Le Dr Antoine Poignant, dans son blog « e-PHARMArketing.com« , annonce une bien mauvaise nouvelle en cette fin d’année.
La commission européenne a peut-être fait un pas de plus vers l’autorisation de la publicité directe au consommateur (la DTC des anglo-saxons) pour les médicaments.
Le texte comporte des notions qui seraient presque rassurantes si l’on n’avait pas à faire à l’industrie pharmaceutique et à propension à faire passer ses intérêts avant toutes choses: autorégulation, autoréglementation, corégulation…
Ce que je comprends pas est que ce modèle « autorégulé » est de toute évidence un échec aux Etats-Unis, pourquoi donc vouloir l’importer ?
Quelques exemples:
- Lincoln et son castor
- La vie grande ouverte
- C’est byzantin ou Byzance ?
- Il faut faire confiance à l’industrie pharmaceutique
- Havidol
- On nous aurait trompés (1)
- On nous aurait trompés (2)
- Et pas mal d’autres notes dans la catégorie « Prescrire en conscience« .
Tout cela se passe aux Etats-Unis, et certains vont objecter qu’en France, pays des lumières et de la Raison, tout va mieux se passer.
Bien entendu, cela ne se passera pas mieux.
Pour appuyer mon opinion, je vous propose de lire les compte-rendus de la Commission chargée du contrôle de la publicité à l’ afssaps.
Cette commission régule notamment la publicité faite aux professionnels de santé. Je vous rappelle que la publicité occupe un poste budgétaire très important dans l’industrie du médicament. Certains affirment même qu’il est équivalent au double, environ, de celui de la « recherche et développement ». La promotion est donc une affaire sérieuse, confiée à des professionnels de la communication par des professionnels de santé qui savent lire une étude scientifique et ont oublié d’être idiots.
Comment alors expliquer qu’une firme ose proposer une publicité telle que celle qui est sur la sellette page 5 de ce rapport ?
La commission l’a très justement interdite.
La firme ne fait aucun commentaire sur cette décision: « Dans cet argumentaire, le laboratoire XXX prend acte des remarques formulées sur cette publicité. La firme précise qu’elle n’a pas de remarque et qu’elle est d’accord avec l’ensemble des points évoqués dans le projet d’interdiction.«
Ils ne peuvent, de toute évidence, pas plaider l’irresponsabilité, l’incompétence ou la débilité profonde.
Les gens qui ont commandé, fabriqué et approuvé cette publicité savaient ce qu’ils faisaient.
De toute façon, ils ne risquaient strictement rien à proposer une publicité qualifiée ainsi par la commission: « Ce document est donc contraire aux dispositions de l’article L5122-2 du Code de la Santé Publique qui précisent notamment que la publicité doit respecter les dispositions de l’autorisation de mise sur le marché et favoriser le bon usage du médicament.« , alors pourquoi ne pas essayer, peut-être que ça va passer…
Et c’est à ce genre de personnes que l’ont veut confier l’information du public et pire, leur permettre de « s’autoréguler » !
En route pour un monde meilleur, guidés par la lumière radieuse de l’industrie pharmaceutique!
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Sur cette page de l’afssaps, vous pourrez lire les compte-rendus des dernières réunion de la commission. Je vous conseille d’en lire quelques uns pour entrevoir ce qui va arriver si la Commission Européenne libéralise la DTC.
C’est pour soutenir la croissance des pauvres fabriquants de médicaments qui voient fondre leur marge, mais il n’y a que le bien du malade qui les intéresse, alors il faut que ce dernier soit informé des formidables nouveautés qui sont à sa disposition pour qu’il aille mieux. Les médecins ne leur donnent pas les bonnes pillules, les médecins ont trop d’état d’ame, parfois, alors qu’un publicitaire…
C’est un peu comme le climat, au lieu de mettre des contraintes importantes sur les voitures pour obliger l’industrie à innover et à créer de nouveaux métiers, on céde à la facilité, essentiellement financiére.
Médicaments, bagnoles même combat.