’intérieur, jusqu’à ce qu’elle aperçoive le visage d’un Indien contre la vitre. Ne tenter de s’échapper qu’après son hurlement et la sortie en trombe des hommes.


Attaque du fort

17. Point essentiel, libérer les chevaux la nuit. Surtout ne pas chercher à les voler, les laisser se disperser dans la prairie.

18. En cas d’assaut, escalader le mur un par un. Pointer son arme d’abord, puis sa tête, lentement, et se redresser en temps voulu, après que la femme blanche aura signalé votre présence à un tireur d’élite. Ne jamais tomber vers l’intérieur du fort mais en arrière, vers l’extérieur.

19. En cas d’échange de tirs de loin, se poster au sommet d’un pic et s’écrouler en avant pour aller se fracasser sur les rochers en contrebas.

20. En cas de duel, prendre le temps de viser avec soin.

21. Dans la même situation, ne jamais utiliser de pistolets, lesquels résoudraient vite le problème, mais uniquement des armes blanches.

22. En cas d’une sortie des cow-boys, ne jamais récupérer les armes de l’ennemi tué. Ne voler que sa montre et s’attarder à écouter son tic-tac jusqu’à ce qu’arrive un autre ennemi.

23. En cas de capture d’un visage pâle, ne pas le tuer tout de suite. L’attacher à un poteau ou le ligoter sous une tente et attendre que ses amis viennent le délivrer à la pleine lune.

24. Dans tous les cas, chercher à abattre le trompette ennemi dès que résonne au loin la sonnerie de la Cavalerie. À ce moment-là, le trompette du fort se dresse et répond, debout sur le plus haut créneau des remparts.


Autres cas de figure

25. En cas d’attaque du village indien, sortir des tipis en proie à la panique, courir partout, chercher les armes difficiles d’accès.

26. Contrôler la qualité du whisky vendu par les trafiquants, veiller à ce que la proportion d’acide sulfurique soit de trois pour un.

27. Lors du passage du train, s’assurer qu’un chasseur d’Indiens est à bord avant de longer le convoi à cheval en agitant son fusil et en poussant des hurlements de salutations.

28. En bondissant sur le dos d’un Blanc, tenir son propre couteau de façon à ne pas le blesser, afin de permettre le corps à corps. Attendre que le Blanc se retourne.


Umberto Ecco.

Texte de 1975, retrouvé dans Comment Voyager avec un Saumon. Nouveaux pastiches et postiches.