Esther Duflo

Durant mes congés, un de mes lecteurs m’a envoyé un article du New Yorker sur Esther Duflo.

Petite parenthèse, j’adore quand un de vous m’envoie un article susceptible de m’intéresser. La connaissance est un cadeau inestimable et je considère ces envois comme tels.

(mais j’accepte aussi le liquide)

Par ailleurs, contrairement aux textes que je peux trouver ça et là, et dont la recherche est conditionnée par le hasard, mais surtout par mon éducation et mes goûts, c’est à dire qu’ils sont limités à une petite sphère étriquée, les textes que vous m’envoyez me surprennent toujours.

D’une manière un peu plus générale, les possibilités d’ouverture permises par Grange Blanche me surprennent elles-aussi presque quotidiennement. Je ne peux malheureusement pas tout vous raconter, les portes ouvertes, les hasards heureux, les découvertes…

Fin de la parenthèse.

Je n’avais jamais entendu parler d’Esther Duflo.

L’article de Wikipédia m’a appris que ce n’était pas n’importe qui, ce qui est d’autant plus impressionnant qu’elle n’a que 4 mois de différence avec moi. A son âge, c’est à dire en mars dernier, je n’avais toujours rien fait de bien remarquable. Ce n’est pas de l’auto-flagellation, mais elle aurait 75 ans, son cursus m’aurait un peu moins impressionné.

Son truc à elle, c’est d’appliquer des méthodes statistiques telles que la randomisation afin d’étudier l’effet d’actions socio-économiques simples sur le bien-être de populations pauvres de pays en voie de développement.

Quand on est médecin, on a l’impression que toutes les sciences non fondamentales utilisent les statistiques. Et bien non, en économie, et dans ce domaine de la lutte contre la pauvreté, c’est elle qui a développé leur utilisation.

Ça paraît étonnant alors que tout est randomisation en recherche médicale.

Elle en a d’ailleurs donné une superbe définition:

Randomization takes the guesswork, the wizardry, the technical prowess, the intuition, out of finding out whether something makes a difference.

Takes the wizardry out, c’est exactement cela, la recherche médicale.

La transition entre la sorcellerie, le chamanisme et la médecine est merveilleusement illustrée par l’isolement de la digitale qu’a effectué Whithering à partir de la décoction d’une rebouteuse du Shropshire.

Esther Duflo a extrait la lutte contre la pauvreté de l’empirisme.

L’article du New Yorker est comme toujours excellentissime, le genre d’article qui donne l’impression d’être plus intelligent après sa lecture, pas un article du Monde, en somme.

Vous pouvez le trouver ici.

En passant, elle égratigne le microcrédit, qu’elle dit ne pas être une panacée.

La conférence d’Esther Duflo à TED 2010:


(Elle a comme qui dirait un joli petit accent français, non? 😉 )


Le nouveau site de l’EMA

Le site de l’EMA (European Medicines Agency) a fait peau neuve récemment, et comme l’ancien site, il est assez touffu, même si les informations les plus récentes sont bien mieux mises en évidence.

Je vais vous faire voir comment retrouver les EPARs (European Public Assessement Reports) qui sont en bon français la partie rendue publique des rapports d’évaluation des molécules ayant été soumises à l’EMA pour l’obtention d’une AMM.

Ces rapports sont très intéressants pour ceux qui veulent en connaître un peu plus sur une molécule que le simple RCP (Résumé des Caractéristiques du Produit).

Au commencement, il y avait la page d’accueil (pas compliqué)

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Puis >Find Medicine


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Puis >Human Medicine.  On n’est pas vétos et nos patients ne sont pas des veaux. En passant, vous remarquerez à droite un très prometteur Herbal medicines for Human use, qui montre que l’Agence prend en compte sérieusement la mode des médecines naturelles (et ses risques).


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Puis >European Public Assessment Reports

Vous tombez sur plusieurs index.

Disons que je recherche l’EPAR du clopidogrel Mylan®, lettre C:

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Ne cliquez pas sur EPAR-Summary for the public, c’est parfaitement inintéressant, cliquez sur l’onglet Assessment history:

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Le PDF en bas est l’EPAR que nous cherchons.

Si vous cherchiez le RCP, disponible en français, c’est l’onglet Product Information.

En fait, je vous l’ai fait longue pour vous montrer ou trouver les index de toutes les EPARs, par exemple pour des recherches multiples, mais on peut faire bien plus rapide pour une recherche ponctuelle, à partir de la page de garde:

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On tombe directement là:

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Elle n’est pas belle, la vie?

J’ai rêvé de Napoléon…

Le site internet du NEJM a récemment radicalement changé pour laisser plus de place au multimédia.

Par ailleurs, l’intégralité des archives du NEJM, depuis 1812 est consultable.

Les éditeurs du NEJM ont offert à l’issue de la sortie de ce nouveau site ce petit cadeau qui est un fichier PDF d’environ 11Mb et qui collecte quelques articles intéressants.

Je vous recommande (mais ce n’est pas pour les âmes sensibles) le cas clinique de la page 25 qui raconte l’histoire d’un pauvre jeune homme qui a eu le malheur de croiser un streptocoque A particulièrement agressif.

Je vous recommande aussi l’article de la page 71, daté de 1846, qui relate les débuts scientifiques de l’anesthésie à l’éther. J’avais déjà parlé de la chirurgie avant l’anesthésie ici, et la lecture parallèle des deux articles me paraît intéressante.

Voici le récit d’une des premières anesthésies à l’éther décrites:

A boy of 16, of medium stature and strength, was seated in the chair. The first few inhalations occasioned a quick cough, which afterwards
subsided ; at the end of eight minutes the head fell back, and the arms dropped, but owing to some resistance in opening the mouth, the tooth could not be reached before he awoke. He again inhaled for two minutes, and slept three minutes, during which time the tooth, an inferior molar, was extracted. At the moment of extraction the features assumed an expression of pain, and the hand was raised. Upon coming to himself he said he had had a  » first rate dream—very quiet, » he said,  » and had dreamed of Napoleon—had not the slightest consciousness of pain—the time had seemed long : » ami he left the chair, feeling no uneasiness of any kind, and evidently in a high state, of admiration. The pupils were dilated during the state of unconsciousness, and the pulse rose from 130 to 142.

On ne peut vraiment pas dire que Napoléon n’a pas marqué son époque!

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