Le cours de mon DU d’interprétation des essais cliniques de la semaine dernière comportait un passage qui m’a stupéfié par sa limpidité, et son bon sens.
Vous allez voir, c’est tellement un truisme que ça en paraît simpliste.
Mais en fait, ces lignes sont tout sauf simplistes.
Leur application dans notre prise en charge du patient, et leur prise en compte dans le tri du flux d’informations qui nous est délivré sur les médicaments permettraient déjà probablement de nous recentrer sur ce qui est important et d’éliminer les scories.
Ça m’a fait un bien fou de lire cela:
Quel est l’objectif de la prescription d’un traitement par un médecin ?
D’une manière générale, un traitement est prescrit dans le but d’atteindre un certain objectif thérapeutique, dépendant de la maladie et des attentes du patient vis à vis de sa prise en charge thérapeutique. Dans presque tous les cas, l’objectif thérapeutique est une amélioration de la qualité de vie du patient ou une augmentation de sa durée de vie. Ces objectifs concernent une amélioration soit qualitative, soit quantitative de la survie du patient sont appelés objectifs cliniques. Dans les pathologies bénignes, les objectifs recherchés pourront être, par exemple, une diminution de l’intensité des douleurs, le raccourcissement de la durée des symptômes, etc.
Dans les pathologies plus graves, l’objectif est de prolonger la survie du patient, de diminuer son risque de complication ou de survenue d’événements cliniques intercurrents. Dans certains cas, ces deux types d’objectifs cohabitent : augmenter la durée et la qualité de la vie.
Avec les pathologies graves, l’objectif idéal serait d’éviter le décès prématuré ou d’obtenir la guérison de la maladie. Malheureusement, ces objectifs sont le plus souvent hors d’atteinte avec les traitements disponibles. Les objectifs deviennent alors fréquentistes : diminuer le risque de décès prématuré (avec comme espoir de le rendre nul un jour), diminuer la fréquence des complications à moyen terme (c’est-à-dire retarder leur survenue).
Certains objectifs ne sont pas des objectifs thérapeutiques pertinents. Par exemple, dans l’hypertension artérielle l’objectif thérapeutique n’est pas de diminuer la valeur de pression artérielle. L’élévation de la pression artérielle n’est pas l’élément qui motive en soi l’instauration d’un traitement. Mais c’est le fait que les sujets ayant une augmentation de leur pression artérielle sont à risque accru de complication cardio-vasculaire qui le justifie. Dans ce cas, l’objectif est de réduire le risque de survenue de ces complications potentiellement mortelles : infarctus, accidents vasculaires cérébraux et, sur un autre plan, d’atténuer les symptômes : céphalée, troubles de la vision, etc. L’élévation de la pression artérielle est avant tout un marqueur de l’état de risque accru. La baisse provoquée de la pression artérielle est (probablement) l’intermédiaire par lequel la réduction de risque est obtenue, mais elle n’est pas l’objectif du traitement. La baisse de pression artérielle n’est pas la finalité du traitement, mais le moyen par lequel on cherche à obtenir le but recherché : la diminution du risque d’événements cardio-vasculaires.
Pr Jean Pierre Boissel – Dr Michel Cucherat
HTA, prostate, triglycérides…
Farandole infernale.