Cette dépêche AFP est assez extraordinaire.
Un cigarettier, BAT s’étonne du silence du CNCT, une association de lutte contre le tabagisme au sujet de la controverse sur la sécurité du Champix® (varénicline), médicament d’aide au sevrage tabagique commercialisé par Pfizer.
Or, comme on peut le constater sur cette page du CNCT, et comme le pointe le cigarettier, Pfizer fait partie de ses partenaires industriels.
Un cigarettier qui donne des leçons d’éthique sur les liens financiers entre une association et une firme pharmaceutique, ça me paraît quand même grandiose, voire surréaliste.
Devant ce combat de titans de l’éthique, je n’arrive même pas à retranscrire l’impression ressentie.
C’est quand même un peu l’hôpital qui se moque de la charité.
Jean-Daniel a peut-être le mieux résumé la situation:
https://twitter.com/#!/jdflaysakier/status/24494153396125696
Si l’on creuse un peu, en cherchant par exemple les occurrences du terme Champix® sur le site du CNCT, on le retrouve à 2 reprises dans ce dossier.
Il me semble qu’il est présenté de façon égale avec son concurrent direct, le Zyban® (bupropion).
Par contre, on ne retrouve qu’une très brève évocation de ses contre-indications et aucune mention d’effets secondaires (comme pour son concurrent).
Les substituts nicotiniques sont présentés de façon un peu plus complète. Mais là-aussi, aucun effet secondaire n’est indiqué.
Donc à mon avis présentation de qualité très médiocre, mais égalitaire.
Toute chose étant égale par ailleurs, doit-on exiger de cette association une présentation exhaustive des traitements d’aide au sevrage tabagique, notamment ceux qui ne peuvent être obtenus que par ordonnance, comme le Zyban® et le Champix®?
N’est-ce pas plutôt notre rôle?
A ce sujet, voici un extrait de ce que Prescrire a pu écrire sur la varénicline et le bupropion:
Dans les 2 cas, préférez donc les substituts nicotiniques.
Vous noterez que Prescrire a pointé très précocement les problèmes neuro psychiatriques liés à la varénicline.
Maintenant, ce cas très particulier met en lumière la question générale très pertinente des liens d’intérêts qui rendent pusillanimes telle ou telle association, telle ou telle société plus ou moins savante, tel ou tel individu devant un problème engendré par le médicament d’un de ses partenaires.