https://twitter.com/#!/lollies/status/98177759112736768
Ce matin, en lisant ce tweet, je me suis rappelé tous mes examens et concours, notamment celui de l’internat qui continue à venir hanter mes rêves, 14 ans après.
Difficile de soutenir moralement, et très prétentieux de donner des conseils.
Je me suis rappelé des conseils de mon père qui était chirurgien cardiaque et qui s’est mis à me soutenir dans la dernière ligne droite avant l’internat. Il faut dire que mes parents étaient divorcés et que je n’avais croisé son fantôme qu’assez épisodiquement, une ou deux fois par an, jusque là.
Bref, il savait ce que c’était de bosser un concours, et les derniers temps, il s’était rapproché de moi en m’écrivant et me téléphonant pour savoir comment ça allait.
Voici quelques extraits de ce qu’il m’écrivait:
Tu entres en effet dans la dernière ligne droite -celle qui est décisive, celle qui gomme le passé-. Il faut travailler la tête dans les guidons en faisant abstraction de tout sauf du sommeil qui est la période où s’engrangent les récoltes de la journée-8h s’il te les faut, moins si tu peux-. Essaye de programmer, ces derniers mois, des révisions (on appelait ça des tours) c’est fondamental ça rafraichit la mémoire, ça révèle ce qui a été oublié ou mal compris-les idées fausses-.
…
Les ambitions personnelles dénudent la vertu. Compte sur toi. Éloigne toi des rumeurs. Fait ton chemin sans te désunir. Arrête les comparaisons, suis imperturbablement ton sillon sans te laisser distraire ou inquiéter par les bruits de couloir.
Voici sa dernière lettre, quelques semaines avant mon concours:
XXX, le 1er mai 1997
Jean-Marie,
Rien que je ne t’ai déjà dit ou que tu ne saches.
Reste tourné vers l’effort sans états d’âme. L’affaire est largement jouée, l’essai est annoncé encore faut-il le marquer. Réduis la cadence 48h avant il faut arriver le museau frais et l’esprit serein. Je ne te fais pas l’injure de te rappeler la technique-sauf qu’il ne faut pas chercher à gagner du temps dans la lecture, l’appréhension et la compréhension des questions-.
Quel est le problème? que veulent-il savoir?
Bon courage. Bonne chance
Seuls ceux qui se démobilisent ne gouteront jamais le succès.
Affection.
Guy
En fait, j’ai déjà écrit une note semblable il y a bien bien longtemps, mais je me suis dit que ces conseils généraux intemporels pouvaient toujours servir.
émouvant effectivement
je n’ai pas passé l’internat mais je n’ai jamais oublié aucun des examens auxquels je me suis présenté .avoir des parents qui vous soutiennent et vous font confiance est un atout majeur
suis incapable de jeter les lettres et mots de mes parents ou de mes grands parents …
C’est ce que me conseillait mon père de faire…
Pendant mes études, j’ai rencontré plusieurs étudiants dans le médical qui géraient le stress des exams (ou autre) à coup de betabloquant. Y a-t-il des données sur ce genre de mésusage ?
Données personnelles: j’en ai pris pour ma thèse, propranolol, pas de stress mais indifférence affective totale. Il paraît que l’aténolol est mieux…
J’en ai prescrit une seule fois à une jeune fille dont la maman travaillait au CHU. En dehors de ces 2 cas, je n’en ai pas souvent entendu parler.
Pourquoi?
Dans mon cas, c’était uniquement de l’automédication sans passer par la case médecin (pharmacien ou copain pharmacien, comprimés chipés dans la pharmacie hospitalière) et une de celle qui m’avait dit le faire m’avait expliqué qu’ils étaient plusieurs dans sa promo à faire ça. A titre personnel j’aurais surtout peur d’une contre performance.
Si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour. Si tu lui apprend à pêcher, il mangera toujours. (Lao Tseu- philosophe chinois). C’est ce que pensent les pères quand ils apprennent des choses à leur fils.
J’ai relu plusieurs fois cette note. C’est amusant, j’ai passé l’intenat en 1997 aussi, et je n’ai que très peu de souvenirs de cette époque (je suis un névrosé très au point). J’ai un bien plus mauvais souvenir de P1, avec cette sensation d’apprendre l’annuaire téléphonique par cœur, sans même savoir si les numéros de telephone sont au programme!
Tu ne te souviens pas de « Samira, fillette noire de 3 ans… »?
Cliquer pour accéder à Dossiers_0044.pdf
http://www.laconferencehippocrate.com/formatio/foranna.asp
Et comment! J’ai une petite préférence pour « trois jeunes garçons partent en Afrique » Inter-region nord, après le stage de trois mois comme externe dans un service de conseils au voyageurs en D4…
« sa dernière lettre »
J’ en déduis qu’il est parti pour un monde que l’ on dit meilleur (mais j’ ai élaboré tant d’ aberrantes déductions que je n’ ose être péremptoire).
Quoi qu’ il en soit, il transpire de cette lettre du bon sens et de l’ humanisme.
Et je constate une fois de plus que la pomme ne tombe jamais loin de l’ arbre.
P.S. : tiens, on est revenu à un thème francophone.
Il est en effet décédé quelques semaines plus tard. Il ne m’aura jamais vu interne. C’est un de mes grands regrets.