Apprendre l’auscultation n’est pas chose simple.
En 1837, il fallait un stéthoscope et des cadavres:
DE L’AUSCULTATION ARTIFICIELLE,OU ESSAI D’UNE MÉTHODE NOUVELLE POUR APPRENDRE L’AUSCULTATION.
Un ancien élève de l’École de Médecine de Lyon, M. le docteur Petrequin a présenté à l’Institut, le 23 janvier, un mémoire sur l’auscultation artificielle, dont nous allons donner une courte analyse.
Frappé des difficultés qu’il y a à apprendre seul l’auscultation, et des erreurs auxquelles on s’expose quand on s’adonne sans maître a cette étude, M. Petrequin a cherché un moyen facile pour montrer de suite les rapports qui existent entre les lésions organiques et les bruits stéthoscopiques: son travail se divise en quatre parties :
1° Il explore des poumons détachés, tantôt sains, tantôt malades, qu’il insuffle en imitant les mouvements respiratoires; il parvient ainsi à entendre les bruits normaux et morbides ; avec injections dans les bronches, il simule les râles tubaires. Dès lors est établie la possibilité de l’auscultation artificielle.
2° Il pratique alors l’auscultation artificielle sur le cadavre, et réussit à percevoir les divers bruits bronchiques et pulmonaires, bruit amphorique , etc. Il a pu diagnostiquer ainsi la pneumonie, l’hydrothorax, les cavernes, la perforation du poumon, etc., sur des cadavres dont il ignorait l’histoire pathologique.
3° Un problème difficile restait à résoudre, c’était l’auscultation artificielle de la voix et de la toux. Après plusieurs essais l’auteur imagine d’appliquer le pavillon du stéthoscope sur le larynx d’une personne parlant à haute voix, et l’autre bout sur l’origine des bronches du sujet pendant qu’on simule les mouvements respiratoires, et il obtient, par ce mécanisme , la production artificielle de la voix et de la toux dans la poitrine du cadavre.
4° M. Petrequin montre les différentes applications qu’on peut faire de la méthode de l’auscultation artificielle ; il l’a appliquée à l’étude de divers points de la pathologie du thorax et de certains phénomènes mécaniques de la respiration. Il fait voir qu’on peut produire à volonté un certain nombre de lésions (l’hydrothorax, le pneumato-thorax, etc.), et obtenir artificiellement le tintement métallique, le bruit d’amphore et la plupart des lignes stéthoscopiques. M Petrequin a entrepris ces recherches à Lyon dès 1832 ; il pense qu’en combinant cette méthode avec l’auscultation quotidienne des malades , on pourra avancer dans cette étude plus facilement, plus sûrement, plus vite et sans erreur, puisqu’on sera toujours à portée de corriger à l’instant, par l’autopsie, les infidélités de diagnostic.
Ces diverses séries d’expériences constituent ainsi une méthode nouvelle pour apprendre l’auscultation.
Tels sont les résultats principaux signalés par M. Petrequin à l’Académie des Sciences; nous ne pouvons que renvoyer au mémoire pour les détails techniques et opératoires dans lesquels l’auteur entré au sujet de ses diverses expériences. MM. Serres et Savart ont été nommés commissaires.
(Le Censeur du 4 février 1837)
Aujourd’hui, c’est un peu plus simple.
Il faut un iPhone ou un iPad et télécharger:
- Une App
- Un Podcast
- Un cours
Ou chercher un peu sur le Web, par exemple sur le site de l’Université de McGill.
Mais le mieux, il y a 200 ans, comme aujourd’hui, reste de suivre la visite…
Plus que de suivre la visite, c’est d’aller examiner les patients et de tirer l’interne par la manche l’interne ou le senior qui traine pour savoir si ce qu’on a entendu est bien ce qu’on croit être.
Tout ça pour ne pas aller en stage et glander au labo d’anat, bravo !