Le MEDEC est un congrès de médecine générale qui se tient chaque année depuis 38 ans, je crois.
Ce congrès est organisé par la société qui publie « Le Quotidien du Médecin ».
Dans ses colonnes, on se félicite bien entendu du succès du congrès 2010, et ce, malgré la crise:
Copie d’écran de la page de garde de quotimed.com, le site du Quotidien
Et:
Extrait d’un article daté du 21/04/2010, écrit par le Dr Alain Marié.
Alors, bien entendu, j’ai été très surpris de recevoir aujourd’hui ce message:
Reconsidérer l’avenir et maintenir le cap me semblent être toutefois deux options incompatibles, non?
Pourquoi payer une société de conseil afin de reconsidérer un avenir aussi radieux, avec des congressistes très nombreux et enthousiastes?
A mon avis, il ne faut pas changer une équipe qui gagne.
Mais la suite de l’article donne une piste pour expliquer cet apparent paradoxe:
Et de fait, une bonne partie du très court questionnaire tourne autour du financement de la visite des congressistes, et de leur intérêt pour les exposants du congrès:
La raison de la crise du MEDEC est peut-être la même que celle la crise de l’immense majorité de la presse médicale française, c’est le tarissement de la manne de l’industrie pharmaceutique.
Certains médecins, habitués au tout gratuit permis pendant longtemps par l’argent de l’industrie semblent donc avoir un peu de mal à sortir leur carte bancaire, même pour ce qui pourrait s’apparenter de (très) loin à de la formation continue.
Pour ma part, je paye depuis longtemps sur mes propres deniers ma formation continue.
Car je considère qu’elle doit être le plus possible indépendante de l’industrie.
Je ne lis pas la presse médicale française subventionnée par l’industrie (autrement dit, je ne lis rien hormis Prescrire).
Je ne vais pas aux congrès car la toile permet très largement de me tenir au courant tout en restant chez moi.
Cette crise ne me touche donc pas.
La formation continue de qualité coûte néanmoins cher.
Exemple personnel:
- Abonnement au NEJM: 236.81€
- Abonnement au JAMA: 103,00€
- Abonnement à Prescrire: 252,00€ (je ne compte pas ma cotisation à l’AMP)
Soit 591.81€ par an.
Cette année, si tout va bien, je vais y rajouter une inscription à un DU.
Et encore, j’ai la chance d’avoir des ressources documentaires plus ou moins underground qui me permettent d’avoir accès au coup par coup à quasiment l’ensemble de la littérature médicale gratuitement.
Mais cela me semble bien peu par rapport à l’importance capitale de la formation continue.
Je ne vais pas non plus faire pleurer mémé, car cela est aussi bien peu par rapport aux revenus d’un cardiologue, même de troisième zone (je vous avais dit de ne pas faire endocrino!)
Cela me semble enfin bien peu par rapport à la satisfaction et à la liberté d’esprit de savoir que l’on s’enrichit professionnellement grâce à son propre argent, gagné avec son Art, et non pas grâce à celui de l’industrie, « gagné » en faisant des concessions, qui même muettes et passives, me sont parfaitement inacceptables.