Cette belle image qui frôle presque l’abstrait était la vena contracta de l’insuffisance aortique (IA) d’un de mes patients d’une cinquantaine d’années.
Ce sympathique monsieur était parfaitement asymptomatique jusqu’à il y a quelques mois, hormis une toux sèche rebelle depuis des années à toutes les investigations pneumologiques et gastro-entérologiques.
L’été dernier, il monte au dessus de 1500 m et se trouve vraiment très essoufflé.
Son médecin généraliste l’adresse à un cardiologue qui lui fait une échographie et juge l’insuffisance aortique « 1 à 2 sur 4 ». Donc RAS sur le plan cardiaque.
Le généraliste ne se satisfait pas de la réponse, et me l’envoie pour un deuxième avis.
A l’examen, petit souffle d’insuffisance aortique, tension artérielle normale, en l’occurrence avec une diastolique non effondrée. Donc cliniquement, rien de renversant.
Je commence l’échographie et tombe donc sur cette merveille.
Bon, je ne suis pas très à l’aise dans la quantification des IA, art difficile et subtil. Par contre, je voyais bien qu’elle n’était pas minime. En plus, le ventricule gauche était franchement dilaté (61 mm en diastole):
Pour ceux qui ne sont pas habitués, les petites bosses synchrones qui pointent vers le haut et vers le bas correspondent aux contractions cardiaques.
J’ai donc adressé le monsieur au CHU à un copain qui a confirmé la sévérité de l’IA.
Je l’ai donc envoyé se faire opérer étant donné qu’il était symptomatique depuis peu, et qu’il voulait que l’affaire soit menée rondement.
Je l’ai donc envoyé se faire opérer dans le privé, étant donné le bordel qui règne actuellement en chirurgie cardiaque au CHU (de nombreux patients ont leur date opératoire reportée plusieurs fois).
Tout s’est bien déroulé, il a maintenant une superbe bioprothèse aortique.
J’ai contrôlé son échographie avant hier, et j’ai eu la bonne surprise de constater une régression nette de la dilatation du ventricule gauche qui a de nouveau une taille normale (47 mm en diastole):
Comme souvent en post-opératoire, on note un discret septum paradoxal (les petites bosses ne sont plus tout à fait synchrones).
Et, cerise sur le gateau, il ne tousse plus! A posteriori, donc….
En relisant mon échographie initiale, je m’en suis un peu voulu, car je n’aurais pas dû hésiter devant une telle IA. La vena contracta à 11.3 mm et la dilatation du VG signaient de toute évidence une IA importante, de traitement chirurgical.
D’un autre côté, il ne faut jamais hésiter à adresser le patient à quelqu’un de plus pointu que soi sur des pathologies précises.
La cardiologie est devenue tellement sophistiquée qu’il est devenu impossible pour un seul d’entre nous d’appréhender la totalité de la spécialité.
Vous trouverez tout ce qu’il faut savoir sur les valvulopathies dans les dernières recommandations américaines (2008) et européennes (2007).
j’aurais décalé plus vers le haut la couleur,c’était pas cataastrophique quand meme,un problème existentiel:peut on considèrer comme valable la dyspnée en altitude?
J’ai rien compris du tout, pourtant j’aimerais bien
Vive le généraliste qui n’était pas satisfait 😉
C’est un HS. D’ailleurs, je n’ai pas trop temps de lire le sujet.
Voici ce qui est arrivé au grand-père de l’une de nos collègues.
J’espère que vous avez passé un bon week-end. Je l’ai passé à l’hôpital car mon grand-père n’a pas pu sortir. En effet, je vous avais dit que son malaise cardiaque avait été provoqué par un médicament trop fort et prescrit par le rhumatologue pour son ménisque. Et bien, au fil des examens, ils se sont aperçus que mon grand-père a une infection pulmonaire. Ce qui est surprenant est son généraliste n’ a rien vu alors qu’il est allé le voir 3 fois en 10 jours pour une toux qui ne passait pas…. tu m’étonnes ! Le médecin lui a changé trois fois son traitement sans chercher à aller plus loin….
merci d’être aussi génereux!