Un article à paraître dans Circulation, et son éditorial viennent encore enfoncer le clou sur l’importance du respect des règles hygiéno-diététiques chez le coronarien.
La cohorte étudiée est énorme, 18809 patients dans 41 pays tirés d’une gigantesque étude sur les HBPM, OASIS-5.
Les auteurs ont demandé 30 jours après un syndrome coronarien si les patients:
– fumaient (non fumeurs/fumeurs persistants/anciens fumeurs « anciens », c’est à dire avant l’inclusion dans OASIS-5 et anciens fumeurs « récents » qui ont arrêté depuis l’inclusion)
– faisaient de l’exercice (>30 minutes, trois fois par semaine)
– suivaient un régime diététique adapté (non détaillé)
Les évènements cardiovasculaires (syndromes coronariens, accidents ischémiques cérébraux et mort d’origine cardiovasculaire) et la mortalité toute cause étaient comptabilisés à 6 mois.
Dans les pays développés, 30 jours après un accident coronarien, 63.4% des patients avaient arrêté de fumer (69.9% dans les autres pays). Il existe d’ailleurs une curieuse hétérogénéité puisque la cessation du tabac s’étale de 38.8% en Europe de l’Ouest à 90.5% en Inde.
On est les plus mauvais, et ce n’est pas glorieux…
Dans toute la cohorte, 28.5% des patients ne font ni régime ni exercice, 41.6% suivent l’un des deux, 29.9% les deux.
Par contre, pour ce qui est de manger du comprimé, on est globalement meilleurs:
Cela confirme encore une fois qu’il est plus facile de faire avaler un cachet à un patient plutôt que de changer son mode de vie.
Alors, à 6 mois, qu’est-ce que cela donne?
Par rapport à un fumeur actif, un fumeur repenti aura un Odds Ratio à 0.57 pour les syndromes coronariens et de 0.74 pour le critère combiné (syndrome coronarien+accidents ischémiques cérébraux+mort cardio-vasculaire).
Les patients qui respectent la diète et la pratique régulière d’une activité physique ont un Odds Ratio à 0.52 par rapport aux autres.
Ceux qui continuent à fumer et ne font rien ont à 6 mois un risque de 3.8 de présenter un évènement du critère combiné par rapport à ceux qui n’ont jamais fumé et qui suivent régime et activité physique.
On voit d’ailleurs, que ce sont souvent ces règles hygiéno-diététiques, ou plutôt leur non pratique qui font pencher la balance du mauvais côté, et ce, quel que soit le statut tabagique.
Ce qui est frappant dans cette étude, outre la magnitude de l’amélioration du pronostic entre les différents groupes est la précocité de l’effet des règles hygiéno-diététiques qui apparait en 6 mois.
Les disparités régionales sont aussi intéressantes à remarquer. Ce sont les indiens qui font le mieux la diète et cessent le plus le tabagisme. Ce sont les australiens qui font le mieux l’exercice physique régulier. L’Afrique du Sud est la pire pour la diète et l’exercice et la seconde pire pour le tabac, juste derrière nous.
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Clara K. Chow, Sanjit Jolly, Purnima Rao-Melacini, Keith A.A. Fox, Sonia S. Anand, and Salim Yusuf. Association of Diet, Exercise, and Smoking Modification With Risk of Early Cardiovascular Events After Acute Coronary Syndromes. Circulation 2010: published online before print February 1, 2010, 10.1161/CIRCULATIONAHA.109.891523
Neal B. Patel and Gary J. Balady. The Rewards of Good Behavior. Circulation 2010: published online before print February 1, 2010, 10.1161/CIR.0b013e3181d40d57.
Reed Miller. Changes in diet and exercise can make a big difference within six months of ACS. theheart.org. [Clinical Conditions > Acute Coronary Syndromes > Acute coronary syndromes]; Feb 5, 2010. Accessed at http://www.theheart.org/article/1045581.do on Feb 7, 2010