Coro demain!

https://twitter.com/#!/Dr_Boree/status/12460058042441728

Ce tweet de Borée montre encore que nous ne sommes pas tous égaux devant la coronarographie, pas -pathie, sinon ce serait un truisme.

Dans le grand-sud, on se passe allègrement de test fonctionnel pour faire une coronarographie, que la clinique soit éloquente comme dans ce cas, ou plus subtile, voire euuhh sans aucun rapport.

Récemment, une patiente entre dans une clinique pour une décompensation d’une insuffisance respiratoire chronique sévère.

Bon, elle se prend une coronarographie et deux stents.

En lisant le dossier, je suis toujours bien incapable de savoir pourquoi.

Il y a de nombreuses années, dans un CHU, c’était aux internes de cardio premier choix (un copain et moi en l’occurrence) de décider si il fallait faire une coronarographie aux entrées via les urgences.

L’avantage, c’est que ça allait vite, nous avions très rapidement des réponses devant des tableaux cliniques équivoques, notamment quand le patient n’était pas francophone, ce qui arrivait souvent.

Évidemment, la « coronarographie libératoire » (comme le prélèvement) est en totale contradiction avec les recommandations, mais c’est de la cardiologie de guerre adaptée à des réalités locales particulières.

Parfois, quand même, j’étais un peu dubitatif.

Un jour, deux dames, de même patronyme et pauci-francophones  se sont retrouvées dans le service. L’une de 80 ans avait des douleurs thoraciques atypiques, l’autre, 20 ans pour une histoire rythmologique, peut-être un faisceau accessoire qui devait bénéficier d’une exploration électrophysiologique.

Les deux croyaient au ciel.

Du fait de la proximité des 2 salles d’examen (1 mur commun) et du même patronyme, les deux ont eu une coronarographie.

Croyez-vous que le coronarographiste se soit posé une seconde la question du pourquoi d’un tel examen pour une jeune fille qui ne fumait même pas?

L’autre dame avait une coronarographie normale, soit dit en passant.

C’est le Suuuud, aurait pu dire une sorte de Michel Galabru à un jeune interne en cardiologie psychorigide, de sa famille, venu lui demander des conseils avant une mutation-sanction.

Ici et à la place de Borée, coro demain et pas épreuve d’effort dans 2 semaines!

Eugène

Eugène Braunwald est à 81 ans un géant de la cardiologie mondiale.

Sa biographie sur Wikipedia est impressionnante, mais elle l’est bien moins que la liste de ses publications sur PubMed.

A 81 ans, il demeure actif sur les sujets les plus en pointe de la cardiologie.

Il est aussi le père d’un ouvrage qui fait référence depuis des décennies dans notre spécialité, le Braunwald. Je l’ai acheté très tôt dans mon cursus d’interne, bien qu’internet et le progrès médical étant ce qu’ils sont, il est maintenant parfaitement futile d’acheter des grosses bibles qui se périment en quelques années/mois, alors que la toile se met à jour constamment.

J’ai repensé à Eugène récemment en lisant une anecdote sur le blog CardioExchange qui est publié par le NEJM.

L’anecdote se déroule au cours d’une Late-breaking Session au cours du dernier congrès de l’AHA :

Finally, I thought it was interesting that, at this particular session, most attendees stayed until the very end. In late-breakers that I’ve been to before, there is usually something of a mini-exodus after every other speaker, depending on what’s popular. For instance, the moment after the ARBITER presentation ended at last year’s AHA, it felt like more than 200 people just got up and started walking out of the auditorium (a common side effect of the large impersonal venue) — which made me feel a bit sorry for the subsequent speakers lined up for that session. But at this session, even though the last presentation was not the most interesting of the whole line-up, relatively few people left before it was over. Then I realized it was probably because Eugene Braunwald was the discussant. Pretty darn smart of the moderators to order the presentations that way.

So, I guess I learned 3 things from this session, beyond the science presented: Always be prepared to do a talk in case the slides malfunction. It’s okay to read from notes. And, if you want people to stay to the end, get Braunwald to be the last speaker.

Sacré Eugène!

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