Finalement, en me replongeant dans cette affaire du Médiator®, qui a eu lieu en 2009, je me suis demandé ce qui avait changé.
J’ai réfléchi et trouvé une seule chose: l‘affaire a eu la peau de l’Afssaps.
Pour le reste, le tremblement de terre n’a pas eu lieu, et Servier a fait preuve d’une remarquable résilience.
Le monde de la cardiologie continue à profiter largement de ses subsides:
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Sa société savante, la SFC: la lecture du programme de son dernier congrès en mars 2013 est édifiante.
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Les journaux qui apportent les bonnes nouvelles à nos oreilles, c’est à dire les résultats faramineux des dernières molécules innovantes.
(Photo faite à l’aide de deux numéros)
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Le Collège National, sorte de pendant de la SFC, côté cardiologie libérale.
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Les syndicats, dont Servier finance certaines publications depuis des années
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Les centaines (milliers?) de confrères dans le besoin qui participent/organisent (à) des EPU/repas/symposiums/petits séjours payés par notre princesse nationale
Ah si, j’ai quand même oublié un autre changement, pourtant majeur, depuis l’affaire Médiator®, l’Académie de Médecine ne fait plus financer son bulletin par Servier!
Ah oui, Servier s’est fait virer du LEEM et ce dernier a créé le CODEEM. Mouhahahaha pour ces deux actions fortes qui ont eu des conséquences majeures sur la déontologie et la sécurité sanitaire.
Et alors, me direz-vous?
Tout le monde est content et Servier n’est pas l’incarnation du mal. C’est un labo remarquablement efficace, qui manipule à merveille toutes les ficelles de la communication pour vendre ses produits.
Il n’y a aucune honte à se faire financer par eux.
Sans façon pour moi, mais je ne jette pas trop la pierre à ceux qui le font.
Ce n’est pas la stigmatisation qui m’a fait écrire cette note, mais plutôt la triste constatation que rien, strictement rien n’a changé depuis l’affaire Médiator®. L’ensemble de la FMC, de nos instances représentatives, de nos sociétés « savantes » reçoit des subsides de l’industrie pharmaceutique, dont Servier n’est finalement qu’une caricature (ou une évolution supérieure).
Enfin, le message me paraît clair pour l’industrie pharmaceutique. Pour peu qu’un scandale donne lieu à pas trop de réparations, et que le laboratoire se soit fait des amis dans tous les secteurs d’une spécialité, le déficit d’image lié au scandale tend vers le zéro au-delà de 12 mois. Je parle de déficit d’image pour les confrères, pas pour les patients pour lesquels Servier continue à sentir le soufre.
Rien n’a changé depuis l’affaire Médiator®, business as usual…