Bienvenue chez les ch’tis!

J’ai fait récemment une consultation assez drôle, en tout cas assurément parmi mon « top ten » des HTA secondaires à des facteurs diététiques et un peu iatrogènes.

La dame, la cinquantaine est une transplantée hépatique sous corticothérapie depuis 3 mois environ. Elle a une insuffisance rénale avec une créatininémie autour de 220 (je n’ai pas calculé la clairance, honte à moi, mais étant donné son gabarit de moineau, j’ai pris en compte qu’elle devait être effondrée). Elle n’a aucun antécédent cardio-vasculaire familial ou personnel.

Sa  tension artérielle est à 180 de systolique depuis 1 mois, et c’est pour cela que l’équipe de greffeurs me l’envoie.

Ah oui, c’est une ch’ti, une vraie (parents anciens mineurs ou ouvriers dans le textile)!

A l’examen, je retrouve en effet une TA à 180/90. J’étais entrain de jeter un coup d’œil rapide aux artères rénales, lorsque je m’arrête aussi sec, car en même temps que je fais l’examen, mon interrogatoire est arrivé à l’épineuse question de la diététique.

Et là, la patiente m’en raconte des vertes et des pas mures. En fait, rien de bien exceptionnel, mais elle suit à la lettre le régime ch’ti qui est beaucoup moins bon que le méditerranéen pour la santé.

Elle sale larga manu de principe, sans goûter aux aliments, se gave de beurre salé et de fromage (j’ai failli lui demander si c’était du Maroilles).

Et personne ne vous a dit qu’il fallait suivre un régime sans sel sous corticoïdes?

Ben non! C’est pour ça que mes chevilles gonflent?

Ben oui!

Je lui remis toute la doc que j’avais sur le sujet (merci la FFC) tout en donnant quelques conseils de base pour que cette femme de sel ne se retourne pas sur son passé culinaire.

J’ai quand même débuté un petit traitement par lasilix pour lui faire éliminer son sel (j’étais parti sur de l’esidrex, mais étant donné la créat…).

L’ENC

J’ai trouvé un petit texte très sympa sur le blog de notre cesslasanguine nationale. Il s’agit d’un éditorial de « Médecine et Maladies Infectieuses » décrivant les impressions de 6 PU-PH sur la correction de l’ENC 2008 à laquelle ils ont participé.

J’en ai retiré une impression de malaise, uniquement dissipée lorsque je me suis souvenu que j’étais déjà passé par cet obstacle (même si j’en rêve encore au moins une fois par mois). Ce n’est pas tellement que j’en garde un souvenir si terrible, mais les conditions de correction, et la façon même de corriger m’ont laissé un arrière goût un peu désagréable.

Je suis étonné par le caractère tordu des énoncés: une infection urinaire haute chez un nourrisson, d’accord, mais pourquoi une mère manipulatrice en médecine nucléaire?

Pour ceux qui veulent réviser, la question est disponible ici; le dossier est .

Bon, d’accord, c’est pour sélectionner, mais de l’aveu même des correcteurs, ce dossier n’y est pas arrivé: « D’ailleurs notre question no 6, comble de la détresse, est apparue peu sélective avec en moyenne 57 points sur 100, ±11,90 pour notre groupe et une belle distribution normale.« 

Pour le prochain dossier, je propose une endocardite infectieuse aiguë avec un embole rénal chez un patient non francophone revenant d’un voyage récent dans son pays situé en zone d’endémie palustre. On verra si la distribution est toujours autant « normale ».

Les énormités relevées ne m’ont toutefois pas trop impressionné, je pense que l’on pourrait en trouver d’aussi belles dans pas mal de copies chaque année depuis que l’internat, puis l’ECN existent.

Ensuite les conditions de correction me semblent assez peu propices à une correction réfléchie. Mais comme le soulignent les auteurs, où se situe la réflexion dans cette histoire?

Je m’étonne aussi du fossé qui semble exister entre le rédacteur du dossier et les correcteurs.

Gavage des oies, dossiers cliniques tordus, tyrannie des mots-clés, correction découplée de l’élaboration des dossiers, le constat de nos PU-PH est sévère.

Sévère et inquiétant: La formation médicale a toujours privilégié l’acquisition des connaissances à la réflexion, mais aujourd’hui la méthode de sélection finale modifie profondément la manière dont sont retranscrites ces connaissances ; l’étalage du savoir remplaçant la hiérarchisation de l’information. Il serait bon de s’interroger sur les conséquences à long terme de ce formatage de la pensée – et de l’exercice – de nos futurs confrères/collègues.

Mes premiers croissants

Commencés hier et terminés aujourd’hui juste avant mes consultations, je comprends mieux pourquoi les « pur beurre » sont si gras. C’est une tuerie beurrée 300 g de beurre pour 500 g de farine!).



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