Zoé lit

J’ai encore un mail sympa concernant un dossier de presse à vous faire partager.

Il s’agit cette fois d’une pilule contraceptive.

Je ne comprends strictement rien au sujet, ne commencez donc pas à vous écharper sur le rapport bénéfices/risques de cette pilule dans les commentaires. Ce n’est pas le produit en lui même qui m’intéresse.

L’agence de relations publiques qui l’a envoyé a très bien fait les choses. Elle propose un sujet clé en main avec un bon dossier de presse (où l’on peut faire ctrl C/ ctrl V à cœur joie), un joli livre en format PDF (pour attendrir et sensibiliser le journaliste lecteur) et une liste d’experts qui se feront une joie de dire du bien du produit.

Même pas besoin d’aller s’embêter à rechercher puis joindre un expert sur le sujet, on vous l’apporte sur un plateau d’argent.

Et un article (élogieux), quasi clé en main!

Le bonheur, pour un journaliste-santé tâcheron (pas de généralisation, il y a des journalistes-santé qui sont très professionnels), c’est simple comme un message électronique d’une agence de relations publiques!

Par charité, j’ai anonymisé le nom des experts médicaux et je ne citerai pas l’agence de relations publiques.

Si vous croisez dans quelques temps un article dans la presse grand public,  ou sur internet sur ce sujet, j’espère que vous penserez à moi ;-).

(à part le prénom, aucun rapport avec le sujet de la note, j’ai pris cette photo ce jour sur une aire d’autoroute.)

Pour mémoire, j’avais déjà évoqué les relations incestueuses entre industrie pharmaceutique (via les agences de relations publiques) avec certains journalistes spécialisés dans le domaine de la santé ici (Amgen/GSK), ici (Pfizer) et ici (point de vue un peu plus général).

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De : ***

Envoyé : ***

Objet : Journée de la femme 8 mars – Proposition de sujet et interview d’experts sur la pilule contraceptive

Importance : Haute

Bonjour,

A l’occasion de la journée de la femme du 8 mars, nous vous proposons de découvrir les témoignages de plusieurs générations de femmes – grand-mères, mères et filles – issues de cinq familles européennes, qui se sont confiées sur leurs vécus, leurs attentes, leurs confidences autour de la pilule.

Dans ces récits, on y découvre des moments de tendresse, de complicité et de partage entre ces trois générations qui témoignent sur leur rapport à la contraception, qu’elles ont vécu à des époques bien différentes.

Il est également question de l’évolution de leurs attentes au fil des générations, de la pilule symbole de libération sexuelle à la volonté de disposer aujourd’hui d’une contraception efficace, naturelle et simple d’utilisation.

  • Brigitte, Ile-de-France, 53 ans : « Avant, les femmes n’avaient pas la pleine maîtrise de leur sexualité. Avec la pilule, les femmes ont désormais le choix : elles peuvent décider quel est le meilleur moment d’avoir des enfants et, surtout, éviter le traumatisme d’un avortement. »

  • Marion, Ile-de-France, 21 ans : « Ma génération a totalement intégré la pilule comme un moyen efficace, simple et assez peu contraignant afin de choisir d’avoir des enfants et de se laisser le temps de mener à bien d’autres projets avant. »

C’est dans ce contexte que vient d’être lancée Zoely®, première et seule pilule monophasique à l’estrogène naturel.


« […] Depuis décembre 2011, nous vivons sans doute une nouvelle révolution de la contraception : une pilule à l’estradiol, neutre et simple  d’utilisation (schéma monophasique) est désormais commercialisée en Europe. », Dr ***, Gynécologue, Paris.

Seriez-vous intéressé(e) par une interview d’un expert – Dr ***, Dr ***, Dr ***, Dr ***, Dr *** – ou par une interview d’une femme ?

