Femme, 78 ans, hypertendue, aphasique et hémiplégique. Elle rentre dans un service d’accueil des urgences, qui programme un angioscanner des troncs supra-aortiques+scanner cérébral. Les deux sont normaux. La patiente est transférée dans un service de post-urgences.
Les symptômes disparaissent, on contrôle son scanner cérébral et on retrouve une petite lésion ischémique.
Puis elle sort au bout de quelques jours sous Kardégic 75.
Ah oui, on lui a donné une ordonnance pour faire un holter ECG en externe.
Je la vois un mois après.
Cette très agréable petite dame se porte comme un charme. Elle a quand même peur que ça recommence. Elle est très entourée par sa fille qui est une soignante.
Je suis stupéfait de la pauvreté du bilan réalisé: quid de l’échographie cardiaque? Quid du holter ECG réalisé en externe?
Ah oui, ce holter montre les lambeaux de fibrillation auriculaire.
Je jette un coup d’oeil à son échographie cardiaque et je retrouve une oreillette gauche dilatée, un bon ventricule gauche, pas de valvulopathie.
Cette patiente a donc une fibrillation auriculaire paroxystique et un score CHA2DS2-VASc à 6, soit un risque d’AVC annuel à 9.8%.
Bref, l’aspirine est tout, sauf une option optimale.
Cette histoire ne s’est pas déroulée dans un pays en voie de sous-développement ni dans une clinique de quatrième catégorie, mais chez nous, au CHU.
Pour comparer, voici la question d’internat 133 sur la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux.
Le fossé se creuse de façon dramatique entre ce qui est, jusqu’à preuve du contraire, une prise en charge médicale satisfaisante et la réalité de tous les jours.
Pourtant, les professionnels de santé sont les mêmes « qu’avant ».
Alors, pourqoi ça ne marche plus?