L’angine de poitrine était encore au XIXième une vaste terra incognita. Si la clinique était brillamment exposée, ses étiologies étaient âprement débattues. Je présume qu’à l’époque, l’insuffisance aortique (rhumatismale ou syphilitique) venait largement troubler notre dilemme actuel devant une précordialgie d’allure angineuse: origine coronaire, ou pas?
Téléchargez le convecteur temporel (en fait, c’est trop tard, mais nous ne sommes pas à un paradoxe temporel près…), et cap vers le XIXième, le siècle triomphant de la médecine française…
Heureusement, Gallica, le portail de la BNF remplace avantageusement cette défunte App…
Honneur au géant de l’époque, Armand Trousseau et sa célébrissime Clinique médicale de l’Hôtel Dieu de Paris.
Dans cette édition de 1861-1862, Armand le grand fait une description saisissante, j’oserais dire poignante de l’angor pectoris. Par contre, il ne croit pas à une cause anatomique, notamment coronaire. Pour lui, c’est le plus souvent une névralgie, parfois mortelle, mais une névralgie quand même.
Les savants, scindés en deux clans, les partisans de la névralgie et ceux qui croient à une cause anatomique, s’affrontent à coup de traités parfois uniquement dédiés à l’angine de poitrine.
A chaque fois, les descriptions des cas cliniques valent leur pesant de pop-corn.
Actuellement, on s’écharpe sur les p et les seuils de non-infériorité. A l’époque, c’était celui qui avait le plus beau cas clinique (au mieux accompagné d’une autopsie, normale ou non) qui gagnait.
Voici quelques autres ouvrages so XIXième qui s’intéressent à l’angor pectoris:
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Traité clinique des maladies du cœur et des vaisseaux, par Henri Huchard (1893)
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Considérations générales sur les cardiopathies artérielles, par le même Henri Huchard (1889)
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Mémoire sur l’angine de poitrine par Louis Jurine (1815)
Dans ce dernier ouvrage, j’aime bien cette description de l’angine de poitrine grave:
Lorsque cette affection a duré quelques mois, les attaques ne cessent plus aussi vite par le repos et l’immobilité; elles reparoissent non-seulement quand les malades se promènent, mais encore quand ils sont couchés, ce qui les oblige pendant plusieurs mois de suite à sortir chaque nuit de leur lit. Dans ces cas invétérés, le paroxysme revient par le mouvement du cheval ou du carrosse, même en avalant, en toussant, en parlant, en allant à la selle, ou par quelque inquiétude d’esprit.
Maintenant, on dirait qu’il/elle a eu une angine de poitrine en regardant un match de l’OM (j’ai vécu la situation)/si le Mac plante, ou devant les Feux de l’Amour…