Vous trouverez en pièces jointes :

  • Le dossier de presse présentant Zoely®

  • Le livre « la contraception au fil des générations », photographies par G.Uféras

Nous nous tenons à votre disposition pour toute précision.

Cordialement,

***

***

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(Merci à celui qui se reconnaîtra)

8 Replies to “Zoé lit”

  1. Dans un premier temps, merci pour ce billet, aussi amusant que consternant (mais peu surprenant).

    Mais, tout de même, je t’en veux un peu.

    Le document que tu nous présentes ici est vraiment intéressant car il expose ensemble, de manière limpide, trois des quatre pôles de la « corruption du médicament » : l’industrie, une certaine presse médicale et les « experts » (le 4ème pôle étant à chercher du côté des politiques et des agences).

    Tu t’es focalisé sur le lien industrie-presse mais je dois t’avouer que je suis un peu frustré que le lien avec les experts ne soit pas davantage mis en avant.
    C’est un exemple superbe où les « experts » sont ravalés au rang de produit marketing, vendus en effet « clé en main » par l’industrie.
    Pour que l’industriel propose ainsi des noms aux journalistes, c’est qu’il doit bien s’être assuré que leur message sera suffisamment complaisant pour son produit.

    Et pourquoi avoir masqué leurs noms ? Etait-ce intentionnel ? Je trouve dommage de s’arrêter ainsi au milieu du gué et de poursuivre dans cette logique d’omerta. Ceci me rappelle un peu l’épisode de la thèse de L-A Delarue pour laquelle, on a bien accepté (avait-on le choix ?) qu’elle soit publiée mais en demandant de caviarder les noms des « experts » qu’il dénonçait.

    La seule chose que craignent les systèmes corrompus, c’est leur mise en lumière. Va jusqu’au bout ! (ou alors file moi les noms, je les balancerai sur mon blog :p )

    1. Quand j’ai imaginé cette note, mon seul angle d’attaque était les relations incestueuses industrie-agences de RP/journalistes.
      Je ne me suis pas intéressé à nos confrères « experts », qui jouent le rôle de VRP pour la firme.
      Donner leur nom n’apportait strictement rien au message délivré par cette note, tel que je l’ai voulu.
      Leurs noms, tu les trouveras dans les articles qui parleront de cette pilule dans les prochaines semaines.
      Et là, ça aura bien plus d’impact que si je te les avais livrés dans cette note
      😉

      1. Vas-y JM! Tu vas les bouffer!
        Ca c’est de l’annonce, va falloir assurer 😉
        Perso je mise tout sur le type qui coupe les comprimés en quatre. Si j’étais les autres, je me méfierais de ce genre de sadique!

  2. L’argument publicitaire de cette pilule « il existe une pilule monophasique à l’estradiol naturel… choisirez-vous de l’en priver? » m’avait déjà passablement disposée contre le produit… Tout cela ne fait que confirmer.

    Pour la petite histoire, travaillant en maternité, les labos m’ont étiquetée « gynéco », et je reçois tout un tas de publications « sponsorisées » sans avoir rien demandé. Je suis effarée par le nombre « d’experts » vantant les mérites de cette nouvelle contraception orale… J’ose espérer que même avant d’être lectrice de Prescrire, tout ce battage m’aurait mis la puce à l’oreille…
    Mais qui sait?

  3. Les pillules de troisième génération sont « under attack » aux USA et au Danemark car elles causeraient plus d’accidents thrombotiques que les pillules de première génération, et là les cardiologues sont concernés:
    http://philippehavinh.wordpress.com/2011/11/29/combined-hormonal-contraceptives/

    Par contre les pillules de troisième génération ont moins d’effets indésirables. Donc il faut qu’elles se défendent. Sinon après l’attaque contre les Traitements Substitutifs de la Ménopause (qui causeraient trop de cancers du sein) et la remise en cause des IVG il ne restera plus grand chose aux femmes des générations prochaines des acquis de leurs grands mères du Papy boom!

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