Le risque zéro

La quête du risque est très paradoxale puisqu’elle majore très probablement ce fameux risque qu’elle se donne pourtant comme but d’annuler.

Jean-Daniel Flaysakier y a consacré un article dans le cadre de la gestion des prothèses PIP.

Mais on retrouve cette intolérance au risque à chaque coin de rue, notamment dans notre pratique quotidienne.

Pourtant, le risque fait même partie intégrante de notre métier. Le risque médical est mon métier, comme la mort.

C’est justement pour cela qu’existe la confiance, ce bien si rare et si ténu qui lie le médecin et le patient.

Pas de risque, pas de confiance.

Chercher à minimiser le risque pour nos patients est notre première préoccupation. Et il faut bien être un technocrate de la HAS, ou un administratif pour penser faire avancer les choses en nous faisant la leçon sur ce point et en nous proposant des solutions impraticables en pratique. Grille d’auto-évaluation 47a, compter jusqu’à 10 entre chaque inspiration pour ne pas oublier de respirer: critère présent/absent/non applicable.

La confiance doit être réciproque.

Faire signer des tas de formulaires montre déjà que l’on a pas confiance au patient. Comment pourrait-il de son côté faire confiance à un médecin ressemblant à un agent d’assurances, bardé de ses codicilles et de ses renvois en bas de page.

Une partie de ce mouvement de defensive medicine, comme disent les américains est néanmoins bénéfique pour le patient: la traçabilité des actes, l’information du patient, la prise en compte de la balance risques/bénéfices deviennent heureusement de plus en plus naturelles aux praticiens.

Néanmoins, la defensive medicine engendre aussi des examens +/- coûteux, +/- risqués, parfaitement inutiles mais prescrits « au cas où », en fait pour nous couvrir.

Mais en fait, sur le terrain, comme souvent, on tombe dans l’excès, et administratifs/technocrates/médecins et même associations de patients se potentialisent pour pratiquer l’ouverture systématique du parapluie qui vient polluer la relation médecin/malade, tuer la confiance, et dans une situation parfaitement ridicule qui m’est arrivée récemment, fouler aux pieds des besoins fondamentaux de patients.

Au nom de quoi, cette quête du risque zéro? Mieux protéger les patients? Mieux nous protéger nous, surtout.

Et ça, ce n’est plus de la médecine.

[Petit aparté, d’un point de vue plus général, la recherche du risque zéro qui est parfaitement illusoire (dès la conception, on commence à prendre des risques) conduit notre société à s’enkyster et en même temps à prendre des décisions aberrantes dans l’urgence. Vouloir ne plus prendre de risques, c’est donc sur-réagir, mais aussi ne plus investir (« risquer »), ne plus chercher à innover, et finalement aller plus rapidement vers l’effondrement. Nous ressemblons de plus en plus aux gras conseillers que fustige César au début de « Astérix Obélix et Compagnie »- J’aurais pu aussi citer Schopenhauer et Stéphane Hessel, mais je n’ai plus les références en tête 😉 – ]

Les Forbans de Cuba

Je viens de terminer un bon bouquin bien dépaysant, « Les Forbans de Cuba » de Dan Simmons. Cet auteur, que je ne connaissais pas semble plutôt spécialisé en SF.

Là, c’est de l’espionnage durant la seconde guerre mondiale avec des tas d’espions méchants (nazis) ou gentils (les forbans) ou troubles (FBI), et bien entendu des agents doubles et des beautés troublantes et exotiques. L’action se passe à Cuba, comme son nom l’indique et donne lieu à de belles descriptions. « L’originalité » de ce roman de fiction est d’être véridique à 95%, selon l’auteur. De fait, le personnage central est le romancier américain Hemingway, entouré de sa famille, d’amis célèbres, de ses chats…

Parfois, ça fait un peu « Franck, chasseur de fauves », mais l’écriture de cette histoire d’espionnage classique est agréable. L’auteur semble avoir pris beaucoup de plaisir et son récit est de toute évidence très documenté. De fait, ce bouquin m’a donné envie d’en savoir plus sur Hemingway.

Vous pourrez lire d’autres critiques ici.


La SNCF, ces grands geeks…

Parfois, la SNCF est désarçonnante de modernité, voire même de geekitude. Tout cela contraste avec ses rouages qui sont parfois incroyablement archaïques (une belle-famille de cheminots!).

J’adore le billet virtuel, appelé de façon très originale e-billet. Il s’agit d’un code QR situé au dos d’une carte grand voyageur ou qui s’affiche directement sur son iPhone grâce à l’application iDTGV. Je n’utilise pas cette application, mais la description parle aussi de la possibilité d’un chat avec d’autres voyageurs du même train. Quelqu’un a essayé?

J’avoue que la première utilisation du e-billet est assez anxiogène, et si le lecteur du contrôleur ne marchait pas? La dématérialisation des choses enlève une part de certitude. Heureusement, depuis que je l’utilise, aucun souci. La veille du départ, la SNCF nous envoie un SMS de confirmation avec les données essentielles du voyage.

J’utilise SNCF Direct qui permet de visualiser sur son mobile les infos annoncées en gare sur les panneaux électroniques. Pratique quand on n’est pas encore arrivé à la gare, qu’on est un peu juste et que l’on souhaite connaitre par anticipation son quai, j’en ai fait l’expérience. On peut aussi déclencher une alerte dès que le quai est annoncé. En pratique, l’alerte survient après l’annonce en gare, elle n’est donc que de peu d’utilité. Si vous ne savez pas où se trouve votre gare, l’application peut vous y conduire en utilisant l’application native Google Map.

L’application voyages-sncf.com ne me servait pas beaucoup jusqu’à sa mise à jour de début décembre. Ses fonctionnalités ont alors englobé celles du compagnon, dont je me servais beaucoup et qui devrait à terme disparaître. Maintenant, on peut presque tout faire avec cette application: acheter un billet, l’échanger, consulter ses détails, les incidents éventuels, programmer une alarme pour l’annonce du quai (toujours avec le même bémol que supra). On peut aussi « partager » son billet, clamer au monde des réseaux sociaux (Facebook et Twitter) que l’on va se rendre à Trifouillis-les-oies telle date à telle heure. Aucun intérêt, mais c’est rigolo. On peut aussi automatiquement ou non ajouter à son agenda l’ensemble des infos du trajet, pratique en cas d’agenda partagé.

Finalement, peut-être que cela arrivera, il faudrait que la SNCF fusionne toutes ces applications en une seule, en améliorant au passage un peu l’ergonomie, et tout serait parfait dans un monde de geeks.

Peu après avoir eu l’idée de cette note, je suis tombé sur ce titre du Canard de la semaine:

Aucun rapport, mais la coïncidence est drôle..

%d blogueurs aiment cette page :