Le pouvoir

J’ai approché récemment un phénomène assez fascinant.

Un type très haut placé dans une hiérarchie non élective a un comportement clairement psychiatrique qui conduirait chez n’importe quel quidam à « une petite pilule et au dodo ». Mais lui n’est pas n’importe qui, et il semble que son trouble n’altère pas ses capacités décisionnelles. Ses subordonnés directs souscrivent donc à son trouble et se plient à ses exigences. Ils exigent de leurs propres subordonnés de faire de même, et ainsi de suite, jusqu’au bas de l’échelle. D’où une cascade de notes de service ou de mails comportant des demandes tout à fait farfelues. Vu de l’extérieur, ça donne tout un tas de types en costume-cravate ou en tenue de travail avec des comportements totalement aberrants.

A un moment, je me suis cru dans le monde d’Alice au Pays des Merveilles.

Autre histoire de pouvoir.

Très récemment, aussi, on m’a demandé comme un service de faire une épreuve d’effort à un monsieur qui a des douleurs thoraciques après des repas copieux et bien arrosés. J’ai demandé en rigolant si je pouvais modifier le protocole de l’épreuve d’effort, et au lieu de lui faire un Bruce, lui faire par exemple un « tartiflette/blanc de Savoie ».

Mon correspondant a ri, mais comme c’est un monsieur très important (localement), je lui ferai son épreuve d’effort dans les plus brefs délais…

Merci Docteur!

Je viens de lui annoncer qu’il a les deux artères fémorales superficielles occluses à l’origine (les artères qui nourissent en grande partie les jambes), mais il est super content car ce n’est pas le dos qui est à l’origine de ses douleurs.

Il jubile et me le répète au moins une demi douzaine de fois. Les gens regardent cet octogénaire qui me fait une telle fête dans la salle d’attente.

Ce qu’il craignait, c’était une récidive de son canal lombaire étroit.

Bon, je n’ai pas eu le coeur de doucher son enthousiasme et j’ai participé à sa joie.

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Source.

La visite médicale

« Bonjour, asseyez-vous.

– Comment ça va depuis la dernière visite en 2006? Sinon, il n’y a rien dans les urines et vous avez un peu perdu à l’œil droit.

– Euhh, bien, pas de problème!

– Vous fumez?

– non

– Alcool?

-non

– sport?

– non

– Ahhh, pas bien!

-Ummmhmmhmh

– Et les vaccinations?

-Ummmhmmhmh, pas à jour depuis des années

– un rappel antitétanique  à faire à faire par tranche de 10 ans à partir de 18 ans, ce sont les recommandations.

– Ah, ça en fera deux. En même temps?

– Mais non! un mois d’intervalle. il faut aussi doser vos anticorps pour savoir si il faut vous faire un rappel pour l’hépatite B.

– ummmhmm, d’accord. Je suis aussi un peu grassouillet, j’essaye de lutter contre…

– Y pas de balance qui marche, enlevez le haut et grimpez sur la table.

– J’ai aussi un peu mal au dos

– C’est parce que vous ne le musclez pas. Respirez! »

Quand je suis sorti de la visite de médecine du travail, je ressentais une impression désagréable. Pénible, quand même de se faire faire sermonner par une consœur laconique (elle l’était probablement moins en réalité, mais c’est l’impression subjective que j’en ai gardée).

Mais bon, si elle ne le fait pas, personne ne le fera (vu que mon médecin traitant, c’est moi même). J’ai quand même eu honte d’avoir oublié mon carnet de vaccinations…

Ca c’est mieux passé avec l’infirmière qui m’a fait pisser dans un flacon (pas encore besoin de tes services, Stéphane!) et passer un test de vision. D’un autre côté, c’est normal, je suis le cardio de sa maman !

J’ai pris rendez-vous avec mon ophtalmo, je me suis prescrit une première dose de vaccin antitétanique, et je vais prendre rendez-vous pour la prise de sang pour ces satanés anticorps. L’histoire de la balance résume bien la façon dont on fait cas de la médecine du travail. Aucun des 4 services de l’établissement n’a été en mesure (n’a voulu) leur fournir une balance.