Un patient, la cinquantaine, une coronaire occluse, une carotide désobstruée, un paquet de tabac par jour.
Hypertendu et dyslipidémique, il a un signe du ceinturon (on ne peut pas voir la boucle de son ceinturon qui est cachée par son ventre qui tombe devant en tablier). Bientôt le signe de la braguette.
Depuis plusieurs semaines, il est « souffle » et fait des malaises en devenant « blanc » quand il fait des efforts, mais ne l’a dit à son épouse que récemment.
Je lui fais une mini-épreuve d’effort qui est très positive.
« Bon, maintenant, il va falloir réellement envisager d’arrêter de fumer!«
« OOaah, Dôcteur, si je fais ça je meurs pour de bon« .
Tu es en train, pauvre fou.
« Traiteriez-vous votre camion, comme vous le faites avec votre corps? »
« Non, j’en prends soin »
Malgré tous ses antécédents, il m’a annoncé récemment qu’il avait toujours refusé sa demande de prise en charge à 100%, de peur que la médecine du travail ne le prive de son volant.
Bien entendu, il n’y a aucun rapport, et la médecine du travail est bien incapable avec ses moyens dérisoires de faire preuve d’une telle intégration de données aussi éparses. Il doit déclarer « aucun antécédent » à chaque visite. Il associe médecine du travail et risque d’être interdit de travailler, ce qui est là aussi un contresens dramatique de conséquences.
Il me désespère.
Et ce d’autant plus que ce sont des gens adorables.