J’ai retrouvé dans ma bibliothèque iTunes tout un tas de vieilleries que j’ai usées jusqu’à la portée à force de les écouter. Ré-écouter les succès d’Alanis Morissette m’a replongé avant mon assistanat.
C’était le temps un peu effrayant des possibles.
J’ai toujours eu la chance de rencontrer des gens, qui à des moments précis et cruciaux, m’ont permis de faire de pas trop mauvais choix professionnels. Et ce n’était pas gagné, car à cette époque, et jusqu’il y a très peu, j’avais un fort tropisme pour l’attentisme. J’étais le contraire du pilote résolu luttant contre les éléments. Je me laissais plutôt dériver paisiblement. Cela aurait pu être une horreur de voyage immobile, mais les vents ne m’ont pas été trop défavorables et des phares bienveillants m’ont toujours guidé.
En prenant un peu d’âge, je suis devenu plus calculateur, et je construis mes actions comme un mouvement aux échecs ou sur un champ de bataille. Les potentialités s’épuisent bien naturellement, les enjeux sont plus importants et se laisser dériver devient insupportablement trop hasardeux. Et encore, même là, je n’entrevois que rarement l’ampleur d’un mouvement avant qu’il ne soit bien amorcé, et pour tout dire, il faut souvent que ce soit un tiers qui me le révèle. Je compense un lourde myopie qui n’est pas que visuelle par un bon instinct et beaucoup de chance. J’aurais fait un bien piètre militaire…
Je me revois sur mon matelas dans ma chambre de bonne à Clichy (je fais un peu pathos pour faire pleurer dans les chaumières, mais pas trop car j’ai toujours bien vécu) et maintenant et je me demande si il y a des leçons de tout cela à tirer pour dire que c’est quand même un peu plus que de la chance.
Je crois qu’il est temps pour moi d’enfiler les clichés comme des perles:
-
Toujours considérer l’humain comme primordial
-
Deux lectures très utiles, apparemment très paradoxales pour un humaniste qui se laisse dériver, mais j’aime bien les paradoxes: Le Prince de Machiavel et l’Art de la guerre de Sun Tzu. Ce dernier ouvrage est la tarte à la crème des écoles de commerce, ça le déprécie un peu, mais les premiers chapitres sont saisissants de bon sens.
-
Don’t be evil! Never.
-
Ne pas considérer un échec comme autre chose qu’un contre-temps ou un tremplin pour autre chose, de meilleur.
-
Ne jamais se prendre au sérieux, ni se croire supérieur aux autres.
-
Ne pas hésiter à se laisser guider par son instinct, et ne rien faire contre, ou à contre-cœur.
-
Idéalement, il ne faut jamais rien demander à personne, mais le susciter. (c’est pas facile).
-
Encore plus difficile: avoir un plan B, une alternative. Par exemple avoir plusieurs activités professionnelles.
-
Mon blog a totalement changé ma vie en m’ouvrant sur les autres et en me faisant rencontrer des gens fabuleux. Quand j’ai commencé à l’écrire en 2005, je n’aurais jamais pensé à tout ce qu’il allait m’apporter sur un plan personnel ou professionnel. N’hésitez pas à prendre le clavier!
-
Je crois à la supériorité de la vision stéréoscopique pour analyser méthodiquement l’environnement. J’essaye toujours de me mettre à la place des autres pour voir quelles sont leurs options, craintes, buts, espoirs, et les comparer aux miens… Le mieux est bien évidemment d’avoir une personne de confiance, un alter ego qui se situe à l’opposé du terrain et dont la vision apporte le relief. Là, j’ai une chance inouïe.
-
En cas d’adversité, c’est heureusement rare, laisser l’autre se prendre tout seul les pieds dans le tapis, ou l’aider un tout petit peu en orientant son énergie vers la poussière du sol. Une fois qu’il s’est bien ramassé (et pas avant!) lui tendre la main, une seule fois (gentil, mais pas benêt).
-
Ne pas hésiter, ni avoir honte d’avoir l’air un peu benêt, justement. Les mouvements s’effectuent alors plus rapidement, souvent à contre-temps. Après, on peut prendre un sourire carnassier à la Jack Nicholson (mais pas trop longtemps, il ne faut pas en abuser non plus).
-
Malheureusement, pour ne pas trop se manquer, il faut travailler comme un damné. Je suis un flemmard viscéral qui bosse tout le temps sans compter mes heures.
- …
A contrepied des lectures guerrières je propose l’Art du Bonheur du Dalaï-Lama. Une révélation pour moi.
Peut-être que je ferais une petite boutade stratégique en envoyant ce livre sur la pile de ceux qui t’attendent déjà 😉
Ce ne sont pas des clichés, mais bien de précieuses perles :
Merci pour cette offrande de l’expérience. Beaucoup « d’anciens » n’auront jamais la générosité de dévoiler le secret des étapes que l’on rencontre sur le chemin.
Et, beaucoup de jeune manque à leurs devoirs d’impertinence, donc… 🙂
D’un coté :
« Malheureusement, pour ne pas trop se manquer, il faut travailler comme un damné. Je suis un flemmard viscéral qui bosse tout le temps sans compter mes heures. »
Damné ! La condamnation judéo-chrétienne au labeur pour pouvoir manger le fruit de l’arbre de la connaissance …
De l’autre :
« Sun Tzu » le taoïsme de l’adversité !
Ce qui m’évoque un autre Taoiste : « Tchouang Tzeu » :
« Hui Tseu dit à Tchouang Tseu :
– Je connais un arbre gigantesque nommé Chou dont le tronc est très noueux, et les branches sont si tordues que les fils à plomb sont inutiles. Cet arbre est au bord d’une route, mais aucun charpentier ne l’honore ne serait-ce que d’un regard. Vos paroles sont semblables à cet arbre : solennelles et peu pratiques.
Qui peut vous croire?
« L’arbre inutile vivra longtemps. »
Et aussi :
« Les hommes connaissent tous l’utilité d’être utile, mais aucun ne connaît l’utilité d’être inutile. »
😉
C’est joli, la vision stéréoscopique… moi je parlerais bien d’empathie… une qualité qui mériterait d’être mieux partagée ;